A la veille de ‘Arafa nous devons revenir aux fondamentaux de l’Islam car ce jour résume le Hadj et le Hadj nous rappelle notre fin prochaine par le contenu de la Sourate et par le sermon d’adieu du Prophète (saws) qui a signifié son départ et le parachèvement de l’Islam qui n’attend que des vocations pour le porter et le servir. Dans ce cadre je reviens sur un thème ancien que j’ai déjà traité en 2006 et sur lequel je reviens en l’actualisant car la situation a régressé et il est du devoir de chacun de rappeler :
{Certes, Allah A Racheté des croyants leur vie et leurs biens, par le Paradis qui sera à eux.} AT Tawbah – v111
Faisant le commentaire de ce verset, dans une thèse de doctorat, sous la direction d’un islamologue non musulman, un doctorant arabe et musulman s’interroge sur la signification de l’échange inégal qui puisse exister entre l’homme et Dieu. « L’humain donne sa vie et tout ce qu’il possède pour un paradis incertain ? » Le même universitaire continue en faisant l’inventaire des fardeaux infligés par Dieu au Musulman :
{Ils combattent pour la Cause d’Allah, ils tuent et ils sont tués. Promesse qu’Il A Faite, en vérité, dans la Torah, l’Évangile et le Coran. Qui donc tient promesse mieux qu’Allah ? Voyez alors un augure favorable dans votre échange, par lequel vous avez fait acte d’allégeance. Cela est sûrement l’immense triomphe. Ceux qui se repentent, adorent, louangent, méditent, s’inclinent, se prosternent, commandent le convenable, interdisent le répréhensible et observent les Ordres d’Allah : annonce la bonne nouvelle aux croyants.} AT Tawbah – v112
Et plus loin il s’interroge dans un paradoxe qui montre que lui et son encadreur ont perdu leur latin : « Sacrifices de quelques jours éphémères en échange du Paradis eternel ?»
Cet universitaire est à la fois un pur produit de ce qu’on appelle l’Islam français et son futur véhicule. D’une masse coupée de ses sources authentiques on extrait des élites pour la fragmentation de l’Islam sachant que le monde musulman fasciné par l’Occident, ses produits et ses élites, sera peut-être attiré par des théologiens de nuisance théologique, idéologique qui iront plus loin que les partisans du dialogue des religions qui affirment que l’Islam est le troisième rameau du monothéisme. Des savants Musulmans de renommée mondiale mais pourtant interdits de séjour en France, deviennent les chantres de l’intervention étrangère contre un pays musulman sous un prétexte que la Charia réprouve. Nous devons donc veiller à la formation des jeunes théologiens et aux capacités cognitives et morales des jeunes imams puisque les anciens ont une nouvelle fois failli et montré leurs limites.
Ces nouveaux théologiens prêcheront l’unité cherchée par Vatican 2 : L’Islam est une religion asiatique qui doit s’effacer devant le Christ Rédempteur dans toutes ses significations religieuses, idéologiques, géostratégique, ethnologique, politique, militaire et économique. Pour le moment on veille à l’émergence d’un Islam spiritualiste, intellectualiste, consumériste, aristocratique, clérical, sans praxis social et politique ni effort ni sacrifice ni obligations à respecter. Ce spécimen n’est pas un atome libre mais le produit d’une lutte idéologique qui consiste à vider l’Islam de sa substance et à remplir les Musulmans de confusions, de spéculations, de scepticisme.
C’est une thèse qui se rapporte au pèlerinage sécularisé, laïcisé, consumériste et qui part du vécu de la communauté à travers l’étude sociologique, économique et mercatique des pèlerins et des agences de voyage qui encadrent le pèlerinage en France renvoyant une fois de plus l’origine de nos malheurs, de nos souffrances et de notre Wahn non pas à la supériorité des autres mais à notre propre inconséquence, à notre propre insenséisme, à la loi de Dieu telle qu’Il l’annonce dans la Sourate du pèlerinage:
{C’est ainsi, en raison de ce que tes mains ont commis et, certes, Allah n’Est jamais Injuste envers Ses Créatures.} Al Hadj 10
La plus grande injustice qui amène à l’égarement est non seulement d’apprendre sa religion des non musulmans et de s’appuyer sur un Coran mal traduit par les orientalistes et leurs disciples pour en faire un instrument de lutte idéologique qui fausse la compréhension du Coran et sème le doute dans l’esprit du Musulman non arabophone en quête de sa religion pour servir son maitre de conférence ou son directeur de thèse et non se mettre au service de la Religion d’Allah et de Sa communauté monothéiste. En effet il continue à s’interroger sur le sens du pèlerinage qui devient un chemin de croix dans la jungle des voyagistes et des guides sans scrupules comme il s’interroge sur ce Dieu qui ne donne aucune garantie au pèlerin malgré tous les sacrifices consentis :
« O vous qui avez cru, inclinez-vous, prosternez-vous, adorez votre Seigneur et faites le bien, peut-être récolterez-vous le succès » Coran s22, v77
Quand on revient au Coran dans sa version originale :
يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا ارْكَعُوا وَاسْجُدُوا وَاعْبُدُوا رَبَّكُمْ وَافْعَلُوا الْخَيْرَ لَعَلَّكُمْ تُفْلِحُونَ
On voit de suite les biais cognitifs et spirituels d’une traduction fallacieuse :
Les Croyants sont affublés de ce titre « O vous qui avez cru » signifiant insidieusement et perfidement la fin de l’Islam : Le statut de foi est un passé achevé, accompli, fini, révolu, terminé. La communauté de foi monothéiste est au musée de l’histoire sans présent ni devenir !
Tous les efforts et les croyances du Musulman sont vains et douteux car le Livre des Musulmans est un Livre qui n’annonce pas l’amour et l’espérance chrétienne mais « peut-être récolterez-vous ».
