Nommer
Comment qualifier ou nommer ce qui vient consacrer une nouvelle fois l’incurie des gouvernants arabes, la médiocrité des savants musulmans et l’anarchie des populations qui se déchirent et déchirent les derniers rêves ratés de l’Islah et de la Nahda que les élites n’ont su ni mesurer ni rendre efficients et irréversible. Depuis des siècles nous sombrons dans le flot des maux produits par nos mots sans planification ni sens ni ingénierie.
Le Prophète Mohamed (saws) et ses compagnons, confrontés à l’oppression, l’ont vaincu, car ils avaient le devoir de dire la vérité et d’agir comme ils étaient appelés à écouter les paroles et à en suivre l’excellent. Ils étaient aussi appelés à ne dire que des paroles sensées et bien visées. Les mots sont viseurs dans les batailles de sens, véhicules de symboles … Ils disent : «j’existe, je résiste ». C’est par la posture actancielle du verbe véridique que l’Arabe obscurantiste ante islamique s’est libéré de ses préjugés et de son isolat historique pour se donner vocation à exister et les moyens de résister contre la marginalisation, les luttes intestines, l’esprit minus habens de l’errant sans projet pour l’homme ni pour l’humanité sauf celui de subister. L’Islam lui a donné les mots, le désir, le devoir et la quête de rompre à son habitude de vivre en subsistant encerclé par les empires chinois, bizantins et perses. Subsister ou « sub » « sistere » est étymologiquement un renoncement à l’existence au rang d’homme honoré par Dieu et à la résistance contre les empires qui ravalaient les humains au rang d’esclaves sans humanité, d’humanité confinée dans la lutte de survie animale en sub-sistere c’est-à-dire en prenant position dans la posture du parfait soumis qui fait halte et qui prolonge sa halte en marge de l’histoire pour demeurer vivant en tenant tête à l’ordre des choses sans chercher à le comprendre ni à vouloir le changer. Khobsister ou Khobtsister, deux formes de subistance des vaincus et des déserteurs refont surface dans un monde où prime la logique de force et d’intelligence sociale, culturelle, politique, militaire et économique.
En subsistant, l’Arabe entretenait ses préjugés, ses limites, ses incohérences et son aveuglement. L’Islam a réintroduit la conscience et le sens des mots qui remettent debout l’humain et lui disent qu’il est l’heure de se réveiller et de marcher debout et d’un pas alerte vers ce où « chacun est facilité pour ce qu’il a été créé » en l’occurrence exister sinon résister contre ce qui porte atteinte aux droits et aux devoir d’exister.
L’homme honoré par Allah(swt) et le Musulman élu par Allah(swt) ne peut se voir immobile et subissant les événements qui le mettent en infériorité, en domination par rapport aux positions des autres et en dehors de sa vocation d’être parfait ou perfectible pour se conduire et conduire les autres à exister en conformité avec l’humanité et l’islamité qui les invite à se promouvoir en responsable, prenant des positions qui siéent à leur humanitude. Le préfixe latin sub (sous) et le verbe sistere (prendre position) qui consiste à subsister sous la tyrannie, l’idolâtrie est à rejeter car il place l’homme en situation de dominé, de soumis, de démissionnaire, d’en dessous de ce que Allah(swt) attend de lui.
Les mots expriment un état, un sentiment, une pensée ou une action qui révèlent le rapport à l’autre : fraternité et solidarité ou agression et domination.
Ils expriment la compétence d’Adam(as) d’attribuer des noms à des êtres, des choses et des processus. La compétence humaine de tout nommer exprime le pouvoir de se déployer comme un champ de connaissances, un canevas d’idées, une ingénierie de processus et un réseau d’interactions.
Satan est intervenu comme un obstacle, une tentation, un danger, un ennemi, un leurre pour empêcher la compétence distinctive humaine de se déployer dans son aspiration au bien et au beau et lui interdire sinon lui compliquer les quêtes innées qu’elle porte en elle.
Nommer c’est exister et résister en racontant la mémoire du passé, l’attention de l’acte présent, et l’espérance… Il faut nommer ses désirs, sa foi, ses projets, ses quêtes, ses amis, ses alliés, son projet de résistance et ses perspectives d’existence.
