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jeudi 21 novembre, 2024

Sur l’appel à brûler les drapeaux des pays qui soutiennent le régime algérien

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Lorsque j’ai lu sur la presse qu’un ex fonctionnaire du Ministère des Affaires Étrangères incitait les Algériens, dans leur manifestation, à brûler les drapeaux des pays étrangers qui « soutenaient » le régime et qui prétendaient sans preuve que la Russie soutenait Bouteflika et son clan, je me suis dit, mais « il est insensé ! »

Comment un « Commis de l’État » puisse ne pas faire de lecture correcte de la réalité ?

Comment après la criminalisation insensée de tous les militaires algériens et de toute l’ANP, prétendre s’imposer comme leader politique et gagner des élections alors que le peuple ne veut pas rompre avec ses symboles nationaux et ne veut pas revenir à l’aventurisme islamiste ?

Comment accorder sa confiance à des gens qui n’ont pas de boussole politique et qui vont vers des arrangements d’appareils et des discours de haine et de revanche ?

Comment donner du crédit moral et intellectuel à des gens qui cherchent le « buzz » médiatique et se détournent de la vérité :

وَلَا تَسُبُّوا الَّذِينَ يَدْعُونَ مِن دُونِ اللَّهِ فَيَسُبُّوا اللَّهَ عَدْوًا بِغَيْرِ عِلْمٍ ۗ كَذَٰلِكَ زَيَّنَّا لِكُلِّ أُمَّةٍ عَمَلَهُمْ ثُمَّ إِلَىٰ رَبِّهِم مَّرْجِعُهُمْ فَيُنَبِّئُهُم بِمَا كَانُوا يَعْمَلُونَ

N’injuriez pas ceux qui proclament leur foi en autre qu’Allah, sinon ils insulteraient Allah par hostilité et par manque de connaissance. C’est ainsi que Nous avons enjolivé à chaque communauté ses propres œuvres. Mais ils retourneront ensuite vers leur Dieu et Il leur fera alors connaître leurs agissements passés. Al An’âam 108

La foi des gens et le sens du sacré ne sont pas seulement d’ordre religieux, mais profanes. Le drapeau, l’emblème, le symbole sont sacrés, car ils véhiculent une histoire, une appartenance, une lutte.

Toucher au sacré des gens est le pire insenséisme qui soit dans un moment historique où nous cherchons la convergence des luttes populaires non pour islamiser les gens par la force et le sensationnel, mais par la consécration de la liberté, la solidarité humaine et la coopération. Nos ennemis ne sont pas les valeurs sacrées des Etrangers, mais ceux qui nous agressent, nous privent de notre liberté et refusent notre progrès. Peu importe leur religion leur race, leur couleur.

Cela me rappelle au point le plus important que j’ai occulté dans la problématique de l’Algérianité :

Peut-on concevoir l’Algérianité en dehors de l’humanité, de l’humain, de l’universel, de la coopération mutuellement bénéfique pour les peuples et les Etats ?

Les insensés vous dirons de belles choses à ce sujet, mais à l’épreuve des faits et dans la confrontation avec la vérité de situation ils se manifestent comme des politiquement indigents voire des insensés :

أتهلكنا بما فعل السفهاء منا إن هي إلا فتنتك تضل بها من تشاء وتهدي من تشاء

Nous feras-tu périr à cause de ce qu’ont perpétré certains des nôtres qui sont insensés ? Ce n’est là qu’une des épreuves par lesquelles Tu égares qui Tu veux et Tu diriges qui Tu veux. Al Aâraf 157

L’épreuve de sens est sans doute la plus redoutable, car elle détermine le projet de vie, les rapports avec l’ennemi et le cap à suivre pour se libérer de l’aliénation et de la stupidité. Personne ne peut se revendiquer de détenir la vérité absolue ni de s’en approcher. Tout est affaire d’interprétation donc d’assise culturelle, intellectuelle et éthique :

وَقُلْ عَسَىٰ أَن يَهْدِيَنِ رَبِّي لِأَقْرَبَ مِنْ هَٰذَا رَشَدًا

Puisse mon Dieu me guider plus près de ce qui est juste (plus sensé) !