Les Musulmans à travers leurs pérégrinations et leur culte ostentatoire ne sont que des hommes mus par la quête mondaine « récolterez-vous le succès » et dans d’autres traductions on trouve « Peut-être réussirez-vous! ». La vision matérialiste du monde ne peut voir l’action humaine, ses motivations et ses ambitions que dans un cadre mondain : Le succès dans une compétition mondaine ou la réussite sociale. Le pèlerinage sous ses apparences de dévotion n’est qu’un culte païen pour gens crédules ou pour bigots qui cherchent à réaliser les visées profanes de l’économie de dévotion ou du tourisme religieux. Alors que la traduction non littérale mais celle du sens des versets coraniques changent complètement l’optique de compréhension de l’Islam et de son pilier le Hadj qui n’est pas un dernier pilier accessoire mais un pilier fondamental qui est un apprentissage de l’universalité de l’Islam, de l’humilité et du Jihad dans son sens le plus large y compris son aspect physique, comportemental :
{O vous qui êtes devenus croyants, inclinez-vous, prosternez-vous, adorez votre Seigneur et faites le bien, afin que vous cultiviez.} Al Hadj – v77
Tout le travail de sape est de vider les mots arabes de leur sens coranique pour leur enlever le cachet divin de Révélation, de vérité. L’expérience de l’Occident dans sa lutte contre l’Église est mise à profit : Profanation, désacralisation des valeurs, laïcisation de ses préceptes, nationalisation de sa dimension pour lui enlever l’universel de son message. D’ailleurs je garde souvenir d’un débat que j’ai eu avec un jeune sous la tente à Mina qui tentait d’expliquer que le Hadj est une foire internationale, donnant un sens consumériste et marketing aux versets suivants car il s’est attaché à une lecture littéraliste, focalisé sur le terme « مَنَافِعَ bienfaits, utilités, avantages » comme si nous étions une civilisation fondée sur l’utilitarisme ou sur le culte du veau d’or et non sur le monothéisme pur et sincère. Les avantages dont il s’agit sont relatifs à la consolidation du monothéisme, à l’ancrage historique et civilisationnelle à Abraham (as) et Mohamed (saws), à la spiritualité, aux liens sociaux et fraternels entre Musulmans issus de l’humanité plurielle et se fédérant par l’Islam et pour Allah :
وَأَذِّنْ فِي النَّاسِ بِالْحَجِّ يَأْتُوكَ رِجَالًا وَعَلَىٰ كُلِّ ضَامِرٍ يَأْتِينَ مِنْ كُلِّ فَجٍّ عَمِيقٍ لِيَشْهَدُوا مَنَافِعَ لَهُمْ وَيَذْكُرُوا اسْمَ اللَّهِ فِي أَيَّامٍ مَعْلُومَاتٍ عَلَىٰ مَا رَزَقَهُمْ مِنْ بَهِيمَةِ الْأَنْعَامِ فَكُلُوا مِنْهَا وَأَطْعِمُوا الْبَائِسَ الْفَقِيرَ
{Et appelle les Hommes au pèlerinage, ils te viendront à pieds et sur toute monture, ils viendront de tout ravin éloigné. Afin qu’ils participent aux avantages qui leur reviennent, et qu’ils invoquent le nom d’Allah en des journées connues, pour ce qu’Il leur A Octroyé du bétail de bêtes. Alors mangez-en et nourrissez l’infortuné et le miséreux. Ensuite, qu’ils se délient de leurs interdits, qu’ils accomplissent leurs vœux, et qu’ils fassent la circumambulation autour de la Maison antique. » C’est ainsi, car quiconque magnifie les choses sacrées d’Allah, cela est un bien pour lui auprès de son Seigneur. Et le bétail vous est rendu licite, sauf ce qui vous est signalé. Évitez donc l’infamie des idoles, et évitez le faux parler, en purs monothéistes à l’égard d’Allah et non comme polythéistes.} Al Hadj – v28
Si nous avions une lecture correcte de l’Islam nous aurions vu, par exemple, que le titre de « Serviteur des Lieux Saints de l’Islam » est une usurpation hérétique, une imposture idéologique pour détacher la Palestine de la cause islamique. Au lieu de voir le pèlerinage comme marché où s’exhibent les marchandises des chinois, des indiens, des anglo-saxons et où la production arabe et musulmane brille par son absence nous aurons pu voir le pèlerinage comme un congrès universel qui redonne du ciment fraternel, de la cohésion, de la spiritualité et du Jihad pour défendre la Oumma de la prédation capitaliste et colonialiste. Vu comme Jihad, alors les trois millions de pèlerins auraient marché comme un seul homme, Salah Eddine, sur Jérusalem pour la libérer au nom d’Allah Akbar au lieu de voir aujourd’hui sur les chaines publiques et privées un homme se faire lyncher par des énergumènes dont la bouche est souillée par un esprit inculte et fanatique et qui profanent le Nom d’Allah. Si nous avions la culture monothéiste et le sens des responsabilités jamais nous n’aurions dérogé, en Libye ou ailleurs, aux règles instituées par le Prophète (saws) :
« Votre sang, vos biens et votre honneur sont sacrés comme l'est votre jour-ci, dans votre pays-ci, en votre mois-ci. Certes, toute chose qui existait du temps de l'ignorance, est rejetée sous mes pieds, ainsi que le sang qu'on a fait couler durant cette période »
« La vie d’un Musulman est plus sacrée que la Kaaba »
« Celui qui sort de l'obéissance, quitte le groupe des croyants et meurt, il meurt d'une mort préislamique. Et celui qui meurt sous une bannière égarée par l'orgueil, se fâchant pour un sectarisme ou appelant pour un sectarisme ou cherchant à faire triompher un sectarisme, sa mort est une mort préislamique. Et celui qui combat ma Oumma, frappant ses innocents et ses corrompus sans éviter ses croyants, et qui ne tient pas ses promesses, celui là, il n'est pas de moi et je ne suis pas de lui. »
« Le tué viendra [le jour de la résurrection] accroché au tueur, le sang coulant de ses jugulaires et disant : Ô Seigneur ! Demande à celui-ci pourquoi il m'a tué ! »
« La perte de l'ici-bas a moins de valeur pour Allah que le meurtre d'un musulman. »
« J'ai invoqué mon Seigneur en faveur de ma communauté, en Lui demandant de ne pas la faire périr pour cause de sécheresse ou de famine, qu'elle ne soit pas dominée par un ennemi qui leur soit étranger, et qui dévaste leurs territoires. Allah a dit: "O Mohammad! Quand Je lance un décret, il est irrévocable et J'exaucerai ton invocation en faveur de ta communauté, Je ne les ferai pas périr par la sécheresse ou la famine et ils ne seront pas dominé par un ennemi qui leur soit étranger, et qui dévaste leurs territoires, sauf s'il essaye de les encercler de tous côtés, jusqu'à ce que les membres de ta communauté s'entretuent et se capturent les uns les autres. »
