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mercredi 20 novembre, 2024

La tragédie irakienne et le crime perpétré par les Etats-Unis en Irak

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Nous assistons à des émeutes sanglantes en Irak, quel sens leur donner ? Pour comprendre, il faut remonter loin jusqu’à l’assassinat de Hussein le petit-fils du Prophète Mohamed (saws) et la destitution de Hassan l’autre petit-fils du Prophète au profit des Omeyades.

Nous allons nous contenter de repères plus récents : la révolution islamique d’Iran et la fin de l’hégémonie américaine en Iran :

Acte I de la tragédie irakienne :

Poussé par les Bédouins vassaux des génocidaires américains et le narcissisme des Elites arabes politiques et religieuses, l’Irak entre en guerre contre la jeune république islamique d’Iran. Le choc de deux grandes anciennes civilisations va laisser un million de morts et des millions de blessés de part et d’autre. Il va laisser des pays meurtris, appauvris et endettés. Il va laisser des armées ayant l’expérience de guerre, mais sans ressources militaires. Il va surtout laisser un clivage ravivé entre sunnites et chiites à l’intérieur de l’Irak ainsi qu’une mobilisation internationale contre l’Iran et l’Irak.

Acte II de la tragédie irakienne :

Poussé par le même narcissisme et les mêmes mécanismes de subversion géopolitique, l’Irak envahit le Koweït pour le réintégrer dans le territoire irakien avant le découpage des géographies arabes et musulmanes par les empires coloniaux. Le retrait irakien sans négociation et sans garanties va décimer les blindés, l’infanterie motorisée et l’artillerie de l’armée irakienne. La prétendue grande armée du monde arabe qui aurait pu résister à l’entité sioniste est achevée.

Acte III de la tragédie irakienne :

L’embargo qui va paupériser le peuple irakien pour le soumettre sinon le mettre en situation de révolte. La révolte ne doit pas déboucher sur la démocratie, mais sur le morcellement de la géographie avec des clivages violents entre ethnies, confessions et autres particularismes.

Acte IV de la tragédie irakienne :

La guerre menée par la coalition internationale contre une armée sans ressources et un peuple désorienté. Les conséquences de cette guerre impitoyable (où se combine l’uranium appauvri, la désinformation et la subversion idéologique) sont catastrophiques :

  • Des millions de victimes
  • Une infrastructure détruite
  • Une armée dissoute
  • Un État dissolu
  • Le réveil des trahisons, des cupidités et des règlements de compte.
  • L’exacerbation des clivages religieux et des contradictions sociales
  • La mise en place des bases militaires pour encercler l’Iran
  • La confiscation des ressources nationales
  • La promotion des vassaux, des incompétents et des corrompus
  • La défense de l’entité sioniste qui peut se préparer à réaliser la « Prophétie »
  • Le redéploiement des comptoirs commerciaux et des colonisations à travers la planète par l’intimidation, le racket et la menace directe. L’Irak est l’exemple typique avec son président lynché, ses hauts fonctionnaires torturés et jugés sans droit, sa méga ambassade américaine, sa dislocation, sa guerre civile larvée…

Acte V de la tragédie irakienne :
La systématisation méthodique de la corruption et des clivages sectaires : sunnites, chiites, chrétiens et kurdes.  L’effet bénéfique de cette corruption massive et cupide est qu’elle a révélé l’ampleur de la corruption du corrupteur américain au sein même du Pentagone. La loi de Dieu invisible, mais implacable s’abat sur eux et leurs alliés :

إِنَّهُ لا يُفْلِحُ الظَّالِمُونَ
{Certes, les iniques ne cultiveront point}

Le Falah est traduit imparfaitement par la réussite (mondaine) ou le bonheur mais il s’agit davantage de l’impossibilité d’ancrage historique, d’efficacité morale, d’efficience sociale, de pérennité en dépit des apparats de puissance militaire, médiatique, intellectuelle ou de réalisation militaire, économique et politique.   Le temps est l’ennemi de l’injuste, de l’inique, de l’agresseur et du transgresseur. Le temps va détruire tous les effets escomptés et dévoiler toutes les conséquences néfastes ternissant l’image factice de la réussite, de la victoire des envahisseurs, des usurpateurs et des imposteurs. Ce temps n’est pas un temps mort, mais un temps actif celui de la résistance.

