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samedi 23 novembre, 2024

Des sources chrétiennes du Coran ?!

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Notre mère  Khadija était chrétienne selon l’idéologie des voyous

Comment se  prononcer sur des informations circulant au sein d’une partie de notre jeunesse affirmant que notre mère Khadija était chrétienne. Sous entendant par là que le Prophète aurait été chrétien parce que le chrétien Waraqa ibn Nawfal, cousin de Khadija, aurait célébré leur mariage dans un milieu mecquois de cohabitation confessionnelle entre des communautés de Hanifs, de Chrétiens et de Juifs. Qu’en est-il réellement ? Quelle est la source de référence ?

Le doute, qui s’empare de l’esprit du croyant, est-il dans l’importance exagérée accordée à la chronologie universelle (Târîkh oul Roussoul wal Mouloûk) de l’historien Mohammad Ibnou Djarîr At Tabari ? Les critiques sur l’islam, les compagnons et l’authenticité du Qur’àn ne proviennent-elles pas de l’exploitation abusive et tronquée de cette œuvre monumentale  réalisée vers 353 H ?

Les sources de références

Sur le plan scientifique, l’œuvre de Tabari est considérable mais elle s’inscrit dans ce que les savants musulmans appellent la reconstitution des événements de l’histoire qui a moins de crédit historique que l’enregistrement en direct de l’histoire qui sont les compagnons du Prophète. Dans la lignée des grands historiens dignes de confiance, il y a Ibn Ishaq le premier à écrire la biographie du Prophète en 152 après la Hijra. Il est donc plus proche de la vie du Prophète et il avait à sa disposition les biographies écrites du vivant du Prophète. Il ne faut jamais perdre de vue que Tabari est un chroniqueur. Son oeuvre ne doit être accessible qu’aux historiens et savants. Le commun qui n’est pas versé dans la connaissance spécialisée n’est pas outillé pour lire et trier les chroniques de Tabari. La lutte idéologique consiste à donner aux jeunes musulmans des oeuvres difficiles d’accès non pour la formation des idées mais pour la formation du doute, de la contradiction des informations et du déluge d’informations dont ils n’ont ni les clés de compréhension ni le contexte ni les instruments scientifiques de lecture.

Une troisième branche historique est l’interprétation de l’histoire pour en dégager les lois et les leçons. Dans cet agencement il est certain que tout ce qui a trait à la vie du Prophète pour consolider sa foi ne peut être soumis à la seule appréciation de la troisième catégorie que si et seulement si elle  provient d’une source musulmane qui a compétence scientifique, autorité religieuse et vertu morale.

Il est rare, voire douteux, de voir un non musulman s’investir avec noblesse  dans le sacré du musulman car la bataille livrée contre le Qur’àn qui a commencé dès sa révélation n’est pas finie et ne vas pas s’achever. Par contre il est désolant de voir les musulmans donner crédit à une quatrième voie, celles des orientalistes et des évangélistes détracteurs de l’islam.

Cette quatrième voie s’appuie principalement sur les chroniques de Tabari. Est-ce que Tabari aurait failli ?

Les savants musulmans ne sont pas ignorants de l’œuvre de Tabari ni de celle d’Ibn Ishaq ni d’Ibn Hicham comme ils ne sont pas ignorants des principales sources explicatives de l’histoire initiale de l’islam : les Sahihs (Authentiques) de Muslim et Boukhari pour s’en référer en cas de doute. Au dessus de toutes ses compétences, ils ont la connaissance du Qur’àn qui est et reste la première et la dernière référence pour comprendre l’islam et le Qur’àn. Ils connaissent donc les sources internes du travail de Tabari et ils sont unanimes à dire qu’il a respecté la règle de l’isnad (la chaine de transmission). Cependant deux problèmes restent posés qui demandent une circonspection pour le non spécialiste qui fait de Tabari son unique recours.

Le premier est lié à l’authenticité du récit des transmetteurs dont certains ont pris la culture de leur époque c’est-à-dire l’introduction biblique (al israiliyate) dans le fait islamique. Il appartient aux historiens musulmans de travailler sur son corpus de milliers de pages pour infirmer ou confirmer non la chaine qui est juste mais l’objectivité du transmetteur et épurer ainsi l’histoire musulmane du fabuleux, du légendaire et du judaïque. Il est particulièrement intéressant  de lire la présentation qu’IqraShop fait de la traduction des chroniques de Tabari :

La Chronique de Tabari, dans laquelle ont puisé les principaux historiens orientaux, offre, même dans sa forme abrégée, un grand intérêt pour l’étude de l’histoire de l’Orient. Il est certain que pour quelques périodes par exemple, pour l’histoire des Omeyyades, elle reste la source la plus précieuse des connaissances et même celles de ses parties qui sont dépourvues de critique et de toute valeur historique, telles que les fables relatives à l’histoire ancienne, ne manquent point d’intérêt, car elles contiennent cette foule de légendes auxquelles tous les auteurs musulmans font des allusions perpétuelles, et que le lecteur européen est souvent bien embarrassé de trouver, pendant que Tabarî nous les donne dans un cadre qui en facilite singulièrement la recherche.

Si Al Albani et d’autres savants ont fait un travail remarquable sur le Hadith, il reste à la communauté scientifique musulmane de faire le travail de purge de son riche patrimoine et en particulier des chroniques de Tabari comme le préconise le savant Al ‘Alwani.

Le second problème est plus subtil et plus pervers car il est relatif à la traduction de l’œuvre de Tabari par les occidentaux. Il est remarquable d’ouvrir une parenthèse et de constater comment les Occidentaux si friands de vérité et de traduction n’accordent pas d’importance à Ibn Hicham. J’avance une opinion qui ne doit pas être loin de la vérité : dans son traité « La Biographie du Prophète » Ibn  Hicham procède à l’étude généalogique des Juifs et des Chrétiens et de la littérature arabe annonçant la venue d’un Prophète parmi les Arabes. Il décrit les Bani Nadir et les Bani Qoraydha comme les descendants  de la secte juive de Qomran. Il va jusqu’à faire correspondre les Juifs d’Arabie à Haroun le frère de Moïse.

Bien avant l’heure il a ouvert un dossier d’actualité, celui des Manuscrits apocryphes de la mer morte et ses controverses religieuses, scientifiques  et politiques entre Juifs, Catholiques, Protestants et Anglicans. Cette parenthèse nous renvoie à un dossier brulant qui interpelle la conscience religieuse et intellectuelle des occidentaux et des personnalités arabes judéo-chrétienne sur l’authenticité de leurs sources. Ce dossier s’appelle le scandale de la fin du second millénaire qui continue au début de ce troisième de faire couler de l’encre et de déchainer des passions religieuses et idéologiques.

Le scandale est aussi dans notre acceptation du fait que ceux qui ne sont pas capables de traduire leurs propres sources et de comparer leurs textes sacrés s’occupent des nôtres. L’expression arabe dit Faqad as chay la ya’tih : Celui qui ne possède pas un objet ne peut le donner à autrui. Celui qui manque de crédibilité ne peut vendre ses boniments.

Les occidentaux n’ont pas traduit la version originale mais la version iranienne synthétique, celle du savant samanide chiite al Bal’ami. Al Bal’ami a produit 40 ans après la mort de Tabari une version traduite en perse puis abrégée par l’élimination des différents avis sur le sens ou la source d’une chronique, et contenant en plus des opinions personnelles et des avis doctrinaux de al Bal’ami introduisant un biais scientifique et historique comme l’affirme des savants tels que Chah Abdoul Aziz Al Mouhaddith Ad Dhalawi dans « Touhfah Ithnâ Achariyah. Cette version traduite, simplifiée et remodelée fut ensuite retraduite en arabe. C’est la version finale abrégée et biaisée (4 volumes) qui a connu une notoriété plus grande que la version originale ( 16 volumes). C’est l’imparfaite qui a été traduite par H. Zotenberg en 1874 en français et proposée encore aujourd’hui au public francophone sous le titre de « La Chronique – Histoire des Prophètes et des Rois » ou de « La Chronique de Tabari ».

Herman Zotenberg orientaliste juif a non seulement traduit une version escamotée de la chronique de Tabari mais a procédé à sa falsification en dénaturant la période qui va de la naissance de Mohamed (saws) à son Apostolat pour faire de lui un vulgaire copiste ou copieur de la Bible. Il a, bien entendu, donné plus d’éclat aux quelques affabulations inévitables dans un travail de compilation historique. La falsification de l’œuvre de Tabari s’est opérée par un procédé scandaleux relevant davantage de l’idéologie que de la science en utilisant à la fois la mauvaise traduction et l’omission de phrases, de mots et de chapitres entiers.

Le subjectivisme historique est connu, ses effets aussi. Il est navrant de constater des musulmans qui n’en font pas cas pour se prémunir des manipulations idéologiques dans l’étude de leur religion et dans le choix de leurs sources d’informations.

Les savants sunnites recommandent de ne pas recourir à la traduction  française d’Herman Zotenberg car c’est réellement le livre où non seulement on ne trouve pas la vérité sur l’Histoire de l’Islam et des musulmans mais on met en péril  sa foi si elle ne s’est pas construite sur le Qur’àn, la Sunna et les sources arabes dignes de foi. On ne peut demander à la Croix de changer de vocation et d’être le défenseur ou le promoteur du Croissant. On ne peut exiger du subjectivisme d’éclairer objectivement les faits historiques et encore moins le fait religieux et sacré. Tous les livres qui font référence à cette traduction sont porteurs de faux et de falsifications. Il ne s’agit pas de les bruler, l’islam ne connaît pas l’esprit inquisitoire, mais de s’en préserver pour protéger sa foi et sa raison à moins d’avoir déjà un minimum de connaissances pour affronter le faux et le démasquer.

Il ne faut pas croire que la traduction d’Herman Zotenberg est la seule à mettre en cause dans le travail de sape de l’histoire musulmane et de la personnalité du Prophète. Il y a une œuvre moins subtile que cette traduction mais qui semble plus efficace sur l’esprit des jeunes musulmans en quête de sensationnel ou pris par le doute et qui ne questionnent pas le Qur’àn mais ses détracteurs. Cette œuvre maléfique est « Le prêtre et le prophète » de Joseph Azzi.

