16.9 C
Alger
dimanche 24 novembre, 2024

L’Emirat islamique d’Alep et Gaza !

Les plus lus

Harmonie, diversion et subversion

La loi de l’harmonie gouverne l’universel dans ses détails et sa globalité. Elle s’exprime par  une ou plusieurs manifestations qui se conjuguent dans le domaine des formes, des couleurs, des sons, des idées, du langage :

  • Pertinence ou adéquation spatiale (lieu, étendue et contiguïté de territoire)
  • Opportunité ou adéquation temporelle (moment, durée et continuité historique)
  • Rythme ou proportion, intensité, fréquence et correspondance dans les répétitions
  • Cohérence ou relation logique ou conformité à l’organisation générale ou au dessein global.
  • Contraste ou mise en relief des oppositions internes qui sont naturellement ou logiquement en relation par leur nature intrinsèque ou par leur composition dans l’effet global.

Ces facteurs structurant des agencements ne deviennent véritablement une harmonie que si et seulement si deux règles sont respectées : l’unité qui fédèrent les éléments dans leur diversité pour que la diversité ne soit pas anarchie et la variation des éléments dans leur unité pour que l’unité ne soit pas uniformité monotone.

Lorsqu’un phénomène produit du bruit ou de la dissonance et ne vient pas ajouter de la douceur, de la vitesse ou de la dramatique dans ce que l’œil, l’oreille ou l’esprit a considéré comme harmonieux, il y sans aucun doute une intrusion qui provoque ce qu’on appelle de la diversion ou de la subversion.

La diversion consiste à distraire, à détourner l’attention, à introduire des biais pour désorienter et faire changer de préoccupation. La diversion peut être agréable ou déplaisante. Lorsqu’elle est agréable, elle est difficilement perceptible comme diversion à moins d’avoir une grille de lecture sur l’harmonie et ce qui vient rompre son équilibre. Elle consiste aussi a introduire de la monotonie ou a rompre l’unité afin de fatiguer l’attention et la détourner.

La subversion consiste à renverser ou à bouleverser l’ordre harmonieux et lui substituer un autre ordre harmonieux ou inharmonieux. La substitution passe obligatoirement par la rupture de l’unité, la fragmentation et la dispersion pour empêcher les forces anciennes de se réunir, de s’agencer et de produire l’unité. Si la diversion peut être agréable, non destructive et trés étalée dans le temps et l’espace, la subversion est souvent violente, destructive, concentrée dans le temps et l’espace. Souvent, l’ordre nouveau, même s’il est inharmonieux, est accepté faisant oublier l’ordre ancien s’il apporte une construction après la déconstruction, une stabilité après la perte des repères, une accalmie après l’entropie… une trêve après l’agression.

Que signifie la proclamation de l’Émirat islamique dans les conditions actuelles ? Lisons d’abord la carte de la victoire proclamée objectivement par la confrontation entre la résistance palestinienne et l’entité sioniste à la suite des analyses précédentes « Al Forqane II : Les brigades Al-Qassam et Al-Qods déjouent tous les complots » et  » Nouvelle Victoire de la Résistance » sans perdre de vue la réalité  des coups portés à l’encadrement de la résistance militaire par les assassinats ciblées.

L’harmonie de la résistance palestinienne dans la gestion de sa puissance de feu

Dans un rapport de forces incomparables, la résistance palestinienne a imposé sa loi de l’harmonie après sept jours nonobstant les grosses pertes dans ses rangs. Elle a résisté et a géré sa modeste puissance de feu avec harmonie. En effet si l’armée sioniste bombarde les civils à l’aveugle avec un excédent de force causant des pertes dans les rangs civils, elle n’a pas d’objectifs militaires ou stratégiques, car elle ne parvient ni à imposer sa dissuasion par sa force destructrice ni à choisir de nouvelles cibles montrant la gradation de son effort de guerre. Il ne lui reste qu’à assassiner la population. Ce n’est pas un acte militaire, mais un acte terroriste.

