Le Premier ministre français a récemment réaffirmé son attachement à une politique de fermeté mesurée, tout en soulignant la nécessité de ne pas rompre les liens de dialogue avec l’Algérie. Ces propos, rapportés par BFMTV lors d’une rencontre à Matignon consacrée à d’autres sujets, semblent marquer une nette autonomie retrouvée face aux pressions de Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur. Ce dernier, dont la démission est envisagée si sa stratégie de « riposte graduée » n’est pas adoptée par sa hiérarchie, avait précédemment menacé de tout abandonner.

Les autorités algériennes n’ont pas tardé à réagir. Par l’intermédiaire de l’ambassade de France à Alger, elles ont signifié leur refus catégorique d’accepter la liste de soixante ressortissants concernés par une OQTF que Paris souhaite imposer. Alors que cette décision était censée précipiter le départ de Retailleau, celui-ci a choisi de contrer en affirmant vouloir répondre au rejet de ses exigences, lesquelles semblent motivées par des calculs politiques internes à la France.

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Dans ce climat de désordre et d’incohérence apparente au sommet de l’État, le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a exigé le rappel immédiat de l’ambassadeur de France à Alger, en réaction à la réponse négative reçue dès lundi par les autorités algériennes. Parallèlement, des voix politiques, notamment issues du Rassemblement national, n’ont pas manqué de critiquer l’approche de Retailleau, appelant à une mise en œuvre rapide de sa « riposte graduée » et insinuant que la patience gouvernementale avait atteint ses limites. Certains observateurs évoquent même la possibilité que Marine Le Pen demande le limogeage définitif du ministre de l’Intérieur, voire son remplacement par un collaborateur de son choix, dans le cadre d’un accord passé avec le président Macron, à la suite des récentes déconvenues électorales.

À Paris, un changement de ton se fait également sentir. Des responsables, jusque-là fermement alignés sur la ligne dure prônée par le ministère de l’Intérieur, adoptent désormais une approche plus nuancée. Le chef de la diplomatie, par exemple, s’était déclaré prêt à se rendre à Alger pour négocier directement avec son homologue, tandis que le président Macron, en compagnie de Jean-Noël Barrot, réaffirmait la nécessité d’un dialogue direct, estimant que les échanges par voie médiatique ne pouvaient plus perdurer. Pour ces acteurs, le fait que l’Algérie réclame la disparition de Retailleau pourrait, en réalité, limiter l’escalade des tensions en isolant le conflit à un différend personnel plutôt qu’à une confrontation d’États.

En définitive, plus le départ de Retailleau sera prompt – que ce soit par démission ou congédiement – plus grandes seront les chances de voir amorcer un processus de désescalade. Cela permettrait de tourner la page sur l’un des conflits les plus marquants entre la France et l’Algérie depuis l’indépendance, une crise qui a failli plonger les relations entre Paris et Alger dans une rupture totale.

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