Le Falah et la réussite sont dans le même rapport que l’espérance et l’espoir. L’espoir est mondain, l’espérance est spirituelle, l’espoir est que quelque chose d’avantageux se produise, l’espérance est de trouver ou de conserver un sens à l’existence. Le Falah est la réponse à l’espérance et au combat d’une vie au service de la vérité et de la justice. La réussite est la réponse immédiate aux vains espoirs ou aux bons espoirs, elle peut se conclure par une absurdité, une monstruosité, un cynisme alors que le Falah est toujours porteur d’espérance et de sentiment de devoir accompli. L’œuvre du Mouflih est semences qui finissent par produire des fruits alors que le contraire est perdition, vanité, insenséisme, condamnation par l’Histoire et tortures dans l’au-delà.

Acte VI de la tragédie irakienne : UN ESPOIR

Les résistants sunnites et chiites à l’envahisseur américain, malgré leur isolement, malgré leurs divergences et malgré la diversion médiatique et diplomatique ont réussi à faire échouer le plan américain. Les Envahisseurs sont obligés de battre en retrait avec leurs pertes de 5000 soldats et 3 milles milliards de dépenses militaires.

Acte VII de la tragédie irakienne : L’Islamophobie

Je ne vais pas redéfinir, ici, les concepts de l’Islamophobie et ses mécanismes guerriers militaires et idéologiques. Je vais juste rappeler que l’Islamophobie consiste à :

  • Créer de la méfiance à l’égard des musulmans pour les isoler du reste du monde et à ne pas éprouver pour eux de la compassion ou de la pitié. L’Islamophobie est un procédé de deshumanisation.
  • Créer de la défiance entre musulmans pour les pousser à ne pas s’unir et les inciter à s’entredéchirer. Dans chaque camp laïciste, islamiste sunnites et islamiste chiite on fabrique des pygmalions, des miroirs diaboliques, des répulsions, des interlocuteurs valides.

L’Empire dispose des outils de la post modernité (réseaux, psychologie sociale, communication, ethnologie …) pour manipuler les gens, les mobiliser et les assembler derrière des leaders d’opinion. Agissant, conscients ou inconscients, librement ou aliénés, les agents internes de l’Islamophobie portent – dans leurs esprits et dans leur organisations les  germes de la dissolution, de la révolte, de l’anarchie, du sectarisme, de l’infantilisme politique, de la mystification historique, de la dislocation et du narcissisme. Ils portent les tares de la société triplement héritées de la décadence musulmane, des séquelles de la colonisation, et de l’indépendance mal gérée.

C’est ainsi qu’il faut interpréter l’infantilisme des salafistes, le bavardage des wahhabites, l’inefficacité des Frères musulmans, la pensée unique des nationalistes, le monopole des laïcistes, le narcissisme des gouvernants dans la destruction de ce qui fait la grammaire des civilisations en l’occurrence les territoires, les mentalités, les histoires, les économies et les armées.

C’est dans cette ambiance de césures civilisationnelles que le colonisateur intervient pour disloquer et s’accaparer. Pour achever un germe de civilisation, une voie d’unification et de fraternisation ou un projet d’indépendance le colonialisme s’allie avec les affairistes, les opportunistes et fabrique les monstres du fanatisme qui déblaient pour lui le terrain ou achève son œuvre dévastatrice. C’est en connaissance de cause que Cheikh Al Ibrahimi et Khomeiny ont qualifié le colonisateurs et ses alliés de Satan.

Ce Satan, sous image américaine, et ses liges européens (France et Grande Bretagne) et arabes (Ligue arabe, islamistes fréristes, islamistes salafistes, laïcistes libéraux, laïcistes progressistes) participent directement à la néantisation des germes de libération ou d’étatisation. Ils reconduisent le chaos et l’aliénation par l’adoption des systèmes de rentes, de cooptation et de quota ainsi que l’alignement idéologique et militaire sur les parrains étrangers (américains, européens et arabes) ; Ils font ainsi porte-voix et légitimation à l’intervention de l’OTAN et écran à la rapine internationale. Les exemples flagrants sont la Libye, la Syrie et le Soudan.

Daesh et consorts ne sont que l’expression la plus violente et la plus insensée de cette pourriture et de ce pourrissement. C’est par eux et au nom du combat contre eux que l’Empire s’est repositionné en Irak alors qu’il a été vaincu par la résistance tant sunnite que chiite.

Acte VIII de la tragédie irakienne : LE CONTRAT DU SIÈCLE ET L’IRAN

  • Le contrat du siècle consiste à :
  • Liquider la question palestinienne
  • Liquider les résistances arabes et musulmanes
  • Liquider l’Iran
  • Normaliser les relations avec l’entité sioniste seule puissance militaire et culturelle autorisée à régner sur la région
  • Partager les territoires et les ressources arabo musulmanes entre les anciens empires coloniaux
  • Édifier l’OTAN arabo musulman qui fera le gendarme et la chair à canon au lieu et place des Occidentaux.