Avant d’aller plus loin dans l’examen de quelques arguments des détracteurs, il faut reconnaître avant toute chose que la faute nous incombe car nous portons les germes qui nous rendent fragiles et vulnérables. Comment ne pas être séduits par un détracteur quand nous avons construit notre personnalité sur l’affectif sensible à la séduction des mots fascinants et du sensationnel au lieu de la construire sur la raison capable de suivre un argumentaire et d’y déceler les faiblesses et les forces sur lesquelles s’opèrent la conviction de la pensée. Comment construire un argumentaire lorsqu’il existe des imams qui, dans la mosquée, débitent des récits mythologiques sur le Phénix perse le Simorg, la fourmi géante de Salomon ou le fameux Taureau qui porte la Terre sur l’une de ses cornes. Nous avons fait de notre communauté une communauté qui confond les fables, les légendes, les mythes, l’histoire, la science et tout ce qui porte atteinte à la foi au nom d’une prétendue raison.

La retraite spirituelle de Mohamed (saws)

Tout est mis en œuvre pour faire naître le doute dans notre esprit et l’entretenir par une rhétorique vielle de 15 siècles et entretenue depuis les guerres coloniales par les orientalistes : Mohamed (saws) se serait  retiré en retraite spirituelle à la grotte Hira, accompagné par le moine Waraqa. Cette retraite aurait duré 15 ans pour accréditer l’idée que le Qur’àn est l’œuvre d’une préméditation, d’un effort intellectuel faisant de Mohamed (saws) un érudit influencé par les écrits bibliques ou par sa controverse intellectuelle avec les Juifs et les Chrétiens qui étaient lettrés.

Tabari,  Ibn Ishaq, l’imam Malek et l’imam Ahmed en s’appuyant sur le Qur’àn et les hadiths montrent que Mohamed (saws) n’est resté en retraite qu’un mois précédant la révélation et qu’il était illettré ne savant ni lire ni écrire. La retraite au mont Hira était une pratique du clan de Mohamed (saws), les béni Hachem qui étaient polythéistes. Les Tribus puissantes et riches de Mekkah eux aussi observaient cette retraite une fois l’an (au mois lunaire de Ramadhan) par imitation des béni Hachem qui jouissaient d’un grand prestige social en leur qualité de gardiens du sanctuaire de la Kaaba depuis les temps immémoriaux d’Ismaël. Ni Tabari ni un hadith ni un autre historien musulman ne dit que des moines chrétiens ou des rabbins juifs ont participé à cette retraite. Le Qur’àn montre que Mohamed (saws) a bel et bien vécu parmi son peuple pour témoigner à la foi qu’il était illettré, vertueux et d’un excellent comportement et qu’il ne pouvait être sous la coupe ou l’influence des chrétiens ou des juifs :

{Était-ce chose étonnante, pour les gens, que Nous ayons Inspiré un Homme d’entre eux ?} Younes 2

{Et lorsqu’on leur récite Nos Versets évidents, ceux qui n’espèrent pas Notre rencontre disent : « Apporte-nous un Qur’àn autre que celui-ci, ou bien altère-le. » Dis : « Il ne m’appartient pas de l’altérer de mon propre gré, je ne fais que suivre ce qui m’est Révélé. Moi, je redoute, si je me rebellais contre mon Seigneur, le châtiment d’un jour effroyable. » Dis: « Si Allah Avait Voulu, je ne vous l’aurais pas récité, ni Il ne vous l’Aurait Fait connaître. J’ai déjà passé parmi vous tout une vie avant sa Révélation; ne raisonnez-vous donc   pas ? » Qui donc est plus injuste que celui qui controuva des mensonges contre Allah ou qui a démenti Ses Versets ? Certes, Il ne Fera point cultiver les malfaiteurs.} Younes  15

{Et tu ne récitais aucun livre, avant celui-là, ni tu ne l’écrivais de ta droite, les détracteurs ne se livrent qu’à des conjectures.} al Ankabout 48

On a dit que le chrétien Waraqa, Abdul Muttalib s’isolait avec le Prophète dans la grotte de Hira pour prier ensemble et lors de cette retraite Waraqa aurait initié le prophète à la doctrine chrétienne pour succéder à Waraqa dans la région après sa mort comme si Waraqa était évêque ou cardinal qui avaient besoin d’assurer sa succession. Waraqa n’était pas un prêtre mais un chrétien de son temps et de son milieu qui se consacrait davantage à l’étude des textes bibliques en puisant dans les textes hébreux. Agé et atteint de cécité, il n’était ni le compagnon social ni le guide spirituel ni le maitre d’école de Mohamed (saws).  Aucun document ni témoignage crédible n’existe pour donner crédit à la thèse sur la relation maitre à disciple de Waraqa à Mohamed (saws). Le Qur’àn est le seul document de référence qu’aucune autre source ne peut contester car il y en  a pas.

{De même, Nous t’Avons Inspiré un Esprit (Qur’àn) , par Notre Ordre : tu ne savais point ce qu’est le Qur’àn, ni la foi. Mais Nous l’Avons Fait une Lumière avec laquelle Nous Guidons qui Nous Voulons de Nos dévoués. Et toi tu guides sûrement vers un chemin de rectitude : le chemin d’Allah, à qui appartient ce qui est dans les Cieux et ce qui est en la terre. C’est vraiment vers Allah que toutes choses se destinent.} as Shura 52

Waraqa était parmi les rares lettrés mais il n’était pas prêtre car il n’y avait aucune institution religieuse à la Mecque en dehors de la Kaaba garnie à l’intérieur et à l’extérieur de plus de 300 idôles. Il s’est  converti au christianisme avant l’apostolat de Mohamed (saws). S’il avait enseigné la lecture et l’écriture à Mohamed (saws) le Qur’àn n’aurait pas fait dit à Mohamed (saws) de ne pas s’inquiéter sur son assemblage final quand on sait que la Révélation a mis 23 ans pour s’achever. Il faudrait une compétence de lecture pour inventorier, trier, classer et réunir des feuillets, des ossements, des parchemins écrits par les scribes de Mohamed (saws) sur sa propre dictée d’un énoncé coranique dont des fragments ont été révélé à la Mecque, à Médine, en marche, au repos, en privé, en assemblée publique, dans la cité, dans la campagne…

{C’est à Nous qu’incombe son assemblage et sa lecture. Quand Nous le récitons, suis alors sa lecture.} Al Qiyama 17

Waraqa savait par les textes bibliques qu’il a étudiés qu’il y aurait  l’arrivée du Prophète annoncé par la Bible. Toute la littérature chrétienne est mobilisée pour refuser à Mohamed (saws) le statut de Prophète pour la raison simple : la frustration de ne pas voir ce Prophète attendu venir parmi eux et confirmer l’idée qu’il est Esprit comme Jésus ou qu’il homme  représentant de l’Eglise comme le veut la papauté.

{Et quand leur vint un Messager de la part d’Allah, corroborant ce qu’ils ont, un groupe de ceux qui reçurent le Livre rejeta le Livre d’Allah derrière leurs dos, comme s’ils ne savaient pas.} Al Baqarah 101

On est allé  jusqu’à prétendre que le discours coranique contre l’Eglise tient au fait que Mohamed (saws) voulait être Pape mais l’Eglise a refusé. On oublie qu’il a dit aux arabes qui le persécutaient que même s’ils mettaient dans sa main droite le soleil et dans sa gauche la lune il ne changerait rien à sa mission jusqu’à ce qu’il périsse ou fasse triompher la religion d’Allah.  Le statut de roi d’Arabie lui aurait suffi s’il était un imposteur avide de pouvoir et de richesse. Ayant échoué dans toutes leurs tentatives de nier le statut de Prophète à Mohamed les chrétiens et les juifs ont  alors entamé  l’œuvre de le diaboliser en lui faisant porter le nom de Mahomet (signifiant littéralement le non loué le contraire de Mohamed l’excellence dans la louange), et de Mahound signifiant le diable l’ennemi juré du christianisme. Le Pape urbain II qui a lancé les croisades lors du Concile de Clermont Ferrand en 1095 désignaient les musulmans de « race maudite », de païens à exterminer…

Pour mieux brouiller les pistes, on présente parfois Waraqa comme le continuateur du moine Bahira qui aurait  initié Mohamed (saws) tout jeune au Christianisme.  Bahira moine en Syrie n’a fait que pressentir la mission prophétique de Mohamed (saws) alors que celui-ci  accompagnait son oncle, une fois dans sa vie, en voyage en Syrie. Abul Hasan ‘Ali Nadwi s’appuyant sur les travaux de l’historien Ibn Hicham raconte :

Une fois, lorsque le Messager d’Allah (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui) avait neuf ans, Abou Talib faisait ses préparatifs dans l’intention de participer à une caravane commerciale qui allait en Syrie.  Sachant cela, Mohammed s’approcha de son oncle et, se blottissant contre lui, insista pour l’accompagner dans son voyage.  Ému de ce signe d’affection, Abou Talib accepta de l’amener avec lui en Syrie.  Lorsque la caravane atteignit Bousra, en Syrie, elle y fit un court séjour et pendant qu’ils étaient là, ils rencontrèrent un moine nommé Bouhaira qui vivait en réclusion.  Allant pour une fois à l’encontre de ses habitudes, il sortit à la rencontre des marchands et organisa pour eux un grand festin. Ces derniers crurent qu’ils s’étaient attiré les bonnes grâces de Bouhaira, mais en réalité, il n’était sorti de sa cellule que parce qu’il y avait eu une vision avant l’arrivée de la caravane. Lorsqu’il vit Mohammed (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui), il vit en lui les signes de la prophétie, qu’il connaissait, et conseilla à Abou Talib : « Retourne chez toi avec ce jeune garçon et protège-le contre les juifs. Une gloire immense attend ton neveu. ».  Alors sur les conseils de Bouhaira, Abou Talib ramena immédiatement son neveu à la Mecque.

