Le journal à sensation As Chourouk rapporte au sujet du congrès des Savants musulmans à Oran : « Les experts et érudits, présents à Oran, ont estimé que la création des instances de cotation bancaires constitue "un véritable challenge que doivent relever les pays musulmans pour se conformer aux exigences du marché financier mondial ».
Tout est dit sans pudeur ni honte ni crainte d’Allah [swt] par nos « honorables» savants qui depuis longtemps ont fait de leurs opinions une nouvelle religion au-dessus de celle révélée par Allah [swt]. Au nom de l’Ijtihad, des intérêts mondains et du pragmatisme, nos Savants ont fait de l’esprit partisan des Frères Musulmans et de leurs aristocraties une nouvelle religion qui ne juge plus selon ce que Allah [swt] a révélé, mais selon le « Fiqh du réalisme» et « nécessité fait loi » allant à rendre licite l’illicite qu’Allah a autorisé qu'en cas de force majeur et pour assurer la survie de l’homme, car la vie humaine est sacrée et le peuplement de la terre par des vivants bien portant est le dessein d’Allah. Allah dit sans équivoque sur la contrainte vitale qui autorise le recours à ses interdits :
إِنَّمَا حَرَّمَ عَلَيْكُمُ ٱلْمَيْتَةَ وَٱلدَّمَ وَلَحْمَ ٱلْخِنزِيرِ وَمَآ أُهِلَّ بِهِ لِغَيْرِ ٱللَّهِ فَمَنِ ٱضْطُرَّ غَيْرَ بَاغٍ وَلاَ عَادٍ فَلاۤ إِثْمَ عَلَيْهِ إِنَّ ٱللَّهَ غَفُورٌ رَّحِيمٌ
{Il vous a seulement prohibé la bête morte, le sang, la viande de porc, et ce qui a été immolé à d’autres qu’Allah. Quiconque y a été contraint, sans être outrageant ni transgressant, ne commet pas de péché. Certes, Allah est Absoluteur, Miséricordieux.} Al Baqarah 173
Il s’agit de sauver sa vie en matière de nourriture et de boisson. Allah [swt] sait qu’il y aura des « intelligents qui vont faire de l’Ijtihad et tourner le dos à son Livre pour faire prévaloir leurs opinions sur le Livre d’Allah et la Sunna du Prophète et c’est pourquoi Il lance un avertissement juste après ce verset évident :
{Certes, ceux qui taisent ce que contient Livre qu’Allah a révélé puis le troquent à vil prix, ceux-là ne mangent dans leurs ventres que le Feu; Allah ne leur parlera point le Jour de la Résurrection, ne les épurera point, et ils auront un douloureux châtiment. Ceux-là sont ceux qui ont troqué le fourvoiement contre la Direction infaillible, et le châtiment contre l’absolution. Qu’ils endurent le Feu, car qu’Allah a révélé le Livre, en Vérité, alors que ceux qui divergent à propos du Livre sont certainement dans un schisme profond.}
Le texte coranique est clair, évident. Il ne demande pas d’être un docteur en théologie, un expert en linguistique pour le comprendre ou un spécialiste de l’abrogeant et de l’abrogé. Il ne s’agit pas de la contrainte en matière de transactions commerciales ni en matière de logement, ni en matière de prêts bancaires, ni en matière de viande animale. Si cela était le cas, Allah et Son Prophète auraient ouvert le champ de la permissivité. Nous constatons, avec notre modeste savoir, que ce champ est restreint au vital. Toute transgression pour élargir ce champ à d’autres domaines est une incompétence à trouver des réponses adéquates par paresse intellectuelle.
Par exemple en matière de crédit immobilier la paresse consiste à promulguer une Fatwa autorisant l’accès à la propriété privée incitant les musulmans à recourir au crédit et aux intérêts alors que la logique socio-économique qu’aurait suivi Omar Ibn Al Khattab est d’inciter les musulmans à s’organiser pour mobiliser leurs idées, leurs compétences, leur argent et leurs bras pour construire des logements accessibles, mettre en place des banques du pauvre, innover des solutions inédites en matière d’organisation, d’ingénierie et de management pour résoudre leur crise en restant dans le cadre du halal sans risque d’outrager Allah [swt] et de transgresser Ses lois. Le pire de ce genre de Fatwas faites pour le motif « louable » de faciliter la vie des musulmans, c’est qu’elles les laissent prisonnier du système en place alors que l’Islam exige la prise d’initiative dans un champ de halal dont les possibilités ne sont pas encore épuisées. Par ailleurs, le recours à ce genre de Fatwas farfelues ne fait que répondre qu’à une minorité qui peut accéder au crédit. La majorité ne bénéficie pas de cette solution boiteuse, car elle ne remplit pas les conditions du crédit.
