En Algérie nous avons eu le MTLD et le PPA avant le FLN comme De Gaulle avait le Mouvement républicain populaire (MRP) en 1944 puis le Rassemblement du peuple français RPF (1947-1955). Pour des raisons historiques, politiques, institutionnelles et culturelles le parti de la droite française a connu des vicissitudes, des changements, des mutations, des renoncements, des trahisons, des renouveaux : UNR, UDT, UDR, UD-Ve, RPR, UMP, les Républicains… Ce n’est pas fini. C’est le propre des existences dans ce bas-monde : naitre, changer puis disparaître.
Le FLN aurait dû faire sa mue en 1962 et ou bien devenir un Front d’édification nationale avec toutes les tendances politiques qui avaient cru en l’indépendance et qui croyaient en la souveraineté nationale politique, économique et culturelle. Mais les luttes idéologiques et les rentes (idéologiques, historiques, religieuses et économiques) ont fermé le jeu politique. Comme les « démocraties » de l’Europe de l’Est nous sommes restés dans l’illusion du parti unique.
Le FLN dans la réalité n’était pas un parti politique, mais un appareil d’État. Ce sont la culture, la logique historique et le monopole qui ont fabriqué des fossiles, des abris sociopolitiques aux opportunistes et des porte-voix pour le système en place.
Aujourd’hui comme en 1988 et 1990 des voix s’élèvent pour revendiquer la dissolution du FLN et sa mise au placard (musée de l’histoire) sous prétexte qu’il appartient à tous pour certains ou qu’il a servi à Bouteflika pour d’autres.
Le problème est mal posé et à dessein car il y a des sous-entendus idéologiques et colonialistes :
- Le FLN comme l’ANP (ANP) sont des symboles de résistance nationales qu’il faut éradiquer…
- Le FLN comme l’ANP sont une expression populaire de l’arabité et de l’islamité, même si elle est dévoyée et instrumentalisée par les rentiers et accaparés par des médiocres et des incompétents
- Le FLN n’est pas le seul monopole de la pensée unique et du bricolage politique : tous les partis politiques, toutes les associations dite société civile, n’ont aucun caractère démocratique et ne produisent ni idées, ni renouveau, ni adhésion populaire.
Le problème est mal posé et à dessein car il y a une communication de diversion (médiatique, politique et idéologiques) : l’urgence et la préoccupation ne sont pas le FLN, mais le changement pour le salut de l’Algérie. Dans l’impasse entretenue volontairement, il nous faut briser les rentes et les obstacles idéologiques pour aller aux élections :
- Élire un président et initier avec lui toutes les réformes politiques et institutionnelles
- Ou bien reprendre le processus démocratique et électoral en partant de la base : APC, APN, Constitution puis Président de la République en moins d’un an. Le peuple devrait s’organiser politiquement et produire ses élites locales et nationales. En attendant la Constitution actuelle et l’ANP gouvernent le pays pour éviter le vide et l’anarchie…
- Ou bien élire un Président de transition politique pour 1 ou 2 ans avec un gouvernement restreint.
- Si le peuple refuse ces trois possibilités alors une consultation doit se faire pour organiser un référendum sur les 1 à 3 scénarios de sortie de crise
Le problème est mal posé car la classe politique et culturelle est incompétente. Dans la logique et dans le respect de la Constitution personne n’est habilité à dissoudre quoique ce soit et encore moins un parti politique, même s’il est décrié. Le FLN, en qualité de Hizb et non en qualité de symbole, appartient à ses militants. C’est à eux de revendiquer un congrès du parti et décider de l’avenir du parti : changement de nom, changement de statut, dissolution, élection d’une nouvelle direction et d’une nouvelle ligne politique.
Dans une démocratie, de fait ou en gestation, ni les autorités, ni les partis politiques, ni la société civile n’ont compétence sur la légitimité et la légalité d’un parti politique. La légitimité revient aux militants et au électeurs. La légalité revient à la Justice lorsqu’il y a manquement aux règles et transgression aux lois en vigueur.
A chacun son métier et les vaches seront bien gardées.
Le FLN, dans ses symboles et ses militants et non dans son sigle et ses appareils, est une idée noble et généreuse toujours d’actualité. Les Algériens dans leur immense majorité portent les idéaux d’arabité, d’islamité, de modernisation et de souveraineté nationale cristallisés dans le FLN de 1954.
Omar MAZRI