La résistance palestinienne a montré sa maitrise de la loi de l’harmonie par sa maitrise de sa modeste puissance de feu. L’imprécision de son armement sommaire ne l’empêche pas d’opérer une planification et une exécution qui montrent la maitrise des éléments décisifs suivants :

  • Les cibles,
  • Le temps,
  • La fréquence,
  • La gradation
  • Le maintien d’une réserve de riposte
  • La diversité des dispositifs de riposte

Ces éléments sont orientés vers un but avoué et obtenu : la dissuasion.

L’entité sioniste cherche la dissuasion par des moyens de destruction face à une résistance et une population qui ne craignent ni la mort ni la destruction. La résistance et la population palestinienne ne disposent pas de moyens de destruction, mais disposent de moyens de riposte qui sèment le doute et la panique et les voilà se servant avec harmonie de leurs petits moyens.

La loi de l’harmonie et celle de l’éthique islamique ou universelle exigent qu’aucune voix ne vienne perturber cette harmonie héroïquement établie par le peuple palestinien. Cette harmonie a montré les dissonances dans le camp adverse, elle a fait sortir l’Amérique de son silence complice, et elle a montré les contradictions du « printemps arabe » qui se trouve intermédiaire entre la résistance et l’entité sioniste au lieu d’être partie prenante du conflit.

L’harmonie a pour qualité de dévoiler les disharmonies. Elle a pour ennemi la disharmonie qui lui apporte la détraction, la diversion ou la subversion.

La signification de la proclamation de l’Émirat islamique à Alep

La loi de l’harmonie, de la justice, de l’éthique et de l’Islam veut qu’il n’y ait pas de surenchère sur le front principal ni de diversion ni de subversion. Tout autre action et tout autre discours doit verser dans l’enracinement et la suprématie de l’harmonie imposée par la résistance en lui donnant d’autres canaux d’expressions, d’autres fronts de continuité, d’autres échos médiatiques ou militaires ou idéologiques.

La proclamation de l’Émirat islamique d’Alep est un coup de poignard dans le dos de la résistance palestinienne, car il veut lui voler la « vedette », il veut détourner l’attention de la rue arabe  déjà amorphe par

  • son nihilisme politique et sa quête mondaine,
  • sa confiance aux Frères Musulmans à qui elle a confié son destin comme elle l’avait confié aux despotes par le passé,
  • son attentisme des consignes des autres courants islamiques revanchards, mais confus entre rejoindre le pragmatisme des Frères Musulmans et leur arrangement d’appareil avec l’Empire ou rejoindre les maquis….

Que la France, la Grande-Bretagne et les Occidentaux choisissent ce moment pour reconnaitre l’opposition syrienne et refuser de reconnaitre les djihadistes cela se comprend lorsqu’on comprend leur alignement sur la politique de l’Empire pour imposer un nouveau Sykes-Picot 2, leur désir de briser l’axe de la résistance et d’isoler l’Iran, leur soutien inconditionnel à l’État sioniste et à sa politique génocidaire.

Nous pouvons comprendre la proclamation de l’État islamique dans ces circonstances comme une diversion et une subversion sur plusieurs niveaux.

Les niveaux de subversion et de diversion de la proclamation de l’Émirat islamique.

Il est important de placer cette proclamation dans son cadre idéologique, géostratégique et politique pour en comprendre les méfaits :