Bahira ne pouvait ni marquer l’imagination de Mohamed (saws) ni lui enseigner l’écriture et la lecture et encore moins la Bible au cours d’une seule rencontre. Waraqa, lui  n’a fait que constater l’apostolat de Mohamed (saws) s’inscrivant dans la logique de l’homme pieux qui connait les textes bibliques. Bahira et Waraqa ne font que suivre les préceptes bibliques comme le précise A. Alem dans « Mohammad dans la Bible et Jésus dans le Coran, éd. DAZ » dont nous ne citerons que quelques extraits :

Galates 1-9 « Nous l’avons dit précédemment, et je le répète à cette heure: si quelqu’un vous annonce un autre Évangile que celui que vous avez reçu, qu’il soit anathème!  »

Mathieu (21:43): « C’est pourquoi je vous le dis, le Royaume des Cieux vous sera retiré, et donné à une nation qui en recueillera les fruits. Quiconque tombera sur cette pierre s’y brisera, et celui sur qui elle tombera, elle l’écrasera. »

Barnabas18 : «mais après moi viendra la splendeur de tous les Prophètes et saints; il éclairera les ténèbres de tout ce qu’ont dit les Prophètes, car il est le Messager de Dieu

Pentateuque : 18. Je leur susciterai du milieu de leurs frères un prophète comme toi, je mettrai mes paroles dans sa bouche, et il leur dira tout ce que je lui commanderai.

32: 21: « Ils ont excité ma jalousie par ce qui n’est pas Dieu, ils m’ont irrité par leurs vaines idoles ; et moi, j’exciterai leur jalousie par ce qui n’est pas un peule, je les irriterai par une nation insensée. »

Qui est mieux placé pour voir à la fois la nation insensée (Jahiliya arabe ante islamique), les prophéties bibliques,  la noblesse de Mohamed (saws) et le signe de l’Apostolat en lui Bahira et Waraqa ou les farfelus qui veulent modifier le cours de l’histoire et contredire la Parole divine :

{Ceux qui suivent le Messager, le Prophète illettré qu’ils trouvent écrit (mentionné) chez eux dans la Torah et l’Évangile – il leur ordonne le convenable et leur interdit le blâmable…} al A’âraf 157

L’illétrisme du Prophète (saws) visé par le Coran a un double sens : il ne savait pas lire et écrire pour pouvoir écrire le Coran, mais aussi il n’avait aucune connaissance des Livres des Juifs et des Chrétiens pour pouvoir s’en inspirer. Il était pur de toute dérive philosophique, religieuse et culturelle de son époque. Il était un receptacle vierge qui pouvait recevoir le Coran sans entrer en contradiction avec lui ni le contaminer par des réminescences antérieures de culture judéo-chrétienne.

Nous avons vu ce que disent les livres des Chrétiens et que renforce le Qur’àn pour les acculer à reconnaitre la vérité ou à apporter la preuve de leur détraction, chose impossible :

{Et quand Jésus fils de Marie dit: Ô Enfants d’Israël, je suis vraiment le Messager de Dieu envoyé vers vous, confirmant ce qui, dans la Thora , est antérieur à moi et annonciateur d’un Messager à venir après moi, dont le nom sera Ahmad.} As Saf 6

Les Juifs et les Chrétiens étaient en attente d’un Prophète et celui-ci serait en rupture totale avec l’ordre ancien. Cette rupture radicale exige qu’il soit orphelin et illettré ne pouvant subir aucune influence sur le plan de l’instruction sauf à être témoin de son époque et témoigner à son époque de l’éminence de sa vertu et de sa noblesse :

{le Prophète illettré qu’ils trouvent écrit (mentionné) chez eux dans la Torah et l’Évangile : il leur ordonne le convenable et leur interdit le blâmable} Al A’âraf 157

La citation des personnages Waraqa et Bahira dans les hadiths et l’histoire musulmane témoigne de l’esprit véridique de Mohamed (saws), de Khadija son épouse, de ses compagnons et des historiens musulmans. Il n’y a rien à cacher ni à falsifier. Un imposteur ou un falsificateur cache sa forfanterie et occulte les témoins pour ne pas être démasqué. Ce n’est pas le cas de Mohamed (saws) et des Musulmans. Détenteurs du Qur’àn, ils ne peuvent que se montrer justes et véridiques envers les faits et les hommes.

Les principales sources arabes sont les hadiths et pour la période ante islamique, la poésie. Les spécialistes arabes ont étudié la poésie arabe, juive, chrétienne et païenne pour constater le même creuset : la tribu, l’honneur, la gloire, la femme, la guerre et le vin. Rien dans les sources arabes ne laissent croire que le peuple arabe ait consacré de son temps, de ses discussions, de ses écrits ou de ses poèmes à quelque chose qui touche de près ou de loin la loi, la philosophie, la métaphysique ou la mystique. Rien de tout cela car la culture arabe était hors normes universelles malgré sa qualité littéraire et poétique.

Les chrétiens détenteurs du faux, lequel ne résiste pas à sa confrontation avec la vérité et la logique pure ou historique, vont faire de Waraqa et de Bahira des instruments pour se prouver que Mohamed (saws) était un ancien chrétien converti au satanisme pour ne pas se convertir à l’islam et garder bonne conscience d’aller massacrer des Musulmans au nom de l’amour, de la vérité et de la charité. Si nous revenons au rapport des Juifs et des Chrétiens et leur relation à Mohamed (saws) les Manuscrits découverts en 1947 accréditent la thèse d’Ibn Hicham sur la l’attente de Mohamed (saws) comme étant le Prophète attendu par les Juifs et les Chrétiens au temps du Messie et attendu :

« Seuls les fils d’Aaron décideront des questions de droit et de biens et leurs ordres fixeront le sort qui déterminera les règles des hommes de la communauté. Quant aux biens des hommes saints dont la conduite est parfaite, qu’on ne les mêle point aux biens des hommes de fraude qui n’ont pas purifié leur conduite en se séparant de l’erreur et en agissant sans commettre de faute. Et qu’eux-mêmes ne s’éloignent d’aucun conseil de la loi pour marcher dans l’obstination de leur cœur, mais qu’ils jugent d’après les premiers préceptes par lesquels les hommes de la communauté ont été d’abord disciplinés jusqu’à ce que viennent un prophète et les messies d’Aaron et d’Israël. » (Les Manuscrits de la Mer Morte de Michael Wise, Jr Martin Abegg et Edward Cook, p. 345).

Les sectaires de Qumrân attendaient un ou deux siècles avant Jésus deux messies, en l’occurrence Yahia (Jean) et Jésus et un prophète (Mohamed).

Si on délaisse la traduction falsifiée d’une traduction escamotée et les affabulations acrobatiques d’un malade mental pour se pencher sur la traduction plus fidèle de Ralph Stehly de la biographie authentique d’Ibn Hicham, Sîrat an-nabî, on verrait les choses d’un autre regard. Recourir à Ibn Hicham c’est faire référence à Ibn Ishaq qui à son tour se rapporte à  ‘Ubayd. Nous sommes davantage entrain de  solliciter la source authentique de faits historiques avérés:

 L’Envoyé de Dieu passait ce mois en retraite et à nourrir les pauvres qui venaient à lui. Quand le mois était achevé, il accomplissait la circumambulation autour de la Ka’ba sept fois, ou autant de fois que Dieu l’ordonnait ; ce n’est qu’ensuite qu’il se rendait à la maison. Alors que l’année de son apostolat était arrivé, il alla comme d’habitude avec sa famille durant le mois de Ramadân à Hira’. Dans la nuit où Dieu par miséricorde envers son serviteur l’honora de son message, Gabriel lui apporta l’ordre de Dieu.- Il vint à moi, raconte l’Envoyé de Dieu, alors que je dormais. Il tenait à la main un feutre brodé enveloppant un livre. – Récite ! m’ordonna-t-il. Je ne récite pas ! Répondis-je. Alors il me pressa le livre sur la bouche et les narines à en étouffer, Si bien que je crus qu’il était la Mort. Puis il me relâcha et me répéta: – Récite ! – Je ne récite pas répondis-je. Alors, il me le pressa à nouveau aussi fort, si bien que je crus qu’il était la Mort. Puis il me relâcha. Il me répéta alors: Récite! – Que dois-je réciter ? Répondis-je. Il me pressa alors à nouveau le livre aussi fort, si bien que je crus qu’il était la Mort. Puis il me relâcha et me redit: – Récite !- Que dois-je réciter ? Rétorquai-je. Je ne dis cela que par crainte qu’il me traite à nouveau comme il le fit auparavant. Alors il me dit :

{Récite au nom de ton Seigneur qui créa,   Qui créa l’Homme d’une adhérence    Récite! Ton Seigneur étant le Très Généreux  Qui enseigna par le calame  Et enseigna à l’Homme ce qu’il ignorait.} al ‘Alaq 1

J’ai récité, et il finit par s’éloigner de moi. Je me suis éveillé et [ces phrases] étaient comme inscrites dans mon cœur. Je sortis [de la caverne] et à peine arrivé au milieu de la montagne, j’entendis une voix venant du ciel disant:  » O Mohammed, tu es l’Envoyé de Dieu et je suis Gabriel ! ». Je levai la tête vers le ciel et voici que Gabriel était là sous les traits d’un homme joignant les talons, à l’horizon du ciel. Il me dit: O Mohammed, tu es l’Envoyé de Dieu et je suis Gabriel ! ». Je m’arrêtais le regardant sans pouvoir avancer, ni reculer. Je me mis alors à me détourner de lui mon visage vers les autres points de l’horizon, mais je ne regardai nul point du ciel sans voir l’ange en la même attitude. Je demeurai ainsi debout, sans pouvoir ni avancer ni reculer. Puis je me détournai de lui, mais de quelque côté que je dirigeai mes regards, je le vis toujours devant moi. Je restai ainsi debout, sans pouvoir avancer ni reculer, jusqu’à ce que Khadîdja envoya des gens pour me chercher. Ils allèrent jusqu’aux hauteurs de La Mecque, puis retournèrent de nouveau chez elle. Quant à moi je restai sur place, puis il [l’ange] partit; c’est alors que je retournai dans ma famille. Quand je vins chez Khadîdja, je me blottis et me serrai fort contre elle. Elle me demanda: Abû l-Qâsim, où étais-tu ? Par Dieu, j’ai envoyé des gens pour te chercher. Ils sont allés jusqu’ [aux hauteurs de] La Mecque et en sont revenus ».