Ce contrat ne peut se réaliser que si :

  • L’Iran se trouve contraint de se confiner dans son territoire sans envergure militaire, culturelle, idéologique et scientifique. Ce que l’Iran refuse.
  • L’Irak est déboité de la Syrie et de l’Iran. Ce que le mouvement de résistance Arabe refuse.
  • L’Iran ne considère plus la présence militaire étrangère en Irak comme menaçant son intégrité et sa sécurité intérieure, mais comme allié. Ce qui est chose impossible.

Dans cette confrontation, l’Iran avec patience, intelligence et sens stratégique a poussé les Américains et leurs alliés à faire des fautes et à exploiter à son avantage les erreurs et les incompétences occidentales. Il dispose de suffisamment de profondeur civilisationnelle, religieuse et intellectuelle pour être lucide et acteur majeur. La plus grande victoire de l’Iran est de développer ses capacités militaires et scientifiques en dépit des embargos et des sanctions économiques et financières. Mais la victoire la plus importante est d’avoir fédéré tous les mouvements de résistance arabe contre la présence américaine. La victoire la plus magistrale est son influence sur l’Irak. Si le Turc Erdogan joue sur le nationalisme turc et les fantasmes passés de l’Empire ottoman sans servir les causes musulmanes et palestiniennes, le stratège Khamenei joue sur les profondeurs civilisationnelles de l’Irak, de la Syrie et de l’Iran ainsi que sur les convergences doctrinales du chiisme dont celles de la résistance à l’oppression.

Les Américains et l’entité sioniste acculés n’avaient comme solution que la pratique maffieuse :

  • La corruption et l’intimidation,
  • Le refus de voir les problèmes sociaux se régler et les infrastructures se reconstruire
  • Le refus de voir les compétences émerger
  • L’interdiction de solliciter des partenaires non inféodés aux Etats-Unis comme la Russie et la Chine.
  • Le crime pour limiter la casse et faire reculer l’Iran.
  • Ordonner à leurs agents et mercenaires en place d’accomplir des actes de sape, de sabotage, de provocation et de représailles….
  • Ordonner à leurs vassaux arabes et européens de désinformer et de manipuler les opinions.
  • Le soulèvement populaire des populations contre le système corrompu qu’ils ont mis en place ou contre l’austérité qu’ils ont imposée pour faire diversion et en même temps replacer leurs pions tout en les soumettant à l’intimidation et la menace.
  • L’assassinat de Soleimani…

Voici ce que dit Abdul-Mahdi le Premier ministre irakien démissionnaire :

« Ce sont les Américains qui ont détruit le pays et qui l’ont ravagé. Ils ont refusé de terminer la construction du système électrique et les projets d’infrastructure. Ils ont négocié la reconstruction de l’Irak en échange de l’abandon par l’Irak de 50 p. 100 des importations de pétrole. J’ai donc refusé et j’ai décidé d’aller en Chine et de conclure avec elle une entente importante et stratégique. Aujourd’hui, Trump essaie d’annuler cet important accord.

[…]

Après mon retour de Chine, Trump m’a appelé et m’a demandé d’annuler l’accord, j’ai également refusé, et il a annoncé sous forme de menace qu’il y aurait des manifestations massives pour me renverser. En effet, les manifestations ont commencé, puis Trump a appelé de nouveau, menaçant d’une escalade en cas de non-coopération et de refus de ses demandes, expliquant que des éléments extérieurs tireraient pour tuer à la fois des manifestants et des forces de sécurité du haut des plus hauts bâtiments et de l’ambassade américaine, pour faire pression sur moi, pour me soumettre à ses souhaits et annuler l’accord avec la Chine.

Je n’ai pas répondu et j’ai remis ma démission, et les Américains insistent encore aujourd’hui pour obtenir l’annulation de l’accord avec la Chine. Quand le ministre de la défense a dit que ceux qui avaient tué les manifestants étaient des éléments extérieurs, Trump m’a appelé immédiatement et m’a menacé physiquement, ainsi que le ministre de la défense, au cas où l’on parlerait encore de ces éléments extérieurs ».

Ce gangstérisme militaire, médiatique et diplomatique est ce que les non civilisés occidentaux nomment les bienfaits de la civilisation par la colonisation et ce que les non civilisés arabes et musulmans appellent de tout leur vœu pour les maintenir au pouvoir en échange de la légitimation de la prédation de leurs territoires et de l’humiliation de leur peuple. C’est ce que revendique les frères ennemis en Libye devenu un imbroglio d’affaires maffieuses internationales.

