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mercredi 20 novembre, 2024

La France face à l’érosion de son influence internationale et à une crise sociale profonde

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La France traverse une période de turbulences à la fois sur le plan international et national. Jadis perçue comme une puissance respectée, elle semble aujourd’hui en voie de déclassement économique et politique. Deux mutations majeures de l’économie mondiale expliquent en partie ce recul. D’une part, la disparition de l’Union soviétique a redessiné les équilibres issus de la Seconde Guerre mondiale, favorisant l’émergence de l’Allemagne comme principale puissance européenne. Cette nouvelle configuration a renforcé la domination de Berlin au sein de l’Union européenne, transformant cette dernière en un outil au service des intérêts du capital allemand. D’autre part, l’émergence de puissances économiques comme la Chine a ouvert de nouvelles opportunités de partenariat pour les pays du Sud, réduisant ainsi les parts de marché historiquement détenues par la France et rendant ses ambitions néocoloniales de plus en plus intenables.

Sur la scène intérieure, la dynamique politique française a été marquée, depuis les années 1980, par une instrumentalisation croissante de la question de l’immigration, désignée comme la source de tous les maux de la société. Ce discours, amplifié par les médias, a favorisé une montée en puissance de l’extrême droite et exacerbé une colère sociale sous-jacente. Les récentes mobilisations – des Gilets jaunes à celles contre la réforme des retraites, en passant par les émeutes après la mort du jeune Nahel – en témoignent.

Une colère sociale sans exutoire

Le climat social actuel en France est dominé par une colère latente qui peine à trouver des canaux d’expression politique viables. L’absence de majorité parlementaire solide et la dépendance croissante du gouvernement vis-à-vis de l’extrême droite entravent toute capacité à mener une politique cohérente. Cette situation crée une crise de légitimité, accentuée par une série de mouvements sociaux massifs qui se sont succédé au cours des cinq dernières années.

À cette crise interne s’ajoute l’engagement militaire en Ukraine, qui pèse lourdement sur le budget national et affaiblit les industriels français en raison de la fermeture des marchés des alliés de Moscou. Cette conjoncture, marquée par la hausse des dépenses militaires et des prix de l’énergie, accroît la pression fiscale sur les classes populaires et alimente encore davantage le mécontentement social.

Le Sahara occidental, un enjeu de taille dans les relations franco-algériennes

Sur le plan international, les relations franco-algériennes se sont récemment tendues à la suite du revirement de Paris sur la question sahraouie. Cette question ne peut être résolue par des compromis superficiels, car elle touche à des enjeux géopolitiques majeurs, notamment le rôle stratégique du Maroc en tant qu’allié des puissances occidentales dans la région. Ce soutien est renforcé par la normalisation des relations entre le Maroc et Israël, ainsi que par l’expansion diplomatique et économique du royaume en Afrique subsaharienne, dans le cadre de la couverture des intérêts occidentaux.

L’Algérie, de son côté, subit des pressions croissantes pour qu’elle s’aligne sur l’agenda occidental, qui vise à reconquérir l’influence perdue en Afrique face à la montée d’une logique multipolaire. Les tensions avec le Maroc, l’instabilité régionale et la menace djihadiste sont autant d’outils utilisés pour tenter de contraindre Alger à suivre cette ligne.

L’influence de la France en Afrique en déclin

Sur le continent africain, la présence française est de plus en plus contestée, notamment dans ses anciennes colonies. La perte d’influence de Paris est évidente dans des pays comme le Mali, le Niger ou le Burkina Faso, où des coups d’État patriotiques ont mis en place des régimes opposés à l’influence néocoloniale française. Ces événements illustrent le rejet croissant de la Françafrique et le désir d’indépendance des populations locales.

La France ne renonce cependant pas à maintenir son emprise sur la région. Tout au long de l’histoire, elle a usé de multiples moyens pour préserver ses intérêts, qu’il s’agisse de manipulations électorales, de coups d’État soutenus en sous-main ou d’interventions militaires. L’évasion récente de terroristes de la prison de Niamey pourrait, selon certains observateurs, s’inscrire dans cette logique de déstabilisation, bien qu’il soit difficile d’en établir une responsabilité directe.

Le Sahel, une zone stratégique convoitée

Le Sahel constitue une région clé pour le contrôle d’une grande partie de l’Afrique, en raison de ses richesses naturelles et de sa position géopolitique. La destruction de la Libye a déclenché une période d’instabilité propice à l’émergence de groupes djihadistes, utilisés parfois comme instruments de déstabilisation régionale. Dans ce contexte, les coups d’État patriotiques au Niger, au Mali et au Burkina Faso sont perçus comme des efforts pour sortir du chaos et affirmer une souveraineté nationale face aux anciennes puissances coloniales.

Un risque de guerre mondiale ?

Enfin, la conjoncture internationale actuelle, marquée par une crise économique mondiale et la multiplication de conflits armés de haute intensité, suscite des inquiétudes quant à la possibilité d’une troisième guerre mondiale. La montée de la multipolarité, incarnée par des pays cherchant à rompre avec l’hégémonie américaine, est perçue comme une menace par les puissances occidentales, qui tentent de préserver l’ordre mondial actuel. Ce contexte rend plus que jamais nécessaire la mobilisation de mouvements pour la paix, capables de contrer les dangers d’une escalade généralisée.

Ainsi, la France se trouve à un tournant de son histoire, confrontée à une érosion de son influence mondiale et à des tensions internes qui menacent sa stabilité sociale.

Rédaction

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