Cet énoncé de la sourate Al Kahf (24) est sans doute parmi les plus complexes à comprendre car il nous met à chaque fois devant ce que les philosophes appellent le « piège de la raison » qui exige à chaque fois de se libérer de ses illusions et de ses syllogismes pour tenter de voir la réalité du monde tel qu’elle est mais non telle que nous le voulons. Les partisans de la solution islamique, sans rationalité politique et sans raison tout court s’imaginent et veulent faire croire aux crédules et aux revanchards que le statut de victime, la posture de dénonciateur, les arrangements d’appareil et le bavardage peuvent faire l’économie de l’esprit de justesse et de l’esprit de sens pour un projet de bonne gouvernance (Hokm Rached).

Si le problème de l’Algérie se résumait à quelques généraux, à Tewfik et à Nacer Bouteflika, Azraïl, l’Ange de la mort, nous aurait débarrassé d’eux, mais il s’agit de la mentalité vilaine de ses élites à l’exception de quelques Mohicans isolés dans la grande masse anonyme. Ces vilains oublient qu’il y a quelque chose de plus sacré que le pouvoir ou l’Étranger et qu’il faut respecter, il s’agit de l’intelligence humaine. L’Étranger dont ils veulent faire bruler les emblèmes a plus de cervelle et il peut donc agir à sa guise sur les réflexes de notre moelle épinière et de notre affectif.

Ces vilains oublient qu’il y a quelque chose de plus compliqué et qu’il faut rompre avec le simplisme manichéen : Transformer un peuple et éveiller sa conscience pour qu’il se prenne en charge. La fascination médiatique, les appareils, l’anathème sont les ennemis de la libération, car ils détournent du sens du devoir, du sens des réalités et du sens de la vérité. Comme Pygmalion, on finit par s’adorer au travers de l’objet fabriqué par nos mains et par le délire de notre propre imagination. L’Étranger maléfique ne vient pas de Mars ou de Vénus, il provient de notre propre incompétence.

Continuez ainsi vous êtes sur la bonne voie de l’auto sabotage !

Puisque vous êtes bien informés et bien guidés, en nous livrant des documents secrets, livrez à l’opinion algérienne les prétendus officiers supérieurs qui auraient donné la « garantie » du maintien du second tour en décembre 1991 et que l’armée algérienne se tiendrait aux côtés du FIS. Combien de vies humaines auraient été sauvés si chacun avait assumé honorablement sa tâche de défendre l’Algérie. L’armée en ce moment-là, en réalité, elle était gonflée à bloc par l’image d’un jeune prédicateur en uniforme défiant un général sans uniforme : la rencontre entre l’arrogance et l’ignorance ou entre la naïveté et la ruse ?

Quelle a été l’efficacité de la communication et des analyses de l’opposition durant ces vingt ans ? Quelle a été la qualité de son discours auprès des décideurs étrangers et algériens au cas où elle aurait en charge la conduite des affaires du pays : nulle. On ne produit pas des idées lorsqu’on est aveuglé par l’affectif ou emporté par l’esprit partisan.

En ces moments cruciaux, les Algériens appellent l’Étranger à la non-ingérence dans les affaires intérieures comme si le monde allait se passer de défendre ses intérêts, de placer ses pions, de se mettre en position de force qui impose sa domination à un pays en effondrement. Je suis étonné de voir comment personne ne parle directement à l’Étranger pour faire de la pédagogie diplomatique, sécuritaire, économique, industrielle et financière auprès des grandes capitales, des faiseurs d’opinion, des chefs d’entreprise. Personne ne fait des propositions sérieuses. L’Étranger ne peut lâcher ce système que s’il trouve un autre système qui lui fait comprendre l’intérêt de divorcer et changer de partenaire. Gouverner c’est prévoir, pour l’instant ce sont le festif et l’occulte qui occupent la lumière et l’ombre.

L’Histoire rendra son verdict si les hommes lui donnent les matériaux pour juger en toute équité. Les Algériens semblent avoir la mémoire courte et chacun emportera donc sa mémoire pour la livrer le Jour du Jugement dernier où il n’y a ni rente, ni pouvoir, ni secret à garder, ni symboles à bruler, ni revanche à prendre…

Omar MAZRI – ALGERIE RUPTURE

Rédaction

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