Quand je lui eus raconté ce que j’avais vu, elle me dit: « Réjouis-toi, mon cousin, et sois ferme ! Par Celui entre les mains duquel se trouve l’âme de Khadîdja, j’espère que tu deviendras le Prophète de ce peuple ! ». Elle se leva alors, s’habilla et alla chez son cousin Waraqa b. Nawfal b. Asad b. ‘Abd al-’Uzzä b.Qusä, qui s’était converti au christianisme, avait lu l’Ecriture et avait appris maintes choses des Gens de la Tora et de l’Evangile et lui raconta ce que l’Envoyé de Dieu avait vu et entendu. Alors Waraqa s’écria: « Saint! Saint! Par Celui entre les mains duquel se trouve l’âme de Waraqa, si tu me racontes la vérité, Khadîdja, alors le Nâmûs suprême est venu à nous, qui est aussi apparu à Moïse et il est le prophète de cette nation et dis-lui d’être ferme ». Sur ce, Khadîdja retourna chez l’Envoyé de Dieu et l’informa de ce que Waraqa avait dit.

Quand le moment de sa retraite pieuse fut passé, que l’Envoyé de Dieu retourna chez lui et que comme d’habitude il avait tourné autour de la Ka’ba, Waraqa b. Nawfal le rencontra, alors qu’il tournait autour de la Ka’ba, et lui dit: Ô cousin, raconte-moi ce que tu as vu et entendu ! » Quand l’Envoyé de Dieu le lui eut raconté, il s’écria: Par Celui entre les mains duquel se trouve mon âme, tu es le prophète de cette nation et le Nâmûs suprême (l’Archange Gabriel), qui est apparu à Moïse, est venu à toi. On te tiendra pour un menteur, te maltraitera, te bannira et te combattra. Si je devais vivre cette époque, j’aiderais Dieu de telle manière qu’Il m’en tienne compte . Puis il baissa la tête et l’embrassa sur le front, sur quoi l’Envoyé de Dieu rentra chez lui.   

 La haine des idéologues et l’aveuglement des intérêts de classe

Ces mêmes chrétiens, pourtant se déjugent en donnant à Mohamed (saws) des surnoms certes peu élogieux mais contradictoires : épileptiques, obsédé sexuel, chrétien converti au satanisme, lettré avide de pouvoir, ignorant formé par les chrétiens. Toute l’islamophobie repose sur ce regard haineux sur Mohamed (saws) que la mémoire collective judéo-chrétienne colporte sans fondements historiques pour résister contre l’ébranlement de leur dogme faux que l’islam a révélé par un énoncé logique qui met à terre les fabulations et les mythologies. Toute la haine des idéologues athés, juifs et chrétiens, anciens et modernes, repose sur la frustration d’avoir été dépossédés du prestige d’être les seuls détenteurs de la vérité et d’avoir été dévoilés dans leurs affabulations :

{Ni ceux qui devinrent mécréants, des gens du Livre, ni les polythéistes, ne souhaitent que quelque bien vous soit octroyé de votre Seigneur, mais Allah Privilégie de sa Miséricorde qui Il Veut. Allah possède la Munificence immense.} al Baqara 105

{Un grand nombre des gens du Livre souhaiterait vous faire apostasier en mécréants, après que vous ayez été croyants, par une jalousie émanant de leur personne, après que la Vérité se soit manifestée à eux.} al Baqara 109

Pour répondre dans le détail, il faut écrire plusieurs livres sur l’art de dénigrer l’islam depuis son avènement jusqu’à ce jour.  Pour approfondir la question du prétendu héritage chrétien, il y a le travail exceptionnel de Malek Bennabi : le Phénomène coranique. Malek Bennabi a fait un travail qui relève davantage, comme il le spécifie lui-même, de la phénoménologie du religieux islamique  et de la psychologie du Moi Mohammadien avant, pendant et après la Révélation coranique. Bennabi a décrit le  climat de l’Arabie : «l’attente d’un prophète parmi les Arabes ».  Tous, Arabes polythéistes, Juifs ou Chrétiens attendaient :

{O gens du Livre, Notre Messager est venu, en fait, pour vous expliciter, après une absence de Messagers, afin que vous ne disiez point : « Il ne nous est venu nul annonciateur ni avertisseur ». Voilà qu’il vous est venu, en fait, un annonciateur et un avertisseur. Allah Est Omnipuissant sur toute chose.} al Maidah 19

Le Qur’àn, le Hadith et l’histoire disent que les Chrétiens et les Juifs avaient de la suffisance et montraient de l’arrogance pour les arabes idolâtres qu’ils n’ont pas convertis ni au christianisme ni au judaïsme pour conserver leur ascendance de lettrés et de Ahl al Kitab sur les Arabes qui n’avaient ni Livre ni savoir religieux.  Il était plus facile et plus simple pour eux de convertir les Arabes fascinés par les juifs et les chrétiens que d’être les instigateurs d’un nouveau Livre qui allaient mettre fin à leur hégémonie religieuse et dévoiler leur falsification. Toute la haine des juifs contre Mohamed (saws) et contre les musulmans est à la fois dans la dénonciation de leur prétention à être le peuple élu et dans la négation des Grands Prophètes « juifs » à être des juifs mais des musulmans.

Pour les chrétiens c’est la même haine pour les mêmes raisons auxquelles il faut ajouter la dénonciation du dogme de la trinité et de la déification du christ et de son statut de Rédempteur. Sur le plan logique, il est impossible que le moine ou le rabbin fabrique sa propre négation qui met fin à son mensonge et sa fascination sur les autres.

Ce qui est le plus regrettable est notre quête d’arguments contre Mohamed (saws) auprès des détracteurs de l’islam alors que le meilleur argument en faveur de la véracité de Mohamed (saws) est le Qur’àn lui-même. Il faudrait juste faire une lecture comparée, même superficielle, entre les Bibles et le Qur’àn. Il n’y a ressemblance ni dans le style, ni dans la forme ni dans le contenu. Ils sont tellement divergents que penser qu’ils sont indissociables par l’origine d’inspiration ou de transmission relève d’une gageure. Dans le Qur’àn, il y a des vérités qui n’existent pas dans la Bible. Dans le Qur’àn il y a démonstration des mensonges, des fabulations, des falsifications et des contre vérités contenus dans la Bible sur le plan de la foi, des Prophètes, de Dieu et de l’univers.  Maurice Bucaille dans la Bible, le Coran et la Science montre les divergences fondamentales sur le plan scientifique.

C’est la déclaration de Waraqa de soutenir Mohamed (saws) donc de se convertir et de témoigner de la vérité révélée à Mohamed (saws) qui fait mal à la mémoire de la monolâtrie chrétienne. Pour comprendre la méchanceté des chrétiens contre Mohamed (saws) il faut voir Waraqa davantage comme un Chrétien proche de l’esprit des apôtres de Jésus et des chrétiens nazaréens persécutés par les romains et dont le Qur’àn fait l’éloge que des fonctionnaires du Vatican et des clercs des églises :

{Quand Jésus sentit la mécréance de leur part, il dit : « Qui sont mes Défenseurs pour Allah ? » Les Apôtres dirent : « Nous sommes les Défenseurs d’Allah, nous croyons en Allah, et témoigne que nous sommes musulmans. Notre Seigneur, nous devînmes croyants en ce que Tu As Révélé et nous suivons le Messager, Veuille nous Inscrire parmi les témoins ».} al ‘Imran 52

C’est avec cet esprit qu’il faut voir le témoignage de compassion et d’historicité du Qur’àn pour les Chrétiens persécutés que la Bible ne peut rapporter :

{Les gens du Fossé ont été tués : c’est le Feu au combustible. Lorsqu’ils y étaient assis, et eux sont témoins de ce qu’ils faisaient des croyants, et ils n’ont tiré vengeance d’eux que parce qu’ils croient en Allah, l’Invincible, le Tout-Louable.} al Bourouj 4

{Penses-tu que les gens de la Caverne et d’ar-Raquîm ont constitué une chose extraordinaire d’entre Nos prodiges ? Quand les jeunes gens se furent réfugiés dans la Caverne, ils dirent : «Ô notre Seigneur, donnes nous de Ta part une miséricorde; et assure nous la droiture dans tout ce qui nous concerne». } Al Kahf 9

L’islam et les musulmans ne sont pas ennemis jurés des Juifs et des Chrétiens par sectarisme religieux ou racisme. Ils sont ennemis du faux. J’exprime ma sympathie pour les prêtres, les croyants d’autres confessions et les non croyants qui s’acquittent de leur devoir d’humanité envers leurs semblables sans porter un jugement de valeur sur leur foi ou leurs convictions. Je m’insurge contre ceux qui veulent confisquer et dénaturer notre religion, notre histoire et notre liberté. En cela j’essaye d’être une des images les plus justes, les plus sincères et les plus conformes de l’enseignement de Mohamed (saws). Au lieu d’aller au dénigrement et à l’affrontement chacun peut pratiquer sa foi, exercer sa liberté et cultiver son talent sans nuire à l’autre. Au lieu de chercher à prouver ou à réfuter que Waraqa est l’initiateur de Mohamed (saws) et par voie de conséquence l’inspirateur du Qur’àn on aurait tous gagné en maturité, en échange et en convivialité dans un pays tendu si on aurait fait de la biographie scientifique de Mohamed (saws) un facteur de cohésion sociale. Le traité qu’il a établi avec les Chrétiens de Najrane n’est-il pas un exemple typique de l’indulgence et de l’équité que nous pouvons suivre :

« Les biens, les familles, les églises et tout ce que les Najraniens possèdent seront sous la protection d’Allah et de Son messager. »

Au lieu d’impulser les comportements sectaires et les replis identitaires, d’écouter ou de faire entendre les discours d’exclusion puis de les voir mis en pratique contre les banlieues, n’aurait-il pas été plus sage de chercher chez le musulman la culture mohammadienne. Au lieu de tenter de gommer cette culture ou de la manipuler, il aurait plus judicieux d’y voir un trait d’union avec l’esprit citoyen et républicain hors des normes laïcistes :

« Celui qui fait du mal à un Juif ou à un Chrétien trouvera en moi son adversaire au Jour du Jugement. »

« Je suis le plus digne du fils de Marie, en ce monde et dans l’au-delà. Les prophètes sont des frères issus de coépouses. Leurs mères sont différentes mais leur religion est unique ».