Nous ne pouvons faire l'impasse d'une lecture idéologique et socio politique de la Sourate Al Hadj. Quand on voit les Frères Musulmans dans le monde organiser des chaînes caritatives et des oeuvres de bianfaisance on pourrait croire qu'il respectent scrupuleusement les principes de l'Islam et notamment ce verset :
{Alors mangez-en et nourrissez l’infortuné et le miséreux.} Al Hadj – v29
Mais lorsque nous entendons Cheikh Al Albani ou Malek Bennabi les traiter de pestiférés à l'exception de certaines figures emblématiques comme Hassan Al Banna, on est frappé par la rudesse du ton et ce qui semble l'iniquité des propos. Mais lorsqu'on observe leur comportement d'aristocrate ou de bourgeois qui se rassasient et qui entre dans des arrangements d'appareils tout en affichant avec grande publicité la charité, on est amené à se poser des questions. Est-ce la vocation de l'Islam de faire de la charité et de laisser en l'état les conditions socio-économiques qui créent la pauvreté? Est-ce la vocation de l'Islam de refaire ce que la charité chrétienne a fait en se mettant du côté des puissants? L'Islam ordonne de lutter pour changer l'ordre injuste et installer à sa place un ordre de justice, de solidarité sociale, de plein emploi, de redistribution équitable des richesses et des revenus. Maintenant que la lutte du Prophète contre les idolatres de la Mecque est achevée, le Jihad contre l'impérialsme, le capitalisme, les inégalités sociales, l'absence de droit sont des priorités. Est ce que composer avec le FMI, la Banque mondiale, le nouvel ordre mondial et l'hégémonie américaine est comptabilbe avec l'esprit et l'énoncé de la sourate al Hadj :
{Certes, Allah Prend la défense de ceux qui sont devenus croyants. Certes, Allah n’Aime pas celui qui persiste dans la traîtrise, qui persiste dans la mécréance.Il a été permis à ceux qui sont combattus, de se défendre, en raison de l’injustice qu’ils ont subie.} Al Hadj – v38
Si nous avions une lecture correcte du Pèlerinage en tant que pilier de l’Islam ou en tant que Sourate du Coran nous aurions vu l’harmonie et la concordance du rite avec les thèmes des versets dont une partie a été révélée à la Mecque pour enraciner la foi et une partie révélée à Madinah pour édifier le Moujahid libérateur et civilisateur. Nous aurions vu les versets révélés de jour comme de nuit, dans l’urbain comme dans le rural, dans le repos et le mouvement. Le pèlerinage comme rite ou comme sourate est l’Islam en mouvement : Une communauté de foi agissante et combattante qui a prise sur le monde avec vertu et conscience de l’Au-delà avec crainte et espérance. Ce qui est frappant c’est que la Sourate al Hadj comme Arafat, Mouzdalifa et Mina sont le rappel du Jugement dernier et la subordination de notre existence non à une lecture eschatologique de l’histoire mais à vivre pour rencontrer Allah ayant accompli Ses Commandements, désiré Sa Rencontre et craint Son Châtiment. En tous les cas si notre imagination était remplie des ces images coraniques ou mecquoises sur le Hadj et l’évocation de la Résurrection nous ferons des thèses, des agences de voyages, des guides, des intellectuels, des gouvernants sur la praxis islamique et non sur des approches modernistes, sur la théo politique, la théo économie, la théo mercatique, l’économie de dévotion, le tourisme islamique, la banque islamique, l’islam apolitique, le tourisme cultuel, le marketing théo-politique à la Mecque…
Cette réaction est la même devant ce qu’on appelle l’islamologie qui croit que la rupture épistémologique, la linguistique moderne générale de De Saussure jusqu’à la grammaire générative de Chomsky ou l’analyse narrative de Greimas et des néo constructivistes permet de mieux comprendre le Coran pour proposer une nouvelle islamique sans la foi et le cœur des musulmans captivé par l’Ijtihad qui veut non pas réformer l’homme et la cité corrompue mais réformer le Coran et la Sunna non plus Révélation mais production littéraire, création intellectuelle, œuvre humaine que le génie de la Sorbonne peut comprendre.
Il est vrai que notre comportement festif et irresponsable travestit le culte et le rend aux yeux de l’étranger à l’islam presque comme une forme de carnaval païen. Nous fabriquons notre propre échec en fabriquant par notre comportement ridicule l’argumentaire des détracteurs de l’islam. Ces derniers, sans probité, préfèrent confondre la faille des musulmans avec l’islam et refuse de voir l’islam dans sa globalité, lequel ne se reconnait pas dans notre misère morale, sociale, politique et économique. Nous devenons des faussaires, des fabricants de fausses monnaies, et nous l’injectons dans le circuit de la culture mondiale et elle nous revient en pire par effet pygmalion inversé. Le microbe c’est nous-mêmes qui le produisons, les détracteurs ne font que le mettre en incubation puis le propager et l’inoculer à plus grande échelle et à dose plus nocive. Le Coran énonce cette vérité sans détours :
{Ce qui vous arrive de néfaste provient de vous-mêmes (de vos propres agissements et comportements)}
Notre responsabilité est de continuer à témoigner et à chercher des arguments et des moyens de défense en attendant l’éveil islamique qui s’annonce, déferlant sur le monde comme une marée spirituelle salvatrice. Notre responsabilité nous devons la faire partager en priorité par les jeunes qui ont un potentiel de cognition car ils sont la relève capable de vivre son temps et de prendre en charge ses défis. Ces jeunes, en particulier ceux qui traitent de l’islam et des musulmans doivent se libérer du regard des orientalistes et des islamologues français pour former leur propre regard à la lumière du Coran et de la Sunna tels qu’ils s’offrent à eux sans la falsification du détour par autrui. Le Coran met en relief l’importance du rôle de la jeunesse dans le projet de libération contre la Tyrannie et contre l’idolâtrie : Abraham, Salomon, Joseph, Moise, Jésus, Mohamed, leurs disciples et compagnons sont dans leur majorité des jeunes remplis de foi et de vitalité. Leur science et leur force sont au service d’une cause juste.