  1. Celui qui étudie le Coran verra l’erreur de proclamer un État islamique alors qu’Allah (swt) utilise deux termes conceptuels, méthodologiques sur le plan religieux, idéologique et politique : Le Tamkine ou la territorialisation de la religion, l’Istkhlaf ou la succession du pouvoir sur le territoire et l’héritage des pays des oppresseurs par les opprimés. Je ne développe pas ce point dans le présent article.
  2. Il suffit de suivre les déclarations des cadres d’Ennahda, du Hizb Tahrir et des Frères Musulmans sur la difficulté de mettre en place un État islamique ou d’appliquer la Chariâ dans les conditions présentes.  Comment et pourquoi les djihadistes salafistes minoritaires peuvent prétendre à un Émirat islamique ?
  3. Il suffit de suivre le dossier de l’opposition syrienne qui passe de la Turquie au Qatar puis à l’Égypte. Les États-Unis ont décidé de composer avec l’Islam politique « modéré » et « pragmatique » dans un vaste programme planétaire : remodeler le Moyen-Orient en liquidant l’axe de la résistance, en montant les chiites contre les sunnites, et en préparant la liquidation de la Palestine par un projet qu’Israël ne parvient pas à réaliser par ses échecs militaires : Gaza est une épine sécuritaire qu’il faut confier à l’Égypte et la Cisjordanie un territoire de déploiement pour les colonies juives qu’il faut promouvoir en créant un Émirat Frère Musulman en Jordanie qui avale une partie de la Palestine. Une autre partie sera recomposée par le transfert des populations dans la recomposition du Liban et de la Syrie.
  4. Il suffit de voir dans ces bouleversements radicaux qui se préparent, la Turquie perd le rêve de conduire le monde sunnite comme Khalifat néo ottoman. Les Américains ont choisi l’Égypte. Les Turcs sont un dispositif rodé et ancré dans l’OTAN et Israël, ils peuvent bouder, mais ils ne peuvent remettre en cause la volonté américaine. Ils ne sont cependant pas les Bédouins du Qatar et de l’Arabie saoudite qui se contentent d’obéir aveuglément et de mettre leurs pétrodollars au service du jeu américain. Erdogan et son MAE sont trop impliqués militairement en Syrie et médiatiquement en désaccord pour reculer eu égard à leur parti et à leur nationalisme exacerbé. L’Émirat islamique est la réponse turque pour reprendre en main l’initiative au Moyen-Orient.

L’après proclamation de l’Emirat et le cessez-le-feu imposé par Clinton

Il est important de voir qu’après l’attentat au cœur de l’entité sioniste, au lieu d’aller vers une annonce des opérations terrestres contre Gaza et une radicalisation de la résistance palestinienne dont une de ses faction a relevé le niveau des revendications par ce type d’opération difficile à réaliser.

1 – Clinton a imposé l’Egypte comme partenaire stratégique et c’est le président égyptien qui vient d’être promu au rang de Pro Consul romain de l’Empire dans la région.

2 – La Palestine est la chasse gardée de l’Empire.

3 – Les Acteurs anti Syrie, anti Hezbollah et anti Iran sont remis à la première loge : l’Egypte, le Qatar et la Turquie. Le Hezbollah fin stratège et fin diplomate en annonçant l’évaluation politique et stratégique à faire dans les jours et semaine à venir montre l’infantilisme d’une fête de la victoire dont les repères ne sont plus le terrain de combat, mais le terrain de la rhétorique et des logiques fallacieuses de la politique.

L’Emirat islamique d’Alep n’est pas qu’un épiphénomène dans la géostratégie du monde arabe et musulman qui n’a pas encore atteint la maturité pour avoir une lecture et une écriture harmonieuse de sa propre histoire et de son propre devenir. C’est un phénomène qui annonce la reconstruction du monde musulman, de l’Egypte et de la Palestine sur plusieurs plans  :

  • La confiscation de la victoire de la résistance par les pragmatiques qui savent vendre « l’Islam est la solution » et qui vendent aujourd’hui le pragmatisme conciliateur
  • Le niveau lamentable du politique arabe qui trahi de nouveau la résistance comme il avait déjà trahi les armées arabes face à l’agression.
  • L’ingratitude des politiques qui montre comment la résistance armée et entrainée par l’Iran, la Syrie et le Hezbollah se trouve impliquée dans un processus de compromis sous la conduite de Mach’âal, de Morsi et d’Erdogan sans que l’axe arabe et musulman de la résistance ne tire un profit politique et médiatique.
  • La paix, la trêve ou le cessez-le-feu symboliquement est réalisé sous les accords du camp David et sous le même parrainage américain (tout particulièrement des Clinton).
  • Le primat de l’esprit partisan sur les considérations géostratégiques qui annoncent la fin du monopole et que l’Egypte a ramené de nouveau sous la couverture exclusive américaine.
  • Les champs pétrolifères off-shore à Gaza font que l’oligarchie financière a d’autres objectifs que seul le pragmatisme peut accélérer et réaliser. Les Palestiniens doivent concéder leurs terres et leurs plans d’eaux  sous une forme ou sous une autre.

Si les aristocraties vont s’emparer des richesses arabes sous couvert du même nombrilisme arabe : nationalisme, socialisme, islamisme les Kurdes et les Emirs d’Alep vont s’affronter alors que l’Empire investit sur les Frères Musulmans.