Devrait-on écouter les faussaires qui veulent transformer la vision pieuse de Waraqa « On te tiendra pour un menteur, te maltraitera, te bannira et te combattra » en catharsis social, politique et idéologique contre le bouc-émissaire que nous sommes devenus ? Waraqa pourtant pressentait les souffrances qui attendaient le Prophète à la fois par sa connaissance de la vie des Prophètes et de son regard sur leur monde dominé par l’idolâtrie sous sa forme païenne brute ou sous sa forme chrétienne ou juive plus raffinée que le paganisme des Arabes et des Perses. Il est remarquable de noter que le texte de Bokhari est antérieur aux travaux qui veulent récupérer Waraqa pour en faire le prêtre chrétien qui a initié Mohamed (saws). Si Waraqa avait accompagné Mohamed (saws) à Hira et l’aurait initié, ce Hadith authentique n’aurait pu voir l’existence dans la logique des choses.

 

Le rapport de Khadija au christianisme

Quand on se focalise sur un homme pour le dénigrer, on n’écarte pas du travail de sape l’entourage de cet homme en particulier aux moments les plus significatifs de sa vie. Mohamed (saws) ne fait pas exception à cette règle. Au moment le plus fort, en l’occurrence le début de la Révélation, on va s’attaquer à Khadija. Sa vertu étant sans faille, on va jouer sur l’imaginaire en exerçant l’effet de contamination des mots et des images. Le cousin de Khadija Waraqa était chrétien et par conséquent l’épouse du Prophète Khadija ne pouvait qu’être chrétienne renforçant ainsi l’idée que Mohamed (saws) ne pouvait qu’être chrétien par le lien du mariage et le sacrement de l’Eglise. On fait oublier plusieurs choses importantes que je vais passer en revue :

Ni Mohamed (saws) ni Khadija n’auraient consulté Waraqa en la qualité que les faussaires veulent lui attribuer : le lien sacramental de leur union. Il est intervenu dans l’histoire de Mohamed (saws) comme un double témoin dans une dramatique  inscrite comme indélébile dans la mémoire de l’Arabie et plus tard de tous les musulmans mais aussi des Chrétiens. Ces derniers sont appelés à chercher la vérité car il y va du salut de leur âme, de la paix de leur cœur et de leur réhabilitation spirituelle et morale avec l’esprit de Jésus.  Il a apporté son témoignage pour reconnaître l’apostolat de Mohamed (saws) comme il l’avait apporté plus tôt pour soutenir le mariage de Khadija avec Mohamed (saws) témoignant une fois de plus de l’excellence de caractère et la noblesse de cœur de Mohamed. Khadija veuve et orpheline ne pouvait que chercher le soutien de son cousin Waraqa Ibn Nawfal pour obtenir l’assentiment de son oncle, Amr ibn Asad, sans doute réservé eu égard à la richesse de Khadija et de la condition sociale modeste de Mohamed (saws).

A l’unanimité des savants, des historiens et des biographes musulmans Waraqa en plus de ce rôle de conciliateur ou de facilitateur du mariage de Khadija a assisté au mariage de sa cousine Khadija qu’en qualité d’invité parmi les 200 invités conviés à un festin. La biographie de Mohamed (saws) est suffisamment riche et détaillée pour se rappeler le nombre d’invités, le nombre important d’invités et la nature des mets offerts aux invités qu’au moins une personne sur les 200 se serait souvenu d’une cérémonie religieuse autre que celle que les mecquois pratiquent traditionnellement. 200 invités assistant au mariage d’un couple singulier à la Mecque est un nombre impressionnant qui ne peut laisser les chroniqueurs et la mémoire arabe dans le doute ou l’ignorance.

L’oncle de Khadija était vivant puisque Hamza et Abul Moutallib lui ont demandé la main de Khadija. Il aurait été plus logique de chercher la chrétienté de Khadija par son père ou par son oncle et non par son cousin. Mais comme les détracteurs n’ont aucune hypothèse plausible pour étayer leur thèse alors ils se rabattent sur le premier argument qu’ils peuvent amalgamer dans leur diversion pour saper le fondement de l’islam et semer le doute de jeunes en déficit de lecture intellectuellement probes et historiquement fiables.

Les chroniques musulmanes disposent d’un précieux document biographique qui met fin à toute spéculation sur le prétendu sacrement du mariage par le prétendu prêtre Waraqa : la Khotba (allocution dite à l’occasion des fiançailles) que l’oncle du prophète prononça selon la coutume Koraïchite en présence des principaux dignitaires Koraïchites réunis au domicile de Khadija: « Louange à Dieu. Louange à Dieu qui nous a fait naître de la postérité d’Abraham et d’lsmaïl et qui nous a donné en héritage le territoire sacré. Mohammed, fils d’Abdallah, mon neveu, est privé des biens de la fortune, de ces biens qui ne sont qu’un dépôt qu’on rendra tôt ou tard. Mais il surpasse tous les autres Koraïchites en vertu, en intelligence, en lignée et en grandeur d’âme. Mohammed, dis-je, mon neveu, a une inclination envers Khadidja, et celle-ci  éprouve le même sentiment pour lui. Je déclare que, quelle « que soit la dot nécessaire pour conclure ce mariage, je la verserai pour lui »

Waraqa était Hanif comme l’était Mohamed (saws) et Khadija avant la Révélation. Waraqa est un converti au christianisme mais il n’était pas d’extraction chrétienne pour supposer que Khadija pouvait être elle aussi d’extraction chrétienne.

Khadija est la première personne à embrasser l’Islam et à soutenir le Prophète comme nul ne l’a soutenu dans les moments les plus difficiles. Si pour l’islam la première personne à s’engager pour l’islam est une femme, pour le christianisme officiel la femme est une sorte de vache à Satan, le péché par excellence. Cette femme merveilleuse devant la panique de Mohamed (saws) accablé par la lourde charge de la Révélation le rassura par des mots qui témoignent qu’elle n’était pas chrétienne mais une vraie Hanife qui garde les survivances de l’islam abrahamique dans sa foi, sa morale et son adoration silencieuse d’Allah : « Jamais, par Dieu, « Allah ne te voudra jamais de mal. Tu as de bonnes relations avec ta famille, tu aides le pauvre et le nécessiteux, tu accueilles tes invités (généreusement et tu assistes les malheureux qui le méritent ». Toute la socialité islamique, tout le courage, toute la vocation et la détermination du musulman et de la musulmane sont dans la signification ontologique, spirituelle, morale et sociale  des mots que Khadija a prononcé pour soutenir Mohamed (saws).

En ce qui concerne la cérémonie de mariage de Mohamed (saws) avec Khadija, Joseph Azzi dans son livre mensonger : « Le prêtre et le prophète: aux sources du Coran » veut nous faire croire qu’il y a eu sacrement, ce qui est complètement faux. D’abord il faut signaler que toutes les chroniques de l’époque ne signalent  à la Mecque ou dans ses environs ni église ni synagogue ni monastère ni couvent. Tout ce qu’il raconte sur la cérémonie relève de la tradition arabe reprise par la Shari’a islamique qui reconduit tout ce qui est bien et ne contredit ni la lettre ni l’esprit de l’Islam : la demande de mariage en présence des tuteurs ou des parents ainsi que des témoins (Waraqa a joué le rôle de cousin témoin et non de prêtre), le consentement affirmatif des futurs époux, la célébration, la publicité du mariage et le versement de la dot. Les musulmans à ce jour continuent d’observer le même rituel pour le mariage auquel a été ajouté la lecture de la Fatiha et la présence de l’imam qui ne sont  pas obligatoires. Le mariage en Islam n’est pas un sacrement religieux mais un contrat de vie commune entre deux personnes libres. Il y a une différence entre le sacré et le sacrement dans les religions musulmanes et chrétiennes. Le mariage n’est pas sacré puisque les époux peuvent le remettre en cause en se séparant à l’amiable ou sur la demande d’un des conjoints. Le mariage en islam n’est pas un sacrement puisqu’il n’y a pas de clergé ni d’autorité religieuse qui par sa présence ou ses offices rend le mariage sacré.

Dans la foulée, je voudrais  aussi préciser que le terme répudiation est un terme qui n’appartient pas au lexique coranique. C’est un terme forgé par les orientalistes pour des motifs idéologiques. Le terme en usage dans le Qur’àn est séparation. La Shari’a islamique pour des questions de viduité et de jurisprudence liées aux droits moraux, pécuniaires et matériels distingue la séparation du fait de l’homme qu’elle nomme Talaq (divorce) et de la femme qu’elle nomme Kholo’ (désengagement des liens du mariage) mais dans les faits, il y a divorce définitif et rupture du contrat de mariage prononcé par autorité judiciaire compétente.

