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dimanche 24 novembre, 2024

Algérie – Université : La moitié des étudiants refont l’année

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Près de la moitié des étudiants algériens, inscrits en tronc commun échouent aux examens et se voient obligés de refaire leurs années. C'est ce que nous a révélé M. Abdelmalek Rahmani, coordonateur et porte-parole du Conseil national des enseignants du supérieur (CNES), qui nous a assuré, dans un  entretien téléphonique, que ceux-ci dépassent de loin les 45% pour frôler la sinistre barre des 50%.

Cet enseignant impute cet échec à deux facteurs aussi déterminants l'un que l'autre. Il s'agit, en premier, de "la maitrise de la langue" de l'enseignement, qui fait " vraiment " défaut. En effet, après un enseignement général en arabe, beaucoup d'étudiants, pour nombre de filières, se trouvent à poursuivre leurs études universitaires en français, ce qui diminuera remarquablement de leur rendement. Comme deuxième cause de cet échec, M. Rahmani pointera du doigt les performances pédagogiques des enseignants qui ne sont pas, dira-t-il, suffisamment outillés pour mener à bien leur mission de "construire le savoir". "Les enseignants sont recrutés comme des diplômés et non pas comme des pédagogues", dira-t-il. Dans cet ordre d'idées le porte-parole du CNES plaide pour des cycles de formations en psychopédagogie au profit des enseignants pour qu'ils puissent parfaire, un tant soit peu, leur mission de " tutorat " qui veut que chaque enseignant prenne en charge un nombre d'étudiants jusqu'à sur le plan psychologique. Il dira, à cet effet, que cette nouvelle tâche incombée récemment aux enseignants dans le cadre du système LMD n'" a pas donné grand-chose ", puisque ceux qui sont supposés la mener n'ont pas forcément les connaissances et le savoir nécessaires. 

Un lien étroit entre l'échec et la violence

Les enseignants, ayant pris conscience de la question, organisent d'ailleurs un séminaire demain, le 19 décembre, pour discuter des moyens à mettre en œuvre  pour de meilleurs résultats. Selon M. Rahmani, des demandes officielles seront adressées au ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique pour leur fournir les "outils nécessaires" pour la besogne. Toujours sur le tutorat, il assure que c'est un " nouveau chapitre " pour l'université algérienne. " Il faut, a-t-il ajouté, voir ailleurs (les pays développés ndlr) : les étudiants sont assistés en permanence par des psychopédagogues ". Le porte-parole du CNES, qui dit que c'est là l'un des résultats de la " massification de l'université algérienne ", a assuré qu'un " lien étroit existe entre cet échec et la violence  dans les milieux universitaires ". D'ailleurs " c'est en période de délibération que des actes de violence sont enregistrés ", assure-t-il et d'ajouter : " se voyant rater l'année, égaré, non assisté sur le plan psychologique, un étudiant n'a devant lui que cette forme d'action qui constitue une forme d'expression, mais  aussi une fuite à son propre échec ".   

Retard : l'administration n'est pas pour rien

Interrogé sur des défaillants, M. Rahmani nous a informés que leur nombre reste insignifiant, assurant que le système LMD offre à l'étudiant la possibilité de " bloquer " une année ou encore de suspendre ses études, ce qu'il qualifiera d'un avantage au profit des étudiants. S'agissant du retard enregistré dans la rentrée universitaire 2011-2012, M. Rahmaini, rappelant que ce n'est pas nouveau dans les annales de l'université algérienne, l'a attribué à trois principales causes. La première est les " retard survenu durant l'année précédente " qui a nécessité un assez long rattrapage. La deuxième est le fait " les enseignants aient observé des débrayages pour demander l'amélioration de leur situation socioprofessionnelle. Enfin, la troisième dont M. Rahmani n'a pas minimisé les effets négatifs est la mauvaise gestion administrative des universités. Selon cet enseignant, ladite administration est allée jusqu'à s'immiscer dans le côté pédagogique de l'enseignement, ce qui n'est pas de son ressort.