Est-ce que les Algériens

  • En affichant leur neutralité en Libye et au Mali et leur non-ingérence constitutionnelle sans disposer d’un rapport de forces réelles ou d’un intérêt stratégique comme point de levier ou argument de négociation
  • En faisant des réformettes à base de compromis pour satisfaire tout le monde au risque de déplaire à tous
  • En mettant en place une pléthore de cabinets ministériels avec des redondances et des non-sens
  • En ne créant pas de dynamique qui rompt avec l’inertie immobile du système et qui prend de vitesse l’inertie mouvante du Hirak qui dépense de l’énergie sans proposer de solutions ou de cadres
  • En n’engageant pas des débats publics contradictoires et des communications pédagogiques
  • En recourant au discours paternaliste des années 70 de « il faut » sans proposer d’ingénierie ni mettre en place les mécanismes d’une résistance nationale
  • En mettant en exergue gouvernementale des figures opposées à la légalité constitutionnelle
  • En engageant des dialogues avec des microcosmes politiques

Vont-ils pouvoir s’affranchir rapidement et se protéger efficacement eu égard à la menace qui pèse tant à l’extérieur sur leurs frontières qu’à l’intérieur au sein de leur propre corps social et politique où les apparentes oppositions politiques tentent de masquer les trois principales contradictions :

  • Le clivage idéologique entre islamisme, nationalisme et laïcisme sans qu’aucune partie n’avance à visage découvert sur des concepts scientifiques et méthodologiques et en conformité avec la réalité du monde.
  • Le clivage entre préférence nationale et préférence étrangère
  • Le clivage entre la rente (historique, sociale, culturelle, religieuse et économique) et la production du surplus par l’effort productif et le redistribution équitable et sensée.

  Vont-ils pouvoir se mettre au travail sérieusement et affronter les défis internationaux et nationaux. En attendant les échéances sur la Constitution et le Parlement, le gouvernement de transition actuel est-il suffisamment motivé et éclairé sur les enjeux d’un front national de résistance et d’édification ? Est-il bien au fait des pratiques politiciennes et de la culture bureaucratique algérienne qui sont perméables à l’entrisme des Frères musulmans, des berbéristes et des pseudo marxistes experts dans l’art de phagocyter, cannibaliser, paralyser, détourner ou faire pourrir les hommes, les appareils et les projets ?

Je fais exprès la liaison entre l’Irak et l’Algérie car les objectifs de l’Empire sont les mêmes pour nous tous et parce que nous sommes vulnérables. En dépit du triomphalisme facile à déclamer, l’Empire connait notre vulnérabilité et il saura fendre nos faibles cuirasses si nous lui laissons l’initiative.

Acte IX de la tragédie irakienne : Le cycle des représailles – contre représailles

Tous les actes sont une mise en abime en termes de tragédie dans un récit. Ici et maintenant les lois de la dialectique vont continuer à faire leur œuvre :

  • Récit historique des civilisations anciennes contre narrative des contre civilisations actuelles
  • Opposition de la volonté de se libérer contre la volonté d’opprimer
  • Le devoir de la loi du talion de l’opprimé contre la culture belliciste et brutale de l’Empire oppresseur

Toutes ces contradictions et ces oppositions vont finalement trouver conclusion qui ne sera que dramatique par la pression historique et par la juste loi du retour des choses sur elles-mêmes : la fin et la résurrection, le néant et la renaissance, la civilisation après la décadence, la vie après la mort. Cette loi de l’éternel retour passe par un jugement, une évaluation, une lutte, une quête de salut.

L’Irak va être le lieu de confrontation et la fin de la tragédie. L’Occident et les Bédouins vont présenter la lutte en Irak comme une guerre de procuration entre l’Iran et les Etats-Unis. La véritable guerre de procuration se passe en Libye et a pour enjeu le partage non seulement des ressources libyennes (eau, gaz, pétrole et poisson) mais celui de l’Afrique. La guerre en Lybie c’est également la confrontation entre les idéologies sectaires du monde arabe : frérisme, wahhabisme, libéralisme et progressisme au service de l’OTAN. La guerre en Irak sera celle de la résurrection de la Perse, de la Mésopotamie et de l’Assyrie contre ceux qui ont anéantit les peuples d’Afrique, d’Amérique et d’Asie. Sinon c’est la fin définitive de l’Iran, de l’Irak, de la Syrie et de la Palestine.  Cela va plus loin et plus profond que l’appartenance à l’arabité, au sunnisme ou au chiisme ou à un territoire libanais, syrien, irakien ou iranien.

Exister comme alternative en tant que néo berceau de l’humanité après la fin de la Modernité et l’agonie de la Post modernité ou sombrer avec comme seule alternative finir en tombeau des civilisations humaines liquidées par l’impitoyable cupidité du matérialisme occidental.

Dans cet acte ultime la question « One Two  Three où va l’Algérie ? » attend réponse !

Omar MAZRI

Rédaction

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