Pour l’Amérique, Israël et Netanyahu doivent se taire et respecter les consignes car les enjeux sont d’ordre planétaires, ces enjeux ne supportent pas des dissonances. L’Empire lui aussi a une feuille de route harmonieuse pour défendre ses intérêts et conserver on hégémonie. L’harmonie américaine impose que les Frères Musulmans, ces islamistes pragmatiques et modérés, vivent en harmonie avec les chrétiens athées, dans la réalisation des dissonances qui brisent l’axe de la résistance. On trouve la même configuration au Liban avec l’axe saoudien, franco-américain et vaticanais contre l’axe de la résistance.

La fin du blocus sur Gaza n’est pas pour demain. La victoire de la résistance palestinienne vient d’être volée une seconde fois. Je viens de lire les termes du cessez-le-feu. C’est une victoire pour l’Egypte des Frères Mususlmans. Ce qui relève de la souveraineté égyptienne et de son devoir islamique est donné comme pâture aux Palestiniens : l’ouverture des voies d’approvisionnement pour la nourriture. En contrepartie l’Egypte s’engage à interdire l’approvisionnement de Gaza en armes et munition. Les termes de la victoire de la résistance qui devaient se solder par la fin du blocus et la fin des assassinats ont été occultés. Les questions essentielles sont reléguées aux calendes grecques. La situation du statut quo est une forme de mort lente pour la résistance. En contrepartie le Qatar va sans doute prendre en charge le « confort » des Gazaouis.

Le grand perdant dans l’opération est Mahmoud Abbas. Il n’a pas été associé à la décision en Egypte. Les Américains mettent tout leur poids pour donner de la crédibilité, du pouvoir et de l’avenir aux Frères Musulmans chargés de gérer la région. L’Amérique cherchait un partenaire crédible et organisé pour avoir l’interlocuteur valide qui parle au nom d’une région, d’une religion, elle le façonne par une logique de musicien de peintre, de scénariste qui maitrise  les lois de la composition, de la tragédie, et de l’harmonie dans un monde arabe et musulman qui n’a comme grille de lecture que l’émotionnel et les discours fascinants. Nous allons voir le FATAH commencer la danse du ventre devant le HAMAS.

L’Egypte gagne de la consistance idéologique et de la stature diplomatique. Les Américains et le Qatar vont lui donner le répit sur le plan social et les moyens sur le plan économique pour affronter le FMI et son plan d’ajustement structurel qui demande à court terme de mettre fin aux subventions des prix de première nécessité. L’Egypte du printemps arabe était sur la voie de la révolution du pain.

L’annonce du cessez-le-feu dans des conditions floues et avec des repères flous

L’Emirat islamique était une dissonance qui cachait d’autres dissonances plus graves et plus décisives dans l’avenir de la Palestine et du monde arabe déchirés par les loups et les brebis. Les loups arabes sous l’habit des brebis se sont empressés à armer l’opposition libyenne et syrienne pour détruire ce qui reste du monde arabe et avec le même empressement ils ont contraint la seule harmonie dans le monde arabe à ne pas disposer des moyens de son rythme, de sa cohérence, de sa continuité, de sa pertinence, de son opportunité face aux monstres.

Bien avant de lire le contenu du cessez-le-feu il y aura deux questions à suivre dans les jours et semaine à venir :

La gestion de la nouvelle défaite israélienne et le devenir de HAMAS dans la real-politic une autre forme d’harmonie qui vient après la diversion et la subversion.

L’intelligence diabolique est justement de transformer une harmonie en diversion pour faire admettre une nouvelle construction qui donne l’illusion de l’harmonie que les Américains appellent la « régression constructive  » ou le « chaos fécond ».

Pour l’instant les média arabes évitent les problèmes de fond en entrant dans une nouvelle diversion idéologique et une nouvelle subversion médiatique par la spéculation  sur l’après Netanyahu oubliant que celui-ci n’a pas de prétendants puisque ce sont les mêmes figures et la même politique poursuivie alors que les Arabes sont en compétition à qui sera le plus vassal avant et après le « printemps arabe ».