Hamid FekhartLes Débats

Rédaction

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2 Commentaires

  1. Il y a tout de même 2 gros problèmes que le Collègue n’a pas soulevés ;ce sont en premier lieu le niveau et en second lieu la motivation des étudiants.
    Dans d’autres institutions où les inscriptions se font sur la base de ces 2 critères ,les résultats sont nettement meilleurs!
    Prenons l’exemple de l’USTHB; parmi les étudiants inscrits il a très peu qui ont « réussi » leur BAC avec la mention minimale AB;ajoutons à cela l’absence totale de motivation du fait que 90 pc des étudiants se retrouvent à l’USTHB parce qu’ils ne sont acceptés ailleurs
    Pour résumer, disons simplement que l’enseignant en première année et notamment à l’USTHB se retrouve confronté aux problèmes de la langue de travail,du niveau,de la motivation et de la surcharge des effectifs en travaux dirigés et travaux pratiques
    La solution pour limiter toutes ces perditions c’est de concevoir un produit pédagogique »3 en 1″!C’est réalisable à conditions de renforcer les moyens;augmenter le nombre de groupes de travaux dirigés et de TP,augmenter les créneaux horaires en ajoutant l’horaire de 16h 30 à 18h au lieu de fermer les locaux à 16h! et par voie de conséquence augmenter le nombre des enseignants.Faire cette manip et voir les résultats ,pourquoi pas?

  2. Sobhane Allah, comme il est facile de jeter la pierre sur la langue alors que l'homme dispose d'une compétence de nommer innée en lui qu'Allah a déposé en tous les hommes et que Chomsky dans sa grammaire génératice constate. Le problème n'est pas le passage de l'Arabe au français ou à l'anglais ou au français mais dans l'incohérence de faire du FLE (français langue étrangère) au niveau universitaire, d'écrire l'arabe de gauche à droite ou le français de droite à gauche ou de combiner l'arabe et la symbolisation latine en mathématique et en physique alors que les Arabes ont inventé l'Algèbre, les logarithmes et une grande partie de la trigonométrie.

    Comme toujours l'administration impute ses incompétences aux maitres d'oeuvre ici, en l'occurence, les enseignants. Elle ne fait d'analyse systémique ou d'analyse de processus : Entrée, flux et sortie. En analysant l'amont qui prédispose et donne désir à étudier puis l'aval qui donne mérite et désir. Bien entendu le flux lui même dans sa didactique, sa pédagogie, sa déontologie, sa docimologie, ses performances, ses facilitations, sa logistique pour prendre en charge aussi bien l'enseignant que l'étudiant ne sont pas analysés rationnelement.

    L'Algérie est un laboratoire où le minis habens qui révait d'un poulailler se retrouve à la tête d'une institution du savoir et qui prend ses hôtes pour des volatiles de basse cour où on leur apprend à picorer quelques graines de vieux savoirs sans jamais leur donner la liberté et la démarche d'acquérir le savoir.

    Notre Prophète (saws) ,An Nabi Al Oummiy, a mis en place le cadre : Al 'ilm bi ta'allum. Il n'a pas dit bi ta'lim. La différence est fondamentale entre les deux termes. Nous sommes en retard de 15 siècles sur le temps de la modernité. Quand des logiciels piratés qui coutent entre 7 mille et 30 milles dollars sont en vente à 50 ou 100 DA et personne ne pense à travailler selon la loi de la synergie, du principe kantien : Apprendre à formaliser et ne pas apprendre des formalismes, faire découvrir, faire faire, faire voir et voir faire etc… sont les mécanismes de la simulation et de la stimulation qui exigent de mettre fin aux amphis et de travailler en petits ateliers comme l'a souligné Soualmia.

    Les enseignants on leur parts de responsabilités, elle est lourde. Ils font des grèves et se font tabasser sur la tête par des cancres renvoyés de l'école pour défendre quelques intérêts corporatistes. Où sont les grèves, les manifestations, les assemblées générales, les publications qui posent problème et apportent des solutions sur une nouvelle manière d'enseigner, sur l'interaction des disciplines, sur la place des NTIC, sur le présentiel de l'enseignant sur le campus à disponibilité de l'étudiant pour continuer la transmission du savoir sous d'autres formes.

    L'enseignant algérien est le profil de "Ragda wa tmangi" à la maison loin de l'étudiant ou dans un second métier. Où sont les praticiens de talent qui ont marqué le territoire algérien qui viennent compéter l'enseignement pour qu'il ne reste pas une compilation livresque mais une ouverture sur la réalité des défis que l'étudiant doit se préparer à résoudre mais hélas comme dit le proverbe algérien "Khazha fawk maouha wa sbayib ahlakha soltan Jàir"

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