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mercredi 20 novembre, 2024

La prière du vendredi et le coronavirus

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Une fois de plus les catastrophes écologiques ou sanitaires viennent remettre en cause les dogmatismes et les prétentions du rationalisme, du technologisme et du scientisme dans leur version moderniste ou post moderniste. Elles dévoilent les « bienfaits » de la civilisation matérialiste et révèlent l’angoisse de l’humain transformé en bête de consommation et en jouet de spectacle.
Elles révèlent les incohérences et les fuites en avant des imposteurs de l’Islam qui se sont transformés en clergé monopolisant la politique, l’économique, le social, la culture et le religieux pour produire des mythes du genre « nous sommes parfaits » du seul fait d’être musulmans par naissance et non par vocation ou par choix libre et responsable qui fixe la règle du devoir : faire le bien et témoigner. La liberté de croire et ses impératifs de vertu, de piété et de quête de bien pour soi, pour ses proches et pour son prochain sont occultés par une rente religieuse fortifiée, consolidée et systématisée par la médiocrité de l’école, de la mosquée et des élites religieuses et intellectuelles aptes à un seul effort : répéter inlassablement les mêmes mots, les mêmes stéréotypes et les mêmes mythes sans tenir compte des exigences de la réalité et des impératifs de vérité.

Les élites religieuses et intellectuelles partagent le même vide, le même mensonge, le même anachronisme, la même fausse monnaie, la même inefficacité.
A titre d’illustration de l’échec de la mosquée et des « sachant » usurpateurs du statut de savants et de pieux, nous avons leur implication consciente ou inconsciente dans les césures de ce qui fait la grammaire d’un changement civilisationnel et l’émergence d’une oumma wassata : pôle de rayonnement spirituel, culturel, économique et scientifique qui croient en Dieu, en Son Livre tout en œuvrant pour la promotion du bien et de l’utile ainsi que la lutte contre le mal, le futile, la transgression et le nuisible. Ces césures nous sont imposées par l’Empire, sa diplomatie, ses armées, sa culture et ses marchés. A ce jour les figures médiatiques de l’Islam pseudo politique (Qaradhaoui, Ramadan et autres gourous du frérisme sectaire et du salafisme infantile) n’ont ni la pudeur ni la conscience de demander pardon pour leur participation dans la destruction de la Syrie et de la Libye. Toute honte bue ils viennent nous parler d’épidémiologie et de conduite « islamique » à tenir étant persuadés qu’il sont les représentants légitimes et légaux de l’Islam de droit divin.

Le rôle d’éducateur qui témoigne, incite à la réflexion et montre la voie de la responsabilité et du devoir perpétuant ainsi la voie prophétique a été escamoté pour laisser en place des sectes. Ces sectes pratiquent l’imposition sur les consciences refusant toute liberté d’opinion ainsi que toute démarche d’exploration et d’expérimentation. Elles se substituent à l’État constitué et à la communauté scientifique.
Au lieu de participer à l’éducation sanitaire, à la vulgarisation des méthodes prophylactiques, à la responsabilisation, ils poussent les musulmans à la fascination, à la fuite vers l’eschatologie et la métaphysique et surtout à subir les fautes des hommes au lieu de les combattre et d’accomplir leur devoir de réformateurs.

Le philosophe Spinoza avait apporté une réponse philosophique pour réfuter la fatalité et imputer, par ignorance ou par manipulation idéologique, à Dieu les responsabilités humaines directes ou indirectes des accidents, des catastrophes. Là où nous jetons l’œil nous voyons la défaillance humaine par cupidité, par monopole, par mépris, par fausse démocratie, par illégitimité, par incompétence. Nos religieux, à l’opposé de l’énoncé coranique sur lequel il ne devrait y avoir aucune ambiguïté et dans lequel il n’y a ni contradiction ni omission, sont à mille lieux de la vérité de situation. Lorsque le débat se fait sur fermer ou laisser la mosquée ouverte ou sur fuir le destin divin pour un autre destin divin ou sur des détails de Fiqh dépassés, alors il est temps de renouveler le discours religieux et la pensée islamique. Lorsque le débat se fait sur les conditions « démographiques » pour ouvrir la mosquée et officier la prière du vendredi en se référant à des dogmes anciens et contradictoires, il y a péril en la demeure. Peu nous importe que Malik, Ahmed, Hambal, Djaâfar ou Chafiî aient promulgué des Fatwas sur la tenue de la prière du vendredi avec 3, 12, 30 ou 40 personnes au minimum, mais il nous importe que l’Imam qui décide le fasse selon sa compétence à apprécier la réalité concrète du moment, qu’il le fasse armé du savoir authentique qui lui donne le sens de la vérité et de la responsabilité, qu’il le fasse agissant en être libre c’est à dire conscient de son savoir, de ses limites et de ses devoirs vis à vis d’autrui au moment et au lieu soumis à un examen logique sinon sensé, qu’il le fasse non en représentant de Dieu ou en monopole de rente, mais en citoyen qui agit en concertation avec le comité de la mosquée, avec l’assemblée des orants et avec les institutions de l’État. L’imam ne peut se substituer au peuple ni à l’État ni à la communauté scientifique.

Lorsque l’Imam n’est plus sermonneur expert en narration, mais éducateur expert en pédagogie et fin connaisseur de la réalité du monde, alors non seulement il peut transcender les règles de 3, 12, 30 ou 40 pour prendre les décisions qui s’imposent avec diligence sans tergiverser. Avec cette démarche, il n’aura ni à spéculer sur la fin du monde ni à engager des débats sans conséquences sur la catastrophe : châtiment divin, épreuve divine. Il verra alors que le Qadar et le Qada ne sont ni le destin imposé par un dieu arbitraire ni la prédestination qui enlève à l’homme toute responsabilité et tout pouvoir d’action : il s’agit de lois et de dialectique qui imposent une marche à l’histoire et un progrès de l’humanité vers un Dessein divin : révéler à la Création la Grandeur de l’Unité intelligente, créatrice, organisatrice des univers. Cet être d’origine modeste terrienne est capable de dépasser les anges et de vaincre les démons s’il parvient à vivre en harmonie avec le monde et à faire bon usage de ces attributs humains qui font de lui l’être privilégié dans la Création.

L’humain dans son universel, dans ses possibilités, dans son harmonie avec la nature et dans ses interactions avec les autres produit la tragédie ou le bonheur, la décadence ou le progrès, l’ange ou la bête. La religion n’est pas là pour le brider ou le déposséder de sa liberté et de ses responsabilités, mais de lui signifier le chemin à prendre (Sirat al Moustaqim) s’il veut son bonheur ici-bas et son salut la-bas. Celui qui prend ce chemin se libère des idolâtries, des dogmes, des mensonges, des transgressions et s’évite l’enfer ici-bas et la Géhenne là-bas. C’est le chemin de l’humilité, de la quête de sens, de la recherche de la vérité, de l’amour de Dieu et de l’empathie pour autrui par delà le bien et le mal ou le permis et l’interdit décrétés par les religieux qui se prennent pour Dieu alors que leur rôle premier est de servir les hommes en les éclairant sur les finalités, les quêtes, les dialectiques et les vérité-réalités.

J’espère que Dieu me prête longue vie et bonne santé pour aborder l’aspect de la mystique de l’histoire dans le cas présent de la pandémie sachant que le virus est pris comme bouc-émissaire pour occulter les incompétences et les injustices des hommes qui nous gouvernent et ceux qui nous désinforment.

Omar MAZRI

Rédaction

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