Ceci dit nous allons revenir au thème central de notre analyse : L’influence de la pensée cléricale et laïque dans les thèses sur l’islam (français). Dans notre analyse nous n’allons pas jouer le jeu de la polémique et faire le parallèle entre le voyage à Lourdes et le pèlerinage à la Mecque et comparer les aspects festifs, conviviaux ou les objets de souvenirs. La raison simple et objective est que les deux processus sont incomparables. Celui qui a fait le pèlerinage à la Mecque constate qu’il n’ya aucune comparaison à faire entre le pèlerinage au Vatican ou à Lourdes. Chez les civilisés de l’Occident on ne trouve pas la même ferveur, le même émerveillement que manifestent les misérables musulmans, ces petites gens illettrés qui viennent par exemple des arrières pays de l’Afghanistan et qui n’ont connu ni la civilisation ni ses gadgets et qui n’éprouvent aucun besoin de porter leur regard autre que sur la Kaaba, la Mosquée sacrée ou la Mosquée du Prophète. Malgré leur rudesse et leurs coutumes, parfois, contraires à l’esprit de l’islam, leur foi est sincère, leur vénération pour les lieux saints est sans défaut, leur amour pour Mohamed(sws) est sans commune mesure et leur ferveur religieuse est exemplaire. Chez les civilisés de l’Occident, on trouve de grands mots théosophie, théophanie, rationalité, liberté vide de contenu, de vertu, de spiritualité.
Nous allons plutôt nous situer là où ça fait mal et là ou la dérive est généralisée dans ce que nous avons pu lire sur ce sujet.
La première dérive est l’influence de la culture française dont le juridisme excessif déforme la lecture et l’interprétation du texte coranique et de la pratique rituelle du musulman. Vidant le texte coranique de son essence, on lui fait faire une lecture en opérant un transfert sémantique du sens spirituel subtil du Coran vers l’aspect formel, transactionnel et contractuel du code de commerce de la République française. Nous restons étonnés par cette prolifération de lois pour régenter la vie et la conscience des citoyens comme fut le cas du foulard islamique. Notre étonnement n’est pas seulement dans la nature de certaines lois mais dans les sources d’inspiration idéique de cet esprit qui veut tout légiférer au mépris de l’amour supposé des chrétiens pour leurs semblables.
Nos étudiants d’extraction musulmane sous la direction d’islamologues et d’orientalistes laïcs et religieux s’interrogent donc sur l’échange inégal et inique entre le Dieu des musulmans et l’Homme au regard des efforts financiers et physiques de ce dernier dans l’accomplissement de son pèlerinage. Nous assistons à des débats byzantins du type «Comment croire en une égalité et en une équité dans une transaction entre un divin supposé supérieur et absolu et un homme supposé inférieur et relatif ?».
La seconde dérive dans la quête de l’égalité entre Dieu et l’homme est née du mythe de l’égalitarisme laïciste qui refuse la loi de la différence qui gouverne le monde et le principe général de la réalité tant de la foi que de la réalité du monde : L’Unicité du Créateur sans rival, sans intermédiaire, sans associé, sans oubli ni fatigue ni somnolence ni accident ni hasard. Tout est en harmonie selon le principe de l’unité gouvernant la diversité et de son corolaire la variété assemblée dans l’unité de sens, de finalité, de causalité.
L’esprit du musulman pris dans le piège de la rhétorique du verbe occidental devient sensible au principe de Saint Thomas « je ne crois qu’en ce que je vois » et sensible à l’utopie (le non lieu) de l’égalitarisme qui au nom du droit à l’égalité devient une négation du droit à la différence et se laisse entraîner dans le plus grand matraquage moral, social et idéologique de la société : L’indifférenciation. C’est l’indifférenciation qui crée l’inégalité par l’indifférence, le nivellement démocratique par l’appartenance de classe créant une société à deux collèges : D’un côté les égaux indifférenciés mis dans le même système impersonnel d’éducation, d’évaluation, de compétition, de travail, de promotion, de droit et de devoirs et d’un autre côté une élite de privilégiés en compétition de passe droits, de bonne grâce, de facilité, de différenciation de traitement et de considération selon la fortune, la renommée et le pouvoir.
Comment un esprit « rationnel » formaté dans l’idéologique égalitariste peut-il voir l’équité et l’égalité (ou l’inégalité) entre les sacrifices et les risques du Pèlerin d’un coté et les Bienfaits divins de l’autre :
{C’est ainsi, et quiconque honore les rites d’Allah, cela fait alors partie de la piété des cœurs. Vous y avez des avantages jusqu’à un terme fixé, ensuite son lieu de Pardon est la Maison antique. Et à chaque communauté Nous Prescrivîmes un lieu d’offrande, afin qu’ils mentionnent le nom d’Allah sur ce qu’Il leur A Octroyé de bétail de bêtes, car votre Dieu Est un Dieu Unique, remettez-vous donc à Lui. Et annonce la bonne nouvelle à ceux qui sont déférents, ceux qui, si le nom d’Allah Est mentionné, leurs cœurs frémissent, ceux qui persévèrent face à ce qui les atteint, ceux qui accomplissent la prière et qui dépensent de ce que Nous leur Octroyâmes.} Al Hadj – v32
{…mangez-en et nourrissez le pauvre et le mendiant. De même, Nous vous les Avons Assujettis, pour que vous soyez reconnaissants. Ne parviendra point à Allah ni leurs chairs, ni leurs sangs, mais Il lui parvient la piété de votre part. De même, Il vous les A Assujettis afin que vous glorifiiez Allah pour ce qu’Il vous A Guidés. Et annonce la bonne nouvelle à ceux qui font le meilleur.} Al Hadj – v36
{Certes, Allah Prend la défense de ceux qui sont devenus croyants. Certes, Allah n’Aime pas celui qui persiste dans la traîtrise, qui persiste dans la mécréance. Il a été permis à ceux qui sont combattus, de se défendre, en raison de l’injustice qu’ils ont subie. Certes, pour leur donner victoire, Allah Est sûrement Omnipuissant. Ceux qui furent expulsés de leurs demeures sans aucune juste cause, rien que pour avoir dit : « Notre Seigneur Est Allah ». Et si Allah ne Faisait réagir les Hommes les uns par les autres, que de cloîtres, d’églises, de synagogues et de mosquées, dans lesquels le nom d’Allah Est beaucoup Invoqué, ne seraient démolis ! Certes, Allah Donnera sûrement victoire à celui qui fait triompher Sa Cause. Certes, Allah Est sûrement Fort, Invincible.} Al Hadj – v38
{Ceux qui, si Nous leur Accordons pouvoir sur terre, accomplissent la prière, s’acquittent de la Zakat, commandent le bon usage et interdisent le répréhensible. Et c’est à Allah qu’appartient l’issue des choses.} Al Hadj – v41
Quand les musulmans non seulement tournent le dos au cadre de la Sourate Al Hadj mais font du zèle en transformant la vocation du pèlerinage « parcours du combattant » pour la défense de la foi, de l’islam, de la communauté musulmane en supplices, en arnaques, en mensonges, en négligence, en business…ils perdent les bienfaits et la récompense.