Conclusion

L’apologie de Mech’âal envers Morsi, Erdogan et Cheikh Qatar est langage de miel qui veut cacher les dissonances que l’œil non partisan voit non seulement comme des contradictions, mais comme des agressions contre l’esprit lucide. On ne se lance pas dans des diatribes lyriques occultant le contenu de l’accord et flattant l’ego des uns et des autres alors qu’un peuple meurtri attend la fin de ses souffrances, la proclamation des buts atteints par sa résistance à moins que…

Cette agression n’est pas une erreur de stratégie ou une campagne électorale, mais une action minutieuse dans un dispositif complexe, subtile comme une partition de musique, une composition picturale ou un film de grande intrigue où les indices semblent peu apparents justement par la force de leur éclat. J’ai écrit et raconté l’agression de 2009 sous le titre « Gaza : la bataille du Forqane » non sous la forme de correspondant de guerre ou d’historien, mais d’analyste musulman. Dans cette guerre j’ai le sentiment d’inachevé, de non-dit, de manipulation, de jeux de rôles avec des sacrifices humains. Toute proportion gardée et avec tout le respect que je dois aux martyrs, je me trouve avec la même impression que celle que j’ai ressenti devant un film que j’étais amené à étudier et à commenter.

Pour que le lecteur partage avec moi les mêmes impressions, il s’agit du film culte « Usual Suspects » (1995) qui met en vedette Keyser Söze un personnage fictif écrit par Christopher McQuarrie, réalisé par Bryan Singer et interprété par Kevin Spacey. Dans une mise en abime exceptionnelle, le suspect Verbal Kint (synonyme de Kaiser (empereur) et de Söze (bavard ou locuteur en turc) dit au détective donne, après une narration complexe qui fait la trame du film, la clé de l’intrigue sous cette expression : « Le coup le plus rusé que le Diable ait jamais réussi, ça a été de faire croire à tout le monde qu’il n’existe pas ». Ce film est un chef d’œuvre toujours enseigné dans les écoles du cinéma et dans les écoles d’écriture. Ce qui est enseigné dans les laboratoires de diversion et de subversion est davantage plus ahurissant !

L’annonce de l’Emirat islamique n’est pas à déboiter de la demande turque du bouclier anti missiles. La guerre contre la Syrie est d’actualité. La Turquie dispose d’une armée plus forte et mieux équipée que celle de la Syrie, mais un affrontement avec une riposte à la palestinienne mettrait à terre tous les efforts de développement consentis par les turcs ainsi que leur plateforme touristique et surtout anéantirait les opportunités et les pertinences qu’offre la Région aux Turcs et qu’Erdogan a sapé par manque de cohésion avec ce qui fait une civilisation prospère : l’harmonie dans les géographies, les histoires communes, les mentalités collectives et les interactions socio-économiques

Nous pouvons donc faire une autre lecture de la proclamation de l’Emirat islamique à Alep : Gaza et Israël sont des dissonances programmées  dans la refondation du Moyen-Orient qui peuvent générer des contradictions insolubles si le conflit n’est pas réglé à n’importe quel prix pour se consacrer à l’essentiel de la nouvelle harmonie impériale : L’Empire qui se décline avec pragmatisme à tous les temps et dans tous les tons et sur tous les territoires. Ce serait la fin de l’antagonisme Islam capitalisme ! Ce serait la fin de l’Empire ! Le capitalisme et l’Empire dispose encore de suffisamment d’intelligence et de ressources pour nous mener en bateau et nous offrir des héros sur mesure, nous faire oublier rapidement nos martyrs, nous laisser dans la confusion ne sachant distinguer nos amis de nos ennemis, ni les fruits de la victoire avec les pertes dans la défaite…

Les dictatures arabes avaient fait de la Palestine un fonds de commerce et de l’Islam un instrument et une rente. Les régimes « démocratiques et islamiques sont en train de faire de l’Islam un formalisme pragmatique et de la Palestine un marchepied.

L’Islam et la Palestine sont innocents et le moment voulu ils se vengeront.

Nota bene :

Cet article a été écrit avant la proclamation du cessez-le-feu. Il a été brièvement remanié pour rester dans l’actualité. Il est compliqué et il  peut choquer les bonnes âmes qui aiment les choses simples.  C’est ma vérité, mon sentiment. Je suis sans doute excessif, mais je ne suis pas trop loin de la vérité.