Les Palestiniens, privés de terres, continuent de nommer le retour à la terre comme la colombe de Noé(as) symbolisait la fin du déluge et triomphe des résistants embarqués dans l’arche du salut. La Palestine continue d’offrir à l’humanité les racines spirituelles, l’humus sociologique et le sédiment littéraire et intellectuel de la compétence de conjuguer exister et résister.
Les verbes « exister » et « résister » sont un même acte exprimé par le même verbe « sistere » (se) positionner, faire face. Ce qui change c’est la commutation de sens opérée par l’intention qui préside à l’acte et lui donne motivation, visée, symbole et reconfiguration.
Exister ou « ex-sistere » consiste, à opérer un changement d’état en sortant de soi, en allant vers l’extérieur, en cherchant de nouvelles issues ou en faisant rupture par rapport à un fait ou à une idée qui s’impose devant soi par un acte de repositionnement de soi et une reconfiguration de son face-à-face.
Résister ou « re-sistere » consiste à répéter des postures, à inverser des situations, à réagir contre des agressions, et à apporter des réponses aux intrusions par la reprise des positions perdues, la rupture avec l’inertie, le refus de s’aligner sur le sens imposé, la révision du face-à-face, l’apport de nouvelles réponses plus pertinentes et plus opportunes. Résister c’est continuer d’exister en redéployant ses actions après un changement de paradigme.
Il ne s’agit pas, ici, de dicter une conduite à la résistance ou de parler au nom des résistants, mais de rappeler quelques évidences… Parmi ces évidences il y a les impostures qui font obstacle à la résistance dont les professionnels des négociations interminables, les diplomates du défaitisme de la paix arabe, les Pygmalion de « la résistance globale non violente » et les loups solitaires de la violence gratuite et implacable dans le monde arabe important « la résistance totale sans leader »…
Les invariants
Exister c’est affronter sans cesse les épreuves de vie ainsi que les oppositions intérieures et extérieures qui viennent contrarier le déploiement des possibilités de l’être ou rendre ce dernier réfractaire à toute idée de changement et de progrès. L’être ontologique et social existe tant qu’il conserve son autonomie à se repositionner en permanence comme un sujet en devenir dans son acte. Lorsqu’il perd son identité de sujet et le sens de ses actes, il cesse d’exister et devient objet soumis à des volontés contraires.
Exister est une manifestation de la globalité ontologique et sociale des croire, vouloir, savoir, devoir, pouvoir, faire et de leurs interactions dans les registres, invariants et singuliers, de la pensée et de l’activité politique, économique, intellectuelle, artistique …
Aussi vrai que l’être et son acte sont indissociables dans leur mutuelle détermination, la résistance et l’existence sont indissociables dans leur formulation et leur interaction. Il en est de même du croire (Amana) et de s’efforcer (Jahada).
Entre exister et résister, la différence est que dans un cas on prend davantage de position pour soi, et dans l’autre cas on prend davantage position contre le négateur de soi. La différence actancielle est dans le rythme et le mode de changer de positionnement, de posture, d’actions, de dynamique, de consommation du temps et de l’énergie, d’effusion de sang, de sueur et de larmes.
Confiner l’un ou l’autre dans un contenu, singulier ou isolé, est en contradiction avec le principe de globalité. Ce principe refuse les démarches taxonomiques simplificatrices et réductrices qui veulent confiner la résistance dans un cadre sectaire, une démarche partisane, ou dans une activité. Le colonialisme est un moule axiomatique qui impose ses mots, ses valeurs, ses codes, ses concepts, ses symboles, ses produits, et ses interlocuteurs qu’il a produits, récupérés, recyclés et validés.
En déboitant l’existence de la résistance et en négligeant leurs mécanismes globaux nous faisons l’impasse sur la lecture de la réalité et de sa dynamique la confinant dans un fait. Certains d’entre nous voudraient poser le problème palestiniens en termes de lobby faisant ainsi du conjoncturel et du singulier écran aux invariants du rapport colonisé-colonisateurs, opprimés-oppresseurs.