Insister sur un prétendu sacrement chrétien du mariage de Mohamed (saws) avec Khadija c’est une fois de plus faire douter de son authenticité en qualité de Prophète et accréditer l’idée qu’il est un apostat qu’il faut combattre et non un messager de Dieu qu’il faut suivre. Si les idéologues chrétiens ne cassent pas par tous les moyens médiatiques et artifices intellectuels l’idée que  Mohamed (saws) est le Sauveur de l’humanité, ils ne pourront plus faire tenir debout le mythe de Jésus le Sauveur, le Rédempteur qui est mort pour les péchés de l’humanité car cela poserait la question de la signification de sa mort, de sa crucifixion ainsi que celle de la légitimité religieuse, morale et politique de l’Eglise véritable empire. Face à la vérité éclatante de l’islam qui risque de faire entrer toute l’humanité dans l’islam, il ne reste aux détracteurs chrétiens et aux athées qu’à diaboliser et criminaliser son illustre représentant  Mohamed (saws) et ainsi  faire passer pour faux, douteux et incohérent le Livre qui lui a été révélé :

{Et ceux qui devinrent mécréants dirent : « N’écoutez pas ce Qur’àn et résistez-lui par le bavardage, peut-être vaincriez-vous ».} Fussilat 26

Si on veut chercher la vérité loin de l’amalgame, allons la chercher dans l’histoire. Mohamed (saws) a épousé Khadija au 7ème siècle. Le sacrement du mariage chez les chrétiens n’a pas vu le jour chez Jésus et les premières communautés chrétiennes mais au 13ème siècle. On peut mentir sur un an ou deux mais pas sur 6 siècles de décalage :   Le mariage n’est intégré dans la liste officielle des sept sacrements de l’Église qu’en  1215 lors du concile du Latran. On peut mentir sur un ou deux siècles mais pas sur 9 siècles de décalage : la cérémonie religieuse à l’Eglise ne devient obligatoire, avec le rituel des  époux donnant leur libre consentement devant un prêtre,  qu’en 1563 lors du concile de Trente. On peut mentir sur 9 siècles mais pas sur 13 siècles de décalage. Ce n’est qu’au XIX siècle que le choix mutuel du conjoint entre dans les mœurs chrétiennes mettant fin à la domination féodale du mariage de raison fondé sur les calculs fonciers et non sur l’appel des cœurs. Il a fallu plus de 14 siècles de tâtonnement, d’improvisation, de falsification  de la bible venant s’ajouter aux falsifications antérieures, de laïcité mettant fin au pouvoir mystificateur de l’Eglise avant d’arriver au contrat civil de mariage dans la République qui ressemble au contrat civil du mariage de Mohamed (saws) Prophète de l’islam avec la première dame de l’histoire du monde musulman,  temps du Prophète.

Si un prétendu rituel de type chrétien ou juif aurait été pratiqué on l’aurait trouvé dans les chroniques musulmanes qui évoquent le mariage du Prophète avec quatre femmes non arabes. Safiyyah Bint Huyay Ibn Akhtab, Juive de la tribu de Banû An-Nadîr. Elle fut capturée à la bataille de Khaybar, puis le Prophète (saws) l’acheta à Dihyah et l’épousa en l’an 7 de l’Hégire. Mâriyah Al-Qibtiyyah  » Marie la copte « , l’esclave que le roi d’Egypte El muqaweqis a offert au Prophète qu’il épousa.   Rayhanna Bint Zyad, la juive convertie à l’islam, de la tribu juive de Nadir (ou Baní Qourayedha). Myriam, chrétienne convertie à l’islam.

Ces femmes ne sont pas l’objet de propagande car nous sommes à Madinah et Mohamed (saws) est pour leur esprit malade un musulman qui a déjà trahi le christianisme à la Mecque. Quand on parle de la Mecque, on évoque le Qur’àn de la période mecquoise qui est essentiellement focalisé sur la foi monothéiste qui a édifié la génération qui allait conduire le Jihad à Madinah puis partir à la conquête du monde pour transmettre d’abord le contenu de la foi et de la morale islamique. C’est réellement une guerre idéologique que les vautours islamophobes continuent de mener sans relâche contre Mohamed (saws). Elle est idéologique car elle s’attaque au credo et aux éléments historiques de ce crédo : Mohamed (saws) et son environnement immédiat.

Un mensonge qui dépasse l’entendement :

Si on veut voir le mensonge des fabulateurs qui jouent sur l’esprit des musulmans qui ne consultent pas le Qur’àn, il faut prendre leurs écrits et les soumettre à la raison, à l’histoire et au Qur’àn. Il y a tellement de mensonge que cela nous prendrait une vie à traquer l’indéfendable et à le démasquer. Il vaut mieux se consacrer à l’étude de la biographie scientifique du Prophète tel que présentée par le syrien Saïd Ramadhan al Bouty.

Pour ne pas laisser la jeunesse déroutée, je montre juste un dernier mensonge flagrant du pseudo savant Joseph Azzi qui fait du verset 22 de la sourate al Ahzab un scénario pour apaiser sa frustration, car il sait comment les juifs qui ont trahi le Prophète ont été expulsés de Khaybar malgré la puissance de leurs forteresses et comment les Croisés ont été expulsés de Jérusalem malgré leur coalition internationale. Ce malheureux fourvoyé traduit le terme coranique ahzab par coalition chrétienne se voyant le Pape incitant les chrétiens à l’assaut du monde musulman :

{Et quand les croyants ont vu les factions (les coalisés), ils dirent : « Cela est ce qu’Allah nous A Promis, ainsi que Son Messager. Allah A Été Véridique, ainsi que Son Messager » Et cela n’a fait qu’augmenter leur foi et leur abnégation.} al Ahzab 22

Malek Bennabi faisant l’analogie entre Mohamed (saws) et le fer dégageant un champ magnétique nous dit avec une logique que nous ne voulons pas suivre nous confinant à suivre les autres et leurs mensonges : la science consiste à faire parler l’un et l’autre. Le champ magnétique interrogé ne relève que ce que la compétence et le savoir de l’interrogateur sont capables d’interroger. Par contre Mohamed (saws) ultime Prophète a devance les interrogations en révélant son « Moi » dans toute son étendue en public et dans son intimité privée ou ontologique ne laissant rien à l’ombre de sa nature prophétique et de sa nature humaine. Il faut être stupide ou haineux pour ne pas écouter ce qu’il dit de lui-même et ce que disent de lui ses contemporains au lieu d’aller écouter les falsificateurs qui n’arrivent pas à faire parler la vérité à leur propre histoire et à leur propre religion…

La loi de Dieu est au dessus de nos vœux : plus un homme est grand plus les chiens qui aboient derrière lui sont nombreux et féroces mais ils ne peuvent rien changer au cours de l’histoire. Il faut les voir en pipi de chat dans un océan de noblesse :

{C’est ainsi que Nous fîmes à chaque prophète un ennemi parmi les criminels. Mais ton Seigneur suffit comme guide et comme soutien}  al Furqane 31.

 

Le mensonge surs les termes Hanif et Chrétiens :

Il reste à donner la signification de Hanif. Mohamed (saws), Khadija et quelques Arabes étaient des Hanifs dans le sens où d’une part ils s’écartaient des religions falsifiées refusant leurs dogmes et leurs rites et d’autre part ils étaient en quête de la vérité monothéiste comme l’était Abraham dans sa jeunesse fuyant les idoles et cherchant Dieu. Mohamed (saws) était Hanif dans le sens où sa foi en Dieu était claire mais il lui manquait les rites et la Shari’a islamiques : il pratiquait la vertu, le bon comportement et la prosternation à Dieu en guise d’adoration. Il savait par sa Fitra saine qu’Allah est Créateur, Dieu et Souverain sans en connaitre tous les attributs qui allaient être révélés par le Qur’àn. On peut dire que la Hanifiya est l’archétype humain avant qu’il ne soit ou bien contaminé par l’idolâtrie ou bien promu par l’islam. C’est ce que le Qur’àn explicite et c’est ce que les Juifs et les Chrétiens réfutent en dénigrant Mohamed (saws) et en se réclamant héritiers d’Abraham :

 {Et ils dirent : « Soyez juifs ou nazaréens, vous serez guidés ». Dis : « Bien au contraire : la confession d’Abraham, Hanif (pur monothéiste), et qui ne fut point du nombre des polythéistes ».} al Baqarah 135

{O gens du Livre, pourquoi disputez-vous d’Abraham alors que la Torah et l’Évangile ne furent Révélés qu’après lui : Ne raisonnez-vous donc pas ! Vous voilà ayant disputé ceux-ci, sur ce dont vous avez quelque connaissance, pourquoi donc disputez-vous sur ce dont vous n’avez nulle connaissance ? Allah Sait et vous ne savez point. Abraham n’était ni juif ni nazaréen, mais il était un Hanif (pur monothéiste), musulman, et il n’était point du nombre des polythéistes. Certes, les Hommes les plus dignes d’Abraham sont : ceux qui l’ont suivi, et ce Prophète, et ceux qui devinrent croyants. Allah Est le Protecteur des croyants. Un groupe des gens du Livre voudrait bien pouvoir vous fourvoyer, mais ils ne fourvoient que leurs propres personnes et ils ne se rendent pas compte. O gens du Livre, pourquoi mécroyez-vous en les Versets d’Allah alors que vous en êtes témoins ? O gens du Livre, pourquoi confondez-vous le Vrai avec le faux et taisez-vous la Vérité en le sachant ?} al ‘Imrane 65

{J’ai tourné ma face, en pur monothéiste, vers Celui qui Initia les Cieux et la terre, et je ne suis point du nombre des polythéistes ».} al An’âm 79

Est ce qu’il avait en Arabie des gens qui correspondent à ce verset ? Il y avait quelques Hanifs qui vivaient en Arabie dont certains se sont convertis au christianisme comme Waraqa croyant trouver la réponse à leur interrogation et d’autres perdus dans le désert et les montagnes d’Arabie en attente de la nouvelle prophétie mais ils avaient peu d’influence sur la vie religieuse et sociale de la Mecque. Un cas typique de ces Hanifs est Abou Dherr al Ghifari. Il rapporte que bien avant l’avènement de l’islam il avait abandonné l’idolâtrie le jour où il avait pris en flagrant délit deux fennecs en train de pisser sur l’idole mise dans sa tente :

Une divinité qui laisse deux fennecs lui pisser sur la tête,
Sans se défendre, est un Dieu bien médiocre et bien bête,
Je fais le serment d’abjurer de toutes les idoles
Et je n’adorerai qu’Allah, l’Unique, le Grand, que rien n’isole…

Ces Hanifs étaient primitifs sans secte, sans dogme, sans temple, sans manifestations spirituelles visibles, socialement et reconnues en cette qualité. Il était difficile de distinguer le Hanif réel du Hanif formel qui associe à Dieu une idole. On ne peut parler d’un courant qui aurait eu de l’influence sur Mohamed (saws). Mohamed (saws) avait l’excellence sur trois plans : il était monothéiste, vertueux qu’aucun péché de jeunesse ou d’âge adulte n’a taché et d’un comportement social exemplaire. A la Mecque il n’y avait pas de Hanifs mais des polythéistes avec des réminiscences de Hanifs comme dans les peuplades primitives qui reconnaissent l’existence d’un Créateur et cherchent l’intermédiation cultuelle et spirituelle dans le recours aux fétiches et totems.