La loi de l’harmonie gouverne l’universel dans ses détails et sa globalité. Elle s’exprime par une ou plusieurs manifestations qui se conjuguent dans le domaine des formes, des couleurs, des sons, des idées, du langage. La loi de l’harmonie est universelle elle concerne l’histoire, la politique, la guerre malgré les bruits horribles des cris et les vues effroyables du sang : elle raconte une histoire et elle construit un monde nouveau. Le style, les omissions, le sublime ou le cynique de l’histoire dépend de la manière de raconter et du sujet du récit : un loup ou une brebis.

Ne perdez jamais de vue la loi de l’harmonie raconte une histoire qui construit ou décrit un ordre et un monde dans un agencement qui ne heurte pas l’œil, l’oreille et la raison. Ne perdez jamais de vue les buts de la guerre qui consiste à faire taire les armes et la voix de l’ennemi. Ne perdez jamais de vue que la sécurité d’Israël fait partie des dix commandements américains. Ne perdez jamais de vue que l’Amérique n’a pas d’alliés mais des vassaux. Ne perdez jamais de vue que l’Empire ne traite pas avec les Etats, mais avec des régions confiées à des interlocuteurs valides.

Ne perdez pas  de vue que ce qui vient de se passer est un hold-up

Il est inadmissible que Gaza sous Moubarak puisse avoir plus de prestige et de gain politique que sous l’ère d’une gouvernance islamique d’autant plus qu’elle vient de réaliser l’exploit que personne n’attendait. Il est inadmissible que ce soit l’Égypte qui en tire tout le profit. J’ai beaucoup d’affection et de considération pour les Égyptiens, mais la vérité est plus sacrée à mes yeux que les salamalecs.

Ne perdez jamais de vue que le Prophète (saws) est contre l’esprit partisan et sectaire car c’est par cet esprit que la Fitna pénètre dans le cœur de l’Oumma la détruisant en la soumettant aux appétits de pouvoir.

Que l’esprit partisan et confrérique confisque une révolution et la place sous la bannière de l’ennemi des peuples pour devenir un instrument de l’hégémonie de l’oligarchie impériale alors que l’Islam est antagoniste avec les principes et les comportements de l’Empire est insupportable, mais qu’il gère et récupère une victoire de la résistance contre l’Empire et son bras armé dans la Région pour la redonner à l’empire qui la confisque et la musèle est un suicide.

Ne perdez pas de vue que l’Emirat islamique d’Alep, dans la conjoncture de la bataille de Sijjil est une diversion, une subversion. Il s’agit de continuer à tisser le lien avec l’Emirat islamique de Benghazi, à envisager l’Emirat islamique de Jordanie. L’expérience tunisienne et égyptienne a donné des résultats plus qu’escomptés. C’est un modèle qui se prête donc à la reproduction, à la multiplication et au transfert… Le transfert harmonique qui rappelle les échos des ondes et les suites mathématiques doit nous faire rappeler l’esprit cartésien et artistique des Occidentaux qui annoncent la couleur et le ton : le transfert des Palestiniens est toujours à l’ordre du jour. Si le transfert des populations est impossible ou difficile il est facile de passer à la solution finale : transférer des portions de territoires comme des Emirats islamiques contigües à d’autres émirats islamiques. L’Empire est un chef d’orchestre et un excellent géomètre. Il a déjà façonné nos frontières modernes et nos esprits pragmatiques. L’Empire est une culture anglo saxonne efficace : elle ne s’embarrasse pas des boulets idéologiques comme la culture  française.

Ne perdez pas de vue la différence entre le réalisme de la résistance palestinienne qui a su s’adapter et se montrer cohérente, dynamique utilisant toutes les opportunités et toutes les pertinences possibles pour imposer sa volonté avec le pragmatisme opportuniste qui adapte ses principes aux conditions politiques pour accéder au pouvoir et le conserver même si cela se fait au détriment de la cohérence, de la dynamique.

Omar MAZRIwww.liberation-opprimes.net

Rédaction

- Publicité -

Plus d'articles

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

- Rechercher -

Derniers Articles