Division, dispersion, atomisation, diversion et subversion sont des armes que l’Empire pratique depuis toujours pour saper les conditions d’exister et les possibilités de résister des peuples. La résistance globale c’est maintenir la dynamique et l’interaction de l’ensemble des idées et des activités qui expriment le droit d’exister et le devoir de résister dans un projet de fédération, de cohésion et de coopération de toutes les forces sans exclusion ni exclusive.
L’esprit critique et la vision globale déconstruisent le formatage et renforcent l’initiative crédible, viable et autonome contre l’oppression. Ils évitent de poursuivre un bouc émissaire désigné ou de s’enfermer dans le mimétisme.
Ni le retour aux sources ni le retour à la terre ne sont une réédition identique de ce qui fut, sinon résister et exister finissent en chimère, en utopie dans ce qui serait. La loi universelle du changement impose de revisiter le Passé dans un devenir au lieu de vouloir l’importer comme une pièce d’archéologie, un fossile antédiluvien, un prêt-à-porter.
Le Prophète (saws) à Médine n’a pas distingué le Jihad contre l’oppresseur de ce qui donne existence globale à la communauté et à l’État : écoles, assainissement, forages, libération des marchés et du foncier des monopoles, interdiction de l’usure, socialisation des moyens de production, recapitalisation du commerce, de l’industrie et de l’agriculture par le travail et l’investissement, développement des réseaux de solidarité sociale, et asile pour les pauvres et les réfugiés.
Vérité immuable
Moïse (as) nous apporte des éclaircissements magistraux sur les invariants de la résistance globale.
Il ne s’inscrit pas dans un rapport de force, mais il se positionne par rapport à la vérité. Il implique ses partisans et ses adversaires à se repositionner par rapport à la vérité. Il ne singularise pas l’acte d’exister de l’acte de résister. Il va poser les problèmes de l’existence et de la résistance de l’opprimé dans une même problématique et dans une seule et même perspective. Exister et résister ne sont pas la juxtaposition d’actes linéaires successifs, mais le continuum d’un complexe de quêtes et d’actes faisant sens et contre sens avec la vérité, et faisant opposition ou alliance aux mensonges.
Il va dévoiler l’oppression dans ses deux formes de perversion. La première forme est l’abus dans la propre existence de l’oppresseur du fait de sa cupidité vorace et de sa prétention narcissique à se croire meilleur ayant droit absolu. La seconde forme est la transgression des droits d’autrui par la violence et les justifications. Ces deux formes indissociables vont s’intérioriser comme mentalité collective ou fatalité.
Moïse va, sans formalisation juridique, indiquer les fondements iniques de l’oppression et des empires coloniaux : le droit d’abuser. Nous sommes donc interpellés, dans la pensée et l’acte de résistance globale, sur les conditions morales, sociales, économiques et juridiques du capital et de la propriété. Il ne s’agit pas de brimer le capital et la propriété privée, mais de reposer les conditions de leur légitimité et de redéfinir les rapports sociaux à l’argent. En vérité la question de l’oppression et celle de la résistance dépassent le champ matériel et économique. Le religieux, le culturel, l’idéologique, le psychologique, compris comme acte d’existence de l’homme honoré ou comme devoir de résistance pour restaurer ou préserver l’honorificat de l’homme, sont, selon leur emploi social et moral, des obstructions ou des accélérateurs à l’existence digne et à la résistance efficace.
Moïse va donc amener tous les syllogismes fallacieux du camp dominant à s’effondrer les uns après les autres. Il va amener toutes les fascinations, dans son propre camp, envers les symboles de l’oppresseur à se déconstruire.
Toutes les formes de despotisme économique, intellectuel, technologique, financier, militaire, territorial et politique s’épuisent par rapport à la vérité qui s’énonce et qui dévoile le contenu et la logique des mensonges. Dénoncer le colonialisme ou faire l’apologie de la résistance ne suffit pas. Il faut saper l’arrogance et l’abus dans leurs fondements idéologiques tout en opposant à leurs instruments de domination des alternatives globales de libération : idéologiques, morales, sociales, économiques, politiques et organisationnelles.