L’effort mystique des quelques Hanifs arabes ne tendait ni vers la morale chrétienne ni vers la légalité mosaïque mais vers quelque chose de purement individuel de tradition purement arabe sans aucun lien avec la tradition judéo-chrétienne. Ces hanifs n’ont laissé aucune trace de liturgie religieuse ni de rite. L’esprit du bédouin arabe en errance sans lien avec aucune civilisation ni byzantine ni perse exprimait l’attente d’un nouveau prophète devenu necessité historique vu la deliquescence morale et sociale du monde dans sa globalité. Malek Bennabi, étudiant les données historiques, pose la question de l’attente du Prophète et de la Hanifiya en Arabie sur le plan de la manifestation de la mémoire collective, de l’élaboration du subconcient ou de l’emergence d’une intuition face aux grands événements qui boulversent l’existence humaine ?

Malek Bennabi, dans son étude historique, psychologique et phénoménologique  va arriver à la conclusion que le Wahy (la Révélation coranique) ne relevait ni du pensé ni du pensable qui pouvait laisser supposer une méditation antérieure ou une inspiration par le recours à d’autre source. Le Wahy relève de la connaissance spontannée et absolue versée dans le coeur et l’esprit de Mohamed transcendant sa volonté qui devient vecteur de transmission fidèle, sincère et infatigable de la Parole divine. Le Wahy n’est pas intuition qui emerge de l’intérieur mais certitude qui vient de l’extérieur habiter l’intérieur sans intermédiation pédagogique d’apprentissage :

{Tu n’espérais nullement que le Livre te serait révélé. Ceci n’a été que par une miséricorde de ton Seigneur. Ne sois donc jamais un soutien pour les infidèles; et que ceux-ci ne te détournent point des versets d’Allah une fois qu’on les a fait descendre vers toi. Appelle les gens vers ton Seigneur et ne sois point du nombre des Associateurs.} Al Qasas

{Et avant cela, tu ne récitais aucun livre et tu n’en écrivais aucun de ta main droite. Sinon, ceux qui nient la vérité auraient eu des doutes. Il consiste plutôt en des versets évidents, (préservés) dans les poitrines de ceux à qui le savoir a été donné. } al Qasas 48

Quel est dans le Qur’àn  le rapport entre Hanif et Muslim (Musulman) ? Il ne faut pas perdre de vue que l’évocation du mot Hanif appelle deux notions qui fondent le monothéisme, la négation innée ou raisonnée de l’idolâtrie et la quête affirmative et confirmative de Dieu que nous pouvons résumer dans le premier pilier de l’islam la Chahada ou l’attestation de foi : « Il n’y a point de divinité sauf Allah ». Le mot islam est la traduction du sens de Hanif dans tous les rapports de la vie comme le souligne Abraham (as) et Mohamed (saws) dans cet énoncé sublime qu’aucune religion ne peut formuler si le principe du monothéisme lui échappe :

 {Dis : « Mon Seigneur m’A Guidé vers un chemin de rectitude, une religion intègre, la confession d’Abraham, pur monothéiste. Il n’était point du nombre des polythéistes ». Dis :

« Certes, ma prière, mes dévotions, ma vie et ma mort sont pour Allah, Seigneur des Univers, Il n’A point d’associé. C’est ce qui m’a été commandé et je suis le premier des Musulmans ». Dis : « Aspirerai-je à un autre Seigneur qu’Allah, alors qu’Il Est le Seigneur de toute chose ?} al An’àm 106

Le mot islam est la traduction du sens de Hanif dans le sens aussi où le terme islam signifie s’en remettre totalement à Allah en tout lieu, tout moment et toute circonstances.  Quand le Qur’àn dit que Abraham était musulman et qu’il nous a appelé musulmans le sens est triple. Le premier est la confirmation de la déviation des Chrétiens et des Juifs de l’esprit monothéiste d’Abraham. Le second est la symbiose entre l’esprit de Mohamed et de tous les Prophètes descendants d’Abraham (as) et leur accord sur les mêmes principes de foi qui sont l’essence de l’Islam depuis Adam (as) : l’Unicité d’Allah dans l’unicité de Son Etre, l’unicité de Ses Attributs, l’unicité de Sa Divinité, l’unicité de Sa Souveraineté, l’unicité  de son Adoration, l’unicité de la fratrie de foi….

Ni les chrétiens ni les Juifs ne sont considérés comme Hanifs car ils ne sont pas monothéistes au sens coranique car ils nuisent par le dogme et le culte à la notion de l’Unicité. Le meilleur terme pour eux c’est la monolâtrie : ils croient en un Dieu : le leur qui n’est pas celui des autres. Le Coran les met en demeure de prouver leurs fabulations. Comme ils sont en quête d’astuce, ils croient avoir trouvé la formule en faisant des Chrétiens des Hanifs que Mohamed (saws) est censé suivre en réalisant des contre sens dans la traduction. Dans la course aux mensonges, ils vont jusqu’à chercher les contradictions dans le Qur’àn que leur rationalisme a trouvé et que notre fanatisme est incapable de déceler. Ils citent par exemple ces deux versets :

{Dis aux négateurs : «Je n’ai reçu pour ordre que d’adorer le Seigneur de cette cité qu’Il a Lui-même sanctifiée , car tout Lui appartient. Et il m’a été recommandé d’être du nombre des musulmans} an Naml 91

{Et Il m’a été ordonné d’être le premier des musulmans.} Az zomr 12

L’explication du  verset:

{Dis aux négateurs : «Je n’ai reçu pour ordre que d’adorer le Seigneur de cette cité qu’Il a Lui-même sanctifiée, car tout Lui appartient. Et il m’a été recommandé d’être du nombre des musulmans} an Naml 91

Ici c’est le discours et l’attitude que doit tenir Mohamed (saws) pour les habitants de la Mecque : ils ont l’honneur et le privilège de naitre et de vivre dans un lieu saint et de descendre d’une lignée bénie celle d’Ismaël : il leur faut s’inscrire dans le continuum spirituel : le monothéisme abrahamique au lieu de se dégrader en idolâtres et en complexés devant les gens des Ecritures.

Mohamed est le modèle par excellence à suivre. Ce verset précise aux négateurs présents à la Mecque et aux négateurs à  venir que Mohamed (saws) n’est pas « inventeur » d’une religion mais pratiquant du monothéisme pur : l’islam. Il appartient intégralement à la famille des musulmans, des monothéistes depuis qu’Allah a crée l’univers.

L’autre verset :

{Et Il m’a été ordonné d’être le premier des musulmans.} az Zomr 12

C’est qu’il n’y avait plus de monothéistes ni chez les chrétiens ni chez les juifs ni chez les arabes ni ailleurs. Mohamed (saws) est non seulement le guide et le modèle de la communauté musulmane mais le premier. Il y a à la fois une réinitialisation de l’histoire de l’humanité et l’annonce de la fin du monde car  Mohamed (saws) est le sceau de la prophétie. Il y a un avant et un après Mohamed (saws) dans le sens où avant lui il n’y avait plus de communauté musulmane et après lui il restera toujours une communauté musulmane dont il est l’initiateur. Moise (as) et Jésus (as) s’inscrivaient dans une dimension régionale et temporelle limitée alors que Mohamed (saws) est dans l’universalité :

{Et Nous ne t’avons envoyé qu’en miséricorde pour l’univers.} al Anbiya 107

Il n’y a donc aucune contradiction entre les deux versets. Dans le premier verset il s’agit de l’inscription de Mohamed (saws) dans la lignée des prophètes par la volonté divine et non par exercice intellectuel ou spirituel de Mohamed (saws) et dans le second dans la réinitialisation de la communauté monothéiste qui dispose d’un Prophète ultime, d’un Livre ultime et d’une Religion parachevée.

Douter un instant en donnant crédit aux allégations des chrétiens qui veulent que « Je suis parmi les musulmans » cela voudrait dire qu’il était parmi ces chrétiens est presque du Kofr car cela signifie qu’Allah (swt) ne sait pas distinguer les uns des autres d’une part et qu’il restaure l’Islam alors que le christianisme est monothéiste contre toute sagesse d’autre part  sans oublier que par cette façon Allah (swt) serait injuste puisqu’il pratique l’arbitraire contre de bons chrétiens en les dépossédant de leur religion qui est la sienne (?). C’est logiquement absurde.

Tout l’artifice des chrétiens est de semer le doute. Tout le drame des musulmans est de tomber dans le piège en donnant de l’importance à ce qui n’est même pas de la spéculation philosophique ou de l’interprétation historique mais de la conjecture, de la haine, de la diversion.

 

La lutte idéologique à travers l’histoire

Aucune nation ni aucun peuple ne peuvent vivre privés de leur mémoire collective et de leur histoire. Porter atteinte à la mémoire et à l’histoire c’est mettre en péril la vitalité voire l’existence d’une communauté humaine qui perd ses repères et ses valeurs. Attaquer, dénaturer ou mystifier les symboles, les hommes et les faits historiques a un effet pervers sur l’équilibre social et l’appartenance identitaire. Ces vérités sont plus aigües pour le monde mususlam dont l’emergence historique est devenu confondue avec l’avènement de l’islam et sa civilisation. Tout coup porté à l’islam, à l’histoire ou à la civilisation islamique est un coup porté à l’avenir du peuple musulman dans ses frontières historiques ou dans l’expression des minorités musulmanes en Occident. Majorité ou minorité, le peuple musulman ne peut dissocier cette particularité islamique car l’islam, l’histoire musulmane et la civilisation islamique sont le reflet d’un seul et même phénomène : le phénomène coranique qui est la rencontre de la Révélation (le Qur’àn) avec l’homme dans le temps et l’histoire de sa dynamique spirituelle, sociale, politique et économique avant le phénomène colonial.

L’islam n’a pas vocation de rester une statique dans le coeur mais une dynamique dans le corps social et le mouvement historique. L’histoire musulmane est le déroulement des expériences musulmanes pour appliquer l’islam ou réagir avec l’islam et pour l’islam dans la confrontation des musulmans avec le monde non musulman. Ces expériences ont été plus ou moins réussies selon la force et la durée de l’élan qu’a joué l’islam dans la vie des peuples. Quand l’islam a été occulté ou mal compris, les gouvernants et gouvernés du monde musulman ont provoqué l’effondrement de la civilisation musulmane. Quand la société portait l’islam, en dépit de la bonne et mauvaise gouvernance qui s’alternaient elle a construit une civilisation que même les despotes musulmans ont défendu par orgueil.