Tous à un titre ou à un autre nous sommes redevables du bon accomplissement du Hadj. Dans le passé les véritables serviteurs (servants) des lieux saints étaient les Moutawifs et les Zamzami qui se consacraient au service du pèlerin par amour de Dieu et par respect des traditions abrahamiques et mohammadiennes. Pourtant le Coran, du vivant du Prophète, ne leur a pas donné un statut égal à ceux qui se consacrent à la cause de la vérité et de la défense des opprimés:
{Comment pouvez-vous assimiler celui qui est chargé de distribuer l’eau aux pèlerins ou d’entretenir la Mosquée sacrée à celui qui croit en Dieu, au Jugement dernier et qui combat pour la Cause de Dieu? Non, ils ne sont pas égaux devant Dieu, et Dieu ne guide point les injustes.} At Tawbah – v19.
Aujourd’hui tout est devenu rentabilité, productivité, gain, bénéfices sous la domination de la culture capitalise qui favorise l’émergence de courtiers, de rentiers, de traders de voyagistes attirés par le gain facile et la naïveté des pèlerins souvent vieux et ignorants des rites. Sur ce terrain les associations musulmanes, les représentants de l’état, les imams méritent un procès verbal de carence et d’incompétence. Sur le plan de la pensée politique et économique nous sommes en réalité loin des problèmes essentiels que les véreux ne peuvent cacher en l’occurrence les ravages de l’économie mondiale dans les esprits du musulman qui est amené sur l’autel du monothéisme du marché à renier sa foi et ses valeurs par l’adoption d’un modèle consumériste et financier fondé sur le Riba et l’exploitation de l’homme. On ne peut poursuivre un but aussi noble soit-il que celui du Hadj si on se trompe de priorité et de cibles en tentant de redresser l’ombre au lieu de l’arbre tordu.
Les représentations officielles les plus connues en France, portent la responsabilité la plus importante. Nous en portons une partie moindre certes car nous n’avons ni mandat ni représentativité mais en vertu du fard kifaya la défaillance des uns engage la responsabilité des autres. Dans l’islam, la communauté en aucun moment de son existence et des ses circonstances ne peut être dégagée de ses responsabilités car sa vitalité, sa considération, sa promotion, son déploiement, sa survie même dépendent de sa vigilance et de sa compétence à assumer ses responsabilités. Par cette contribution nous participons au débat et nous invitons chaque musulman et chaque être libre et conscient d’y souscrire pour la dignité de l’homme, pour la promotion de la vérité, pour donner sens à la parole…
Notre défaillance, nos problèmes hérités de la décadence de la civilisation musulmane et de la colonisation ne peuvent nous faire oublier que la raison éclairée ne peut construire un argumentaire fallacieux sous prétexte qu’une agence de voyage ou un guide mal intentionné a arnaqué de vieux pèlerins. Il est honteux sur le plan intellectuel de confondre intentionnellement le contrat entre le pèlerin et le voyagiste ou le guide et le contrat avec Dieu. Il est honteux pour un intellectuel de profiter de ces défaillances pour étaler notre misère que nul n’ignore et oublier l’essentiel : La défaillance de l’état français qui laisse les musulmans français ou résidents sur son sol vivre comme des citoyens bannis des lieux de la loi et livré aux trafiquants de tout genre dans le marché du halal et dans l’accomplissement des rites du Hadj et de la Omra.
Il est encore plus inadmissible de voir un jeune soucieux de l’accomplissement du pèlerinage se voir attaquer en justice par un voyagiste véreux et se voir réclamer 100 000 euros de dommages et intérêts pour diffamation ou atteinte à l’image de marque.
Ce sont les conditions sociologiques et l’amalgame entretenu qui font que l’esprit rationnel du mécréant perfide et la foi raisonnée du croyant sincère se trouvenr face à la même énigme devant l’organisation et le déroulement du pèlerinage chaque année mais avec des mobiles opposés : «sacrifices de quelques jours éphémères en échange du Paradis eternel ?»
On veut nous faire croire que notre religion est aussi une utopie spirituelle dont la réalité n’est que magouilles et intérêts sordides. Dans la lutte idéologique contre l’islam rien n’est gratuit. Il s’agit sans doute de faire perdre aux piliers de l’islam leur crédibilité en s’appuyant un peu sur la dérive de certains de nos coreligionnaires et beaucoup plus sur la dérive sémantique et le matraquage idéologique des écrivaillons sur l’islam. Les démagogues de l’islam ont tout fait pour présenter Mohamed(sw) comme un miracle impossible à réaliser. Un passé fabuleux, certes, mais un passé dépassé qu’il faut surmonter en s’ancrant dans la modernité et l’Occident. Les musulmans francisés pris dans les limites de la connaissance de leur propre langue et de la langue française qui n’est pas leur langue maternelle tombent dans le piège de la raison et de la traduction qui devient arme idéologique de subversion contre la foi. Ils ne peuvent comprendre le pacte, la transaction, l’Alliance et surtout être sensible du privilège d’avoir été créé, honoré et ennobli par Allah le Créateur qui leur parle et leur accorde des Promesses alors que rien ne l’oblige puisqu’il est le Riche, le Nécessaire et nous sommes les indigents, les nécessiteux :
{Hâtez-vous de mériter l’absolution de votre Seigneur et un Paradis aussi vaste que les Cieux et la Terre, destiné à ceux qui prennent garde à Dieu} Al-i'Imran – v133.
{Voilà ceux qui, en récompense de leur endurance, occuperont les lieux les plus élevés du Paradis, et y seront accueillis par des vœux de salut et de paix.} Al-Furqan – .v75.