La vérité portée par Moïse porte Moïse. Elle est transcendance et immanence. Elle s’énonce comme évidence absolue, immuable, indivisible, inaliénable et irréversible. Elle est intrinsèque, elle se suffit à elle-même. Elle est une, inaliénable, indivisible, sans dérogation ni condition suspensive ou limitative…
Moïse va conjuguer re-sistere et ex-sistere en aidant son peuple à devenir endurant et patient tout en lui apprenant les postures intellectuelles, morales, sociales et économiques qui lui permettent de se tenir debout, de poser les assises de la libération, d’établir l’ossature de la communauté pour exister et résister. En écoutant le récit coranique on peut sans peine imaginer Moise et ses compagnons en train de soutenir, de remettre debout, d’affermir, de fortifier, de consolider, de se mettre en quête de l’unité et de la Qibla annonciatrices de la fin de l’épreuve.
Si élever, construire, ériger, avancer sont des actes de résistances et d’existence qui fédèrent un peuple longtemps humilié et mis en situation de subsister sous les oppresseurs gaspilleurs, détruire, faire du mal, se venger déshumanise davantage l’oppresseur et le rende vulnérable face à l’oppressé qui découvre enfin l’impasse totale de son tyran et entrevoit l’aboutissement dialectique de la contradiction entre l’oppresseur qui va épuiser ses moyens de répression et l’opprimé qui va se remplir de Sabr : endurance, constance avec espérance.
La perversion du rapport à la vérité par la corruption, la tyrannie, l’injustice, l’atteinte des droits des autres, l’arrogance, la dérive démiurge ou la soumission à l’idole introduit des biais, des confusions ou des aveuglements dans le regard individuel et collectif qui ne perçoit que ses illusions et ses justifications mensongères. Le rapport à la vérité est indissociable du rapport au savoir et aux références incontestables. Le despotisme est l’imposition d’un mensonge déclamé comme étant une « vérité ».
L’opprimé armé de vérité, non seulement ne voit pas le déficit de ses moyens comme un handicap, mais mobilise les moyens les plus judicieux pour sa résistance tout en se libérant des limites du rapport des forces. Il va se libérer de ses résidus, de ses corps étrangers et de ses parasites pour se voir dans une perspective et une dynamique sans limites. L’oppresseur va faire le changement inverse en devenant plus vicié, plus vulnérable et sans perspective autre que celle de la spirale infernale de sa machine répressive. Pharaon est contraint de solliciter ses magiciens, ses armées, ses bâtisseurs, ses courtisans, ses vassaux. Il perd le monopole de la représentation et de l’initiative de la puissance. Il amplifie les conditions objectives et subjectives de sa contestation y compris au sein de son camp.
Le processus de confrontation à la vérité et au savoir conduit irrévocablement à l’effondrement des mensonges et de leurs appareils.
Les Palestiniens sont sur cette voie, il ne faut pas les en détourner, il faut les accompagner et dénoncer les tentations et les chantages qui veulent les conduire aux renoncements dans cette phase de confusion. La Turquie, le Qatar, l’Egypte et Mousaylima le grand gourou agissent de concert pour corrompre les Palestiniens et les pousser à se dessaisir de leur devoir de résistance et de leur désir d’existence.
Priorité
Le Messie (as) ne s’est pas focalisé sur l’occupation romaine et son administration coloniale. La domination militaire et politique des Romains était secondaire par rapport à la décomposition religieuse, idéologique, morale, économique, politique et sociale des Bani-Israël, ce concentré d’humanité que le Coran nous présente comme parabole sociohistorique.
La communauté des Bani-Israël du temps du Messie (as) ressemble étrangement à notre communauté dans ses confusions et ses divisions. Une communauté fragmentée entre intégristes, romanisants, hellénisants, commerçants cupides, doctes corrupteurs, adeptes de Satan, seigneurs de guerre en quête d’un roi, populations sans repères. Les véridiques, les justes et les vertueux étaient en minorité.