A partir de cette vérité, on comprend les mobiles qui ont poussé les détracteurs de l’islam à mener de front la guerre idéologique contre l’islam et contre la civilisation musulmane en cherchant les failles dans l’histoire des peuples musulmans  ou en cherchant à affaiblir la langue du Qur’àn, ou en s’attaquant à la personne du Prophète ou à dénaturer le sens des versets du Qur’àn. Il suffit juste de proposer au monde une vision despotique d’un gouvernant musulman pour tenter de discréditer l’islam. On ne peut sans être historien tolérer l’idée que l’islam ne se résume qu’ à el Hajaj comme on ne peut tolérer l’idée de présenter l’empire Ottoman comme la colonisation française. On doit pouvoir étudier l’histoire du monde musulman sans passion mais aussi sans amalgame ni falsification.

Le Da’iy, celui qui invite à la parole de Dieu, se trouve par les exigences de la lutte idéologique mis dans la situation défensive et inopérante : répondre aux attaques des négateurs au lieu de diffuser le mesage islamique. Hélas, la vérité est amère : celui qui défend est moins armé que celui qui attaque du point de vue organisation, moyens financiers, plateau d’édition et de médiatisation sans compter le laxisme de la communauté musulmane par insouciance des fois et par nécessité sociale souvent car elle est confrontée à la misère, à l’analphabétisation, à l’exclusion…

Nos élites participent à cette dispersion des énergies et des moyens dans la lutte idéologique livrée contre l’idée de l’islam et ses valeurs en se focalisant sur le particularisme local spatial et temporel ou contre un courant de l’islam au lieu de se hisser à l’universalité de l’islam et à la construction d’un front unifié de résistance idéologique contre la détraction mais aussi contre l’oppression nationale et l’impérialisme mondial.

Il est vrai que les appelants à Allah se trouvent amoindris par cette dualité qui a été introduit dans l’esprit du musulman : musulam et islamiste, islam et islamisme. Mais il est surtout vrai aussi que nous ne faisons pas d’effort pour montrer que le Qur’àn et la Sunna sont valides et solutions crédibles. La faute n’incomba pas à l’islam mais à la logique d’action des élites qui montre sa déficience à traduire l’islam en solutions sociales, politiques et idéologiques. Nos savants ont versé dans l’exagération du rite par rapport au phénomène de la civilisation et dans l’apologie de l’histoire sans donner à l’histoire et aux historiens  une compétence pour expliquer les mobiles de l’expansion de l’islam et les traductions de ses concepts en faits sociaux et historiques exceptionnels par leur efficacité et leur rayonnement.  Je n’irais pas jusqu’à dire que nos savants, pas tous mais la majorité, ont contribué par la culture de la rente à vivre dans un microcosme loin du peuple et à présenter les textes religieux comme inaccessibles…alors que l’énoncé coranique ne prète à aucune équivoque :

{Nous l’avons rendu (le Coran) facile (à comprendre) en ta langue, afin que tu annonces par lui la bonne nouvelle aux gens pieux, et que, tu avertisses un peuple irréductible.} Meriem 97

La plus grande erreur idéologique qui facilite la manipulation est de présenter le Qu’an difficile d’accès donc inapplicable. Si on lit le Qur’àn et l’histoire musulmane c’est le contraire qui se dégage : le Qur’àn et l’islam sont les instruments de l’émancipation de l’homme de l’ignorance, de l’égarement et de la regression s’ils sont rendus appropriés par la majorité du peuple qui les comprend et les met en application :

{C’est Lui qui a envoyé à des gens sans Livre (les Arabes) un Messager des leurs qui leur récite Ses versets, les purifie et leur enseigne le Livre et la Sagesse, bien qu’ils étaient auparavant dans un égarement évident, ainsi qu’à d’autres parmi ceux qui ne les ont pas encore rejoints. C’est Lui le Puissant, le Sage. Telle est la grâce d’Allah qu’Il donne à qui Il veut. Et Allah est le Détenteur de l’énorme grâce.} al Joumou’a 2

 

La crainte de Dieu ou la peur des mécréants et des pervers

Nous vivons dans un monde de raccourcis et de clics qui favorisent la rumeur et la propagation du vrai et du faux. En principe nous  devrions nous consacrer à quelque chose de plus important : fédérer et émanciper notre communauté au lieu de rester sur la défensive cherchant à répondre aux caricatures et autres atteintes contre l’islam. La loi coranique est infaillible, la faillite est dans notre éloignement de cette loi, éloignement qui nous rend réfractaire à la Parole de Dieu et sensible aux discours des hommes :

{Vous étiez la meilleure Communauté produite pour les Hommes : vous commandez le bon usage, vous interdisez le répréhensible et vous croyez en Allah. Et si les gens du Livre avaient eu foi, cela aurait été meilleur pour eux. Il est parmi eux des croyants, mais la plupart d’entre eux sont les pervertis. Ils ne pourront vous faire du tort : rien que nuisance. Et s’ils vous combattent, ils vous fuiront et ne triompheront point.} Al ‘Imran 110

Quand on oublie la crainte de Dieu alors s’empare de nos cœurs la peur des mécréants et des pervers :

{O vous qui devîntes croyants, rappelez-vous la Grâce d’Allah envers vous, lorsque des gens s’apprêtaient à tendre leurs mains sur vous, et Il Arrêta leurs nuisances loin de vous. Craignez Allah. Et que les croyants se fient à Allah.} Al Maidah 11

Mohamed (saws) a reçu l’ordre de ne pas tomber dans les méfaits de la guerre psychologique que lui livre les détracteurs du Qur’àn et nous devons faire comme lui :

{Et n’obéis ni aux  mécréants ni aux hypocrites; délaisse leur nuisance et fie-toi à Allah. Qu’il suffise d’Allah Procurateur.} Al Ahzab 48

Si nous devons aborder la question de la prétendue influence chrétienne sur la formation religieuse ou spirituelle de Mohamed (saws) et son rôle dans « l’élaboration » du Qur’àn, il faudrait disposer de sources authentiques. Il n’y en a pas. Nous n’assistons qu’à des débordements d’imagination dans le meilleur des cas et d’expression de haine dans le pire des cas. Il y a pourtant un témoignage historique inattaquable et inaltérable qui montre que Mohamed (saws) n’avait ni de projet ni d’ambition ni de préparatifs à être versés dans les Ecritures et encore moins à se préparer à être Prophète :

{Tu n’espérais nullement que le Livre te serait révélé. Ceci n’a été que par une miséricorde de ton Seigneur. Ne sois donc jamais un soutien pour les mécréants.} al Qasas 86

C’est en étant confronté à la vérité du Qur’àn et à la sincérité du Prophète que de nombreux Chrétiens se sont convertis à l’Islam et ont suivi Mohammed :

{Et tu trouveras certes que les plus disposés à aimer les croyants sont ceux qui disent: Nous sommes chrétiens}  al-Maidah 82

Ce verset nous donne obligation de changer de perspective, de comportement et de cadre de réflexion et de travail : il faut davantage présenter l’islam tel qu’il est que de tenter de le défendre contre ses détracteurs. S’il y a une priorité c’est de  protéger son image de ceux qui prétendent le représenter et qui n’ont ni la compétence ni le comportement de le faire. Ce n’est pas un point de vue subjectif mais le témoignage historique fidèle et authentique des chroniqueurs musulmans qui rapportent la conversion du Chrétien ‘Ady Ibn Hathem qui a été frappé par la modestie et la sincérité tant du discours que du comportement de Mohamed (saws) : « Je me dis : un roi ne se comporte pas ainsi ». Les Chrétiens de Najrane par contre attachés à leur dogme trinitaire ont été insensibles aux arguments monothéistes de Mohamed (saws).

Dans le cadre des crispations sociales et du débat sur l’identité, il est peut être plus important d’aller vers ce qui fédère la communauté et tisse du lien social avec les autres communautés que de se laisser piéger à entrer dans des fausses querelles qui ne vont rien changer à 15 siècles d’histoire. En ce qui nous concerne, il s’agit de maintenir l’esprit de justice et d’équité dans nos rapports au monde : ni accepter la vexation contre nous et nos frères et sœurs ni tolérer l’amalgame ou la généralisation en faisant porter à un innocent ce qu’il nous a pas fait subir de son fait. Ainsi les allégations mensongères de Joseph Azzi par exemple ne peuvent être imputées à tous les chrétiens du monde ou à des personnalités impliquées dans la lutte contre l’oppression et le racisme comme les prêtres ouvrier d’Amérique latine ou des figures emblématiques des Eglises d’ Orient comme Hannah ou Sabbagh.

Ce qui peut changer le cours de l’histoire d’un monde allant vers la catastrophe économique, sociale et écologique est sans doute l’esprit mohammadien libéré de la peur de l’autre mais aussi compris par l’autre:

{Dis: « O gens du Livre, venez à une parole normative entre nous et vous: que nous n’adorions qu’Allah, sans rien Lui associer, et que nous ne prenions point les uns les autres pour seigneurs en dehors d’Allah ». Puis, s’ils s’en détournent, dites: « Soyez témoins que nous, nous sommes musulmans (nous nous remettons à Allah) ».} al ‘Imrane 64

Question de bon sens aux Juifs et aux Chrétiens

Si vous étiez sur la vérité et si vous étiez partisans de l’amour pourquoi n’avoir pas libéré les Arabes de l’idolatrie et les conduire vers l’adoration d’un Dieu Un et Unique ? Si vous étiez rationnels et universialistes pourquoi avoir refusé de débattre avec le Prophète ou de le suivre lorsque ses arguments ont triomphé de vos ruses et de votre sournoiserie ? Si vous avez un amour pour l’humanité et le respect pour l’humain pourquoi êtes-vous derrière tous les complots et toutes les guerres qui secouent la planète ?

Jésus (as) sur lequel vous vous disputez, n’a t-il pas ordonné que « charité bien ordonnée commence  par balayer devant sa porte » ?

 

Omar MAZRILibération Opprimés

Rédaction

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