Ce devenir promu est occulté par l’amalgame des détracteurs de l’islam mais aussi par les partisans de la lettre qui ont tout fait pour donner au culte et au Fiqh (jurisprudence islamique) plus d’importance que la lutte du musulman pour le savoir, la liberté, la dignité humaine et la foi sincère. En mettant l’accent sur la morale et la loi ils ont oublié l’essentiel de l’islam : La conscience des responsabilités qui découlent de la foi et l’amour de Dieu, qui donnent à la morale une justification, une conduite, un pathos. Dans la décadence des uns et l’expansionnisme raciste des autres, le colonisable rencontre le colonisateur dans la même supercherie et les mêmes dérives qui dénaturent le sens et briment les vocations. Le terme Fiqh – qui signifie compréhension du verbe faqiha "comprendre" et tafaqaha "faire effort de comprendre" – est galvaudé dans les traductions qui en font jurisprudence islamique et dans la routine mimétique du musulman qui en fait une doctrine ou des écoles doctrinaire focalisés sur le rite. Et pourtant le Coran qui est le référent vise autre chose de plus complexe et de plus vital pour la communauté : Comprendre pour être guidé vers ce qui est sensé, pour témoigner de la vérité et s’acquitter de sa mission de libérateur, d’édificateur, de civilisateur monothéiste:
C’est l’invocation de Moise qui résume la trame de la vocation du Musulman répondant aux Injonctions divines :
{Rends-toi chez Pharaon, il a outrepassé les limites. Il dit : « Mon Seigneur, Épanouis mon cœur, facilite ma mission, et délie une défectuosité de ma langue, afin qu’ils comprennent ce que je dis, et Donne-moi un assistant de ma famille, Aaron mon frère, pour me donner courage, et Fais-le participer à ma Mission, afin que nous T’exaltions beaucoup, et que nous T’invoquions beaucoup, Tu As toujours Été Omnivoyant à notre égard. »}Taha – v24
C’est le sens du hadith :
« Le meilleur d’entre vous dans la Jahiliya (le paganisme ante islamique) est le meilleur d’entre vous dans l’Islam s’il fait l’effort de comprendre sa religion »
L’évidence simple et concise. C’est la même évidence pour la Chari’a qu’on a déformée en ahkam (lois islamiques, code pénal) alors que les lois ne représentent qu’une infime partie du Coran qui est lui-même dans son intégralité Shari’a dans sa signification arabe de « Minhaj » la Méthode, la Voie ou la Direction à suivre dans son intégralité :
{Ensuite, Nous t’Avons Mis sur une voie claire en ce qui concerne la constitution de la Religion. Suis-la donc et ne suis pas les passions de ceux qui ne savent pas.} Al Jatiya – v18
Après les premières fascinations devant le Hadj et devant l’ampleur du phénomène des jeunes qui effectuent le pèlerinage pour compléter leur religion et non comme des vieux retraités qui vont laver leurs os, l’Occident a compris ce que nous n’avons toujours pas compris : La force de fédération internationale des musulmans lors de ce congrès annuel des musulmans qui se regroupent, transcendant sans les nier ou les indifférencier toutes les différences ethniques, géographiques, linguistiques, sociales, sexuelles, générationnelles pour proclamer la grandeur d’Allah, pour témoigner de l’Unicité de la Oumma islamique, pour accomplir un pilier de l’islam qui est le dernier pilier de l’islam qui couronne l’appartenance à l’islam et non une corvée ou un accessoire de l’islam. L’Occident avait compris ce phénomène lors de la colonisation et il avait mis ses espions, ses orientalistes, ses experts de la guerre psychologique pour encadrer, profaner et détourner les saintes pérégrinations des indigènes qui pourraient devenir porteur d’un projet fédérateur de résistance comme l’ont été ceux qui les ont précédé dans les mouvements insurrectionnels et qui tous portaient le titre de Hadj comme symbole de purification de toute souillure y compris celle de la colonisation. La situation, aujourd’hui, est plus névralgique car il ne s’agit pas de vieux os mais de jeunes cerveaux qui vont accomplir le pèlerinage comme pilier porteur de l’islam.
Il faut lire la seule Sourate qui porte le nom d’un pilier porteur de l’islam en l’occurrence Al Hadj pour comprendre la portée de ce pilier dans le Jihad an nafs et le Jihad contre l’ennemi : Satan dans ses version de Djinn et d’Ins. Nous les musulmans de notre temps nous ne voyons que la partie visible en l’occurrence le rite. L’esprit occidental cartésien, rationnel et efficace voit la portée du pèlerinage, son influence, sa dynamique sociale et politique. Il a ses officines qui lui traduisent les commentaires de la Sourate al Hadj où il est question de monothéisme et de Jihad, de résurrection et du devoir de témoignage :
{Évitez donc l’infamie des idoles, et évitez le faux parler, en purs monothéistes à l’égard d’Allah et non comme polythéistes. Et quiconque associe à Allah, c’est comme s’il s’affalait du ciel et que les oiseaux le ravissent, ou comme si le vent le faisait choir en un gouffre profond.} Al Hadj – v31
{Et Nous n’Avons point Envoyé avant toi de Messager ni de Prophète sans que Satan n’insinue aux gens d’autres paroles, que lui inspire ses souhaits, pour jeter le doute dans les pensées. Alors Allah Abroge ce qu’insuffle Satan, puis Allah Confirme Ses Versets. Allah Est Omniscient, Sage. Afin qu’Il Fasse de ce qu’insuffle Satan une épreuve pour ceux qui ont une malveillance dans leurs cœurs, et ceux qui ont les cœurs endurcis. Certes, les injustes sont dans un schisme profond. Et afin que ceux qui reçurent la science sachent que cela est la Vérité de ton Seigneur, alors ils y croiront et leurs cœurs en seront déférents. Et Allah Guidera sûrement ceux qui sont devenus croyants vers un chemin de rectitude.} Al Hadj – v52
{Autorisation est donnée à ceux qui sont attaqués de se défendre – parce que vraiment ils sont lésés; et Allah est certes Capable de les secourir} al Hadj – v39
Décryptant nos signes, nos symboles, nos textes et nos références, ils anticipent pour nous livrer à toutes les sauces de leur propre signification pour créer écran entre nous et le principe de sens. La colère qui nous anime ici n’est pas contre le procédé qui est légitime pour eux puisque nous sommes perçus comme un danger potentiel, des infidèles, des insoumis mais contre le liant de la sauce qui la rend attrayante et digeste : Notre propre chair (jaldatina). Elle est non seulement liant mais aussi ingrédient et servitude aux ordres de son maitre par inconscience, par incompétence ou par concupiscence. Notre Wahn, ils le connaissent, ils l’entretiennent et le cultivent en cultivant nos déchirements, notre cupidité, notre hypocrisie, nos désirs mondains, nos divergences doctrinales, nos prétentions arrogantes à la surenchère y compris celle de refuser de nous nomme comme Allah a voulu que nous soyons nommés : Musulmans :
{Et luttez pour Allah comme il se doit de lutter pour Lui. Il vous A Élus et ne vous Imposa nulle gêne en religion, la confession de votre père Abraham. C’est Lui [Allah] qui vous A déjà Nommés musulmans, auparavant, et dans ceci [le Coran] : afin que le Messager soit témoin sur vous et que vous soyez témoins sur les Hommes. Accomplissez donc la prière, acquittez-vous de la Zakat, attachez-vous à Allah, Il Est votre Protecteur, le meilleur Protecteur et le meilleur Défenseur.} Al Hadj – v78
Le dernier verset de la sourate « le Pèlerinage » montre la Finalité du Hadj, la fratrie de foi, ce que nous transgressons chaque jour par nos postures partisanes, nos schismes doctrinaux, nos infantilismes, nos Fatwas fondées sur des opinions, notre irresponsabilité qui nous rend agent de Fitna, de discorde, de diversion et de subversion contre nos intérêts moraux, religieux et communautaires pour finir comme des débris, des fragments d’insignifiances emportés par les rigoles du temps et piétinés par le colonialisme et le néo colonialisme.