Le peuple accablé par l’injustice, l’impôt, et l’usure ainsi que par l’instrumentalisation de la religion à des fins mondaines et politiques ne pouvait ni produire son argent, ni son élite, ni ses moyens d’émancipation.
Dans ces conditions, l’insurrection populaire contre l’Empire et ses vassaux politiques ne va pas libérer la société des causes profondes de l’oppression. Jésus (as) a dénoncé le système qui rendait impossible la restauration de la vérité, la production des idées, la moralisation de la vie économique et l’émergence des élites sociales préalables à la libération.
Il ne s’agit pas de prôner le désistement et la résignation comme réponse à la violence faite aux Palestiniens, mais de rappeler aux Arabes l’impératif de hiérarchiser les priorités et de refuser l’impertinence, l’inopportunité et l’incohérence des idées et des actes de l’atomicité sociale et religieuse.
La confusion et la divergence sont des mouroirs. La confusion sur la vérité n’est pas produite par l’ignorance et l’erreur, mais par une volonté délibérée et préméditée de masquer la vérité, de propager l’ignorance et d’induire le peuple en erreur pour usurper des privilèges et spolier des biens. La division est systématiquement entretenue par la culture du mensonge délibéré afin de garantir l’impunité de la spoliation et sauvegarder le pouvoir de l’imposture. La rente religieuse, historique, politique et économique annonce, accompagne et poursuit l’œuvre du colonialisme.
Si l’Empire romain cherchait la domination militaire, politique et économique du territoire, les castes religieuses cherchaient la domination absolue sur les consciences par la falsification des rapports à la vérité et par la corruption des savoirs.
Si Moïse était confronté à l’arrogance de Coré et au désir mimétique qui viennent compliquer le rapport au despotisme de Pharaon, le Messie était confronté à un système d’aliénation économique et idéologique produit par l’élite religieuse se réclamant de Moïse. Les opposants au pouvoir en place se réclament eux aussi de Moïse sans être une alternative crédible et authentique pour porter la vérité, produire le savoir et libérer le peuple.
Le Messie nous montre que décoloniser les esprits est plus complexe que libérer la terre.
Le Messie n’a pas dissocié les causes de l’oppression de ses conséquences. Il s’est consacré, parallèlement à la proclamation de la vérité et au dévoilement des mécanismes intérieurs de l’aliénation à apporter des remédiations et des soulagements aux souffrances du peuple.
Les Romains et leurs alliés juifs empêchaient le Messie de nommer la vipère vipère et faisaient toutes les combines pour le faire tomber, l’obliger à s’arrêter, le contenir, le réprimer afin de circonscrire sa prédication et sa parole de vérité. Circum-sistere est l’art militaire romain de s’arrêter autour des villages et auprès des populations pour les entourer avant de les attaquer et prendre par la force leurs positions. Circum-sistere est l’art de la casuistique religieuse et sociale pour vendre le faux à la place du vrai en montrant souvent le faux comme du vrai et le vrai comme du faux par la force de la persuasion des rhéteurs religieux. Entouré, assiéger ou dénigré, le Messie avait adopté une autre posture, il s’est consacré à assister les pauvres et les malades. Assister ou a-sistere consiste à devenir absent de la position, à marcher dans le sens imprévu de l’ennemi qui croyait comprendre la posture de son ennemi. La beauté de la situation c’est qu’il a été préservé de posture tissée par l’ennemi interne et externe en prenant une autre posture qui consiste à assister les démunis et les esseulés. As-sistere prend aussi le sens d’être présent sur place, d’être à côtés pour secourir et aider.
Le jeu de mots ne peut montrer l’étendue du destin qui se jouait en ces moments-là, mais il témoigne de la force des mots et de l’ironie de ces mots lorsqu’ils sont rapportés à l’histoire des us et des autres. La plus grande ironie c’est que ces mots continuent de se jouer des uns et des autres car les médiocres qui répètent des mots religieux sans en comprendre le sens ou la portée et ont l’outrecuidance de parler au nom de Dieu et des Prophètes. L’ironie est cruelle car l’effusion du sang musulman au profit des ennemis des musulmans ne semble pas s’arrêter.
Omar MAZRI – www.liberation-opprimes.net