Nos apprentis intellectuels doivent se réveiller et comprendre que lorsqu’Allah nous gratifie d’un énoncé sublime comme celui-ci :
{Certes, Allah a acheté des croyants, leurs personnes et leurs biens en échange du Paradis.}
L'énonciation qui parle d'achat, de vente et d'échange est de l'ordre de l’allégorique pour rendre l'énoncé accessible et attirant à l’âme et à la conscience. Allah nous a créé avec en nous le désir faisant de nous des êtres désirant, attirés par ce qui est désirable. Quel est le plus grand désir que de vivre dans le bonheur sans finitude, sans imperfection. Nous portons la mémoire collective, l’inconscient collectif de l’humanité légué par nos parents Adam et Eve qui ont édifié le premier temple, la première mosquée, le premier sanctuaire destiné à l’adoration exclusive d’Allah et à l’orientation unique de tous les monothéistes en quête de ressourcement spirituel, en quête de donner prise à ce désir inassouvi sur cette terre condamnée à l’anéantissement des désirs, des existences. Même si la suite des versets donne l'impression qu'il y ait une transaction d'égal a égal il ne peut y avoir entre Dieu et l'homme dans leur essence, leurs attributs, leur offre et leur demande ni égalité ni inégalité ni différences mais incomparabilité totale. L'allégorie est la pour rendre l'incomparable (donc l'inaccessible, l’invisible, et l'indicible) facilement imaginable et compréhensible mais aussi pour rendre le désir ultime de l’homme, une Promesse divine qui va s’accomplir :
{Certes, Allah A Racheté des croyants leur vie et leurs biens, par le Paradis qui sera à eux. Ils combattent pour la Cause d’Allah, ils tuent et ils sont tués. Promesse qu’Il A Faite, en vérité, dans la Torah, l’Évangile et le Coran. Qui donc tient promesse mieux qu’Allah ? Voyez alors un augure favorable dans votre échange, par lequel vous avez fait acte d’allégeance. Cela est sûrement l’immense triomphe. Ceux qui se repentent, adorent, louangent, méditent, s’inclinent, se prosternent, commandent le convenable, interdisent le répréhensible et observent les Ordres d’Allah : Annonce la bonne nouvelle aux croyants.} At Tawbah – v111
Il y a incomparabilité entre les cocontractants en leurs qualités respectives d’Etre divin et d’être humain. Même si nous prenons au sens littéral l’échange, celui-ci demeure inégal et cette inégalité est tellement grande qu’elle devient incomparable, non mesurable. Quelle est la valeur de la vraie vie éternelle dans le bonheur ? Inestimable ! Quelle est la valeur de notre dévotion, de nos sacrifices, de nos souffrances éphémères face à l’étendue d’un Paradis éternel aussi vaste que les cieux et la terre avec des délices incomparables en beauté, en goût, en innovation à ceux connus sur terre ? Quelle est la signification de la transaction quand Celui qui propose la transaction incomparable est le créateur de l’homme partenaire de la transaction, de ses œuvres objet de la transaction et du Paradis récompense de la transaction ? La miséricorde divine ! Quel est notre part dans cette transaction ? Un infiniment petit de patience dans le malheur et de gratitude dans le bonheur sur cette terre qui ne vaut pas l’aile d’un moustique ou d’un moucheron comparativement à la valeur de la vraie vie. Mathématiquement parlant notre part est équivalent au rapport d’une valeur par rapport à l’infini c'est-à-dire zéro ce qui ne signifie pas rien ou le vide absolu mais l’absence de valeur.
Dans la question de l’échange égal ou inégal avec Dieu nous ne devons jamais perdre de vue l'humilité et la Taqwah que nous devons avoir dès qu'il s'agit de Dieu. II est incomparable et son incomparabilité même dans les Attributs divins qu'il a fait connaitre dépasse notre entendement car nous proclamons Allah Akbar : Dieu est le plus grand dans toutes nos conceptions, nos imaginations et nos rapports à Sa Beauté, à Sa Perfection, à Sa Puissance, à Sa Science, à Sa miséricorde. Allah est plus grand que tout ce que nous pouvons imaginer, il est au dessus de toute comparaison, il est comme le dit l’imam Ali créateur du lieu et du temps sans être soumis lui-même aux notions de temps et de lieux sur lesquels nous construisons notre jugement et notre système de comparaison et d’évaluation. Dire Allah Akbar sans éprouver de l’humilité, de l’indigence, de la miséricorde c’est se montrer arrogant, inculte, bruyant, vide de sens et vide de spiritualité. Il est dommageable pour l’esprit, le cœur et la conscience du croyant de voir des insensés non seulement profaner le Nom d’Allah mais participer par leur insenséisme à la lutte idéologique et médiatique mené par Satan contre l’Islam et les Musulmans pour les diaboliser à son image et en faire des objets de répulsion, de dérision, de manipulation. Et pourtant notre Prophète (saws) nous a recommandé l’humilité, la miséricorde, la sagesse, la constance, l’intelligence et l’efficacité, toutes ces qualités que les pérégrinations du Pélérinage inculquent au Croyant quand il est à la Mecque contemplant la Kaaba, les montagnes encerclant la Mecque et cette masse humaine tournant en communion avec l’univers et attestant qu’elle n’est ni le contre de l’univers ni le nombril du monde mais un grain atomique qui a besoin de la Miséricorde divine et de la sagesse prophétique :
« Annoncez la bonne nouvelle et ne faites pas fuir les gens »
C'est la Miséricorde d’Allah qui nous fait entrer au Paradis, ce ne sont pas nos œuvres. Nos œuvres ne sont rien en égard aux bienfaits de la vision des formes et des couleurs de ce monde bien avant celles du Paradis, de l'amour, de l'intelligence libérée de toute forme de bridage, des sens nouveaux pour apprécier l’odeur, la vision, le goût des saveurs et de ce qui est impossible à recenser car il relève encore du Ghayb auquel nous croyons. Voici comment Allah décrit la qualité des Musulmans qui ont ouvert la Mecque sans livrer bataille ni faire couler une goutte de sang :
{Tu les vois inclinés, prosternés, aspirant à une Munificence de la part d’Allah et un agrément.} Al Fatah – v29
Ce sont ces qualités qui permettent cet échange incomparable. Le Paradis lui même n’est rien devant la rencontre de Dieu et la vie en sa proximité, et le contempler sans voile pour bénéficier à chaque contemplation d’un amour plus grand et d’une beauté plus grande sans que les précédents ne soient imparfaits ni les à venir la limite :
{Dis : « Vous annoncerai-je quelque chose de mieux que tout cela ? ». Pour ceux qui ont craint se trouvent, auprès de leur Seigneur, des Paradis sous lesquels coulent les fleuves : ils s’y éterniseront, auront des conjointes purifiées et l’agrément d’Allah.} Al ‘Imrane – v15
Parler d'échange égal ou inégal c'est faire preuve de manquement d'égard à Celui qui nous a créés et ne pas comprendre la vocation et la mission pour laquelle nous avons été existenciés.
{Ils n'ont pas estimé Allah comme il se doit} Az-Zumar – v67
Quand la langue s’inspire des fondements mythologiques grecs ou romains qui la sous tendent, elle ne peut traduire l’exactitude de la foi comme elle ne peut empêcher à la raison de dériver et au sens de se corrompre. La langue véhicule un imaginaire c'est-à-dire une compétence symbolique à évoquer le passé, à explorer le présent et à anticiper sur l’avenir puis à tisser des liens vers ce qui est plus signifiant, plus sensé. Lorsque cet imaginaire est peuplé de mythes il ne peut logiquement se prévaloir d’une suprématie de rationalité sur la langue d’autrui et son système de pensée. Quand l’imaginaire sur lequel s’appuie l’expression de la foi et de la raison s’investit dans le devenir de l’homme depuis Adam(as) jusqu’à Mohamed (saws) en passant par les chemins empruntés par tous les Prophètes et Messagers alors il devient Lumière qui éclaire la compétence de nommer de tous les hommes de foi par laquelle passent et la parole et le savoir :
{Et Il apprit à Adam tous les noms} al Baqara – v31
Cette réflexion ayant pris son essor dans la défense d’un pilier de l’Islam, Al Hajj, il est important de souligner que le pèlerinage est valide s’il a rempli les conditions cultuelles et celles de son intention. Seul son acceptation par Dieu en fait un rite agrée et méritoire. Dieu dans Sa Bonté nous a montré les signes de l’acceptation du Hajj : Se cultiver, c'est-à-dire agir après l’accomplissement du pèlerinage comme un croyant qui a renouvelé son alliance avec Dieu et qui fait effort de cultiver sa foi, son savoir, sa probité, sa sincérité, son devoir, ses relations humaines, son travail avec la même ferveur que celle qu’il avait manifesté lors de son séjour aux Lieux saints. Une fois de plus ce n’est pas notre interprétation qui fait foi mais le Coran :
{Dépensez pour la cause d’Allah et ne vous jetez pas, de vos propres mains, dans la perdition. Et faites le meilleur, car Allah Aime ceux qui font le meilleur. Accomplissez le Pèlerinage et la Visite Pieuse pour Allah.} Al Baqara – v195
{Le Pèlerinage : Ce sont des mois connus. Quiconque s’y impose le Pèlerinage, alors pas de jouissance, de perversité ou de controverse durant le Pèlerinage. Ce que vous faites de bien, Allah le Sait. Et approvisionnez-vous. Oui, sans doute, le meilleur approvisionnement, c’est la piété. Et prenez garde à Allah, ô doués d’entendement.} Al Baqara – v197
Notre démarche avait un but didactique : Prendre pour prétexte quelques lacunes et non sens trouvés dans des travaux universitaires pour attirer l'attention sur la vigilance que l’esprit musulman doit avoir pour traiter des problèmes relevant de sa religion et de sa communauté musulmane pour que la lutte idéologique ne le coopte pas et en fasse un clerc au service de la manipulation ou le coupe de sa base populaire qui attend l’émergence d’élites nobles et généreuses portant en charge les soucis, les désirs et les ambitions d’une communauté qui n’arrive pas à constituer sa conscience de communauté du fait des séquelles de l’émigration, de la colonisation et de l’exclusion. La discrimination positive ne consiste pas à reconnaitre la communauté mais à l’écrémer, en garder ce qui est bon pour le capitalisme et le néo colonialisme puis rejeter le reste dans le ghetto urbain, culturel et social au nom de Liberté, Égalité, Fraternité.
La décolonisation de la langue et des mots est plus important que la décolonisation de la terre. Malek Bennabi a montré le changement de paradigme par le changement des mots et son exemple a toute sa signification ici : « Les mots marquent des positions idéologiques déterminées… Si on les modifie, le changement d'un terme ne marquera pas seulement l'abandon d'une position idéologique qu'il désignait, mais il marquera aussi un changement dans le comportement révolutionnaire lui-même. Quand le combattant cesse de se nommer "El Moudjahid" c'est le comportement du "troufion" qui réapparait, comme dans un régime de tirailleurs"… Certaines licences de langage – qui se veulent audaces révolutionnaires – ne sont en fait que des trahisons de la révolution dans son objet essentiel : La transformation de l'homme selon la loi coranique. »
إِنَّ اللَّهَ لَا يُغَيِّرُ مَا بِقَوْمٍ حَتَّىٰ يُغَيِّرُوا مَا بِأَنْفُسِهِمْ وَإِذَا أَرَادَ اللَّهُ بِقَوْمٍ سُوءًا فَلَا مَرَدَّ لَهُ وَمَا لَهُمْ مِنْ دُونِهِ مِنْ وَالٍ
{Allah ne Modifie rien en un peuple jusqu’à ce qu’ils changent ce qui est en eux-mêmes. Et si Allah Veut quelque mal à un peuple, rien ne peut le repousser et ils n’ont, à l’exclusion de Lui, aucun protecteur.} Ar Ra’âd 11
Le Changement est à la fois ontologique pour récupérer et exercer sa responsabilité individuelle (Mas’ouliya) et sociale pour exercer sa responsabilité collective qui est d’exercer la vocation de l’Islam (Taklif).
Omar MAZRI