Au-delà de la facilitation, j’ai du mal à comprendre la logique d’un savant qui se permet non seulement d’approcher les limites d’Allah [swt], mais de les transgresser alors qu’il sait mieux que nous, les « stupides » qui ne pratiquons pas l’Ijtihad, la gravité de la situation pour qui nous avons une déclaration de guerre émanant d’Allah :
{Ceux qui consomment des produits de l’usure ne se lèvent que comme se lève, en se débattant, celui que Satan a possédé. Et cela parce qu’ils ont dit : « La vente n’est que semblable à l’intérêt », alors qu’Allah a rendu licite la vente et a interdit l’intérêt. Celui qui a reçu une exhortation de son Dieu et qui s’abstient, gardera ses gains antérieurs et son cas relèvera d’Allah. Quiconque récidive : Il sera alors de ceux-là, les condamnés au Feu, où ils s’y éterniseront. Allah annihile l’intérêt et fait accroître les aumônes. Allah n’aime point tout mécréant-tenace grand-pécheur.} Al Baqarah 275 à 276
{O vous qui êtes devenus croyants, craignez Allah et laissez ce qui reste de l’intérêt, si jamais vous êtes croyants. Si vous ne le faites pas, attendez-vous alors à une guerre de la part d’Allah et de Son Messager. Si vous vous repentez, vous garderez alors vos capitaux. Ne soyez point injustes et on ne vous fera subir aucune injustice.} Al Baqarah 278 à 279
« Qui consomme le Riba c’est comme s’il a forniqué avec sa mère dans l’enceinte de la Kaaba le jour de ‘Arafa »
J’ai du mal à comprendre comment on peut faire de la surenchère sur la parole d’Allah [swt] et de Son Prophète [sws] et oser, sans crainte de la gravité de leurs menaces, autoriser leur esprit à imaginer des scénarios que le Prophète n’a pas imaginés comme s’il était un inapte sur le plan intellectuel ou comme si la religion lui a échappé alors que le Coran lui a été révélé et qu’il en est l’incarnation parfaite :
وَنَزَّلْنَا عَلَيْكَ ٱلْكِتَابَ تِبْيَاناً لِّكُلِّ شَيْءٍ وَهُدًى وَرَحْمَةً وَبُشْرَىٰ لِلْمُسْلِمِينَ
{Et Nous t’avons révélé le Livre explicitation de toute chose, Direction infaillible, Miséricorde, et bonne nouvelle pour les musulmans.} An Nahl 89
On trouve dans le monde musulman, depuis longtemps déjà, des prétentieux pris par leur chauvinisme à défendre leur opinion et leur Madhab (école, doctrine) pour dire que grâce à tel savant on a enfin résolu le problème que Mohamed [saw] avait occulté. Honte à eux. L’égo démesuré les rend fermés à l’humilité et à la déférence envers le Prophète dont la vie a pris fin une fois que sa mission a été accomplie :
{Aujourd’hui, les négateurs ont perdu tout espoir de vous détourner de votre religion, ne les craignez donc plus et craignez Moi. Désormais, J’ai parachevé pour vous votre religion, J’ai parfait ma Grâce envers vous, et J’ai agréé pour vous l’Islam comme religion.} Al Maidah 3
Ce parachèvement, cette complétude, cette perfection de l’Islam et du Coran sont immédiatement suivis dans le Livre d’Allah par un verset qui vient confirmer que la seule permission d’outrepasser les limites d’Allah est la famine qui met en danger votre vie vie et celle de vos enfants :
{Mais quiconque sera contraint, lors d’une famine, sans se laisser aberrer par péché, Allah alors est sûrement Absoluteur, Miséricordieux.} Al Maidah 3
Le Coran est inimitable, incomparable et d’une perfection que seul un ignorant ne peut pas suivre ? Regardez, mes frères et mes sœurs, comment Il enchaine après le parachèvement de la religion parfaite et la famine :
{Ils t’interrogent sur ce qui leur est licite. Dis : « Vous sont licites les bonnes choses} Al Maida 4
Nous interrogeons nos savants et nos intellectuels comme ont interrogé les compagnons le Prophète [saw] :
Expliquez-nous comment le Riba peut devenir licite et bonne chose? Avez-vous les ravages du Riba et de l’économie capitaliste dans le monde ? Expliquez-nous comment les cotations bancaires et l’immersion dans le système financier capitaliste et ribawi sont des choses licites et halal?
Expliquez-nous ce que nous avons du mal à comprendre : la logique qui pousse un savant musulman à utiliser les ruses et les syllogismes fallacieux que lui dictent son imagination et sa mauvaise connaissance de la réalité sociale, politique et économique. Nous avons du mal à imaginer un savant musulman tomber dans les mêmes travers que les Bani Israël qui trichent avec la parole des Prophètes et qui écrivent des livres contraires à la loi de Dieu et qu’Allah [swt] décrit comme si nous étions leurs contemporains :
Nous vous interrogeons comme le Coran a interrogé les maitres à penser de l’égarement qui étaient contemporains de Mohamed [saw] :
{Dis : « Avez-vous compris ce qu’Allah a fait descendre pour vous comme subsistances, et dont vous déclaré une part illicite et une autre licite ? » Dis : « Est-ce Allah qui vous l’a permis ou bien controuvez-vous contre Allah ? » Qu’en sera-t-il de la conjecture de ceux qui controuvent le mensonge contre Allah, le jour de la Résurrection ?} Younes 59
{Ne dites pas, de ce que vos langues décrivent mensongèrement : « Ceci est licite et ceci est illicite », pour inventer le mensonge contre Allah. Certes, ceux qui controuvent le mensonge contre Allah ne cultiveront point.} An Nahl 116
N’est-ce pas que le Prophète [saw] a fermé la porte aux spécialistes ex cathedra qui pratiquent l’innovation pour plaire aux dirigeants ou à leurs partisans dans les partis politiques ou dans les foules surexcitées. Il a montré la voie sur la conduite à tenir devant des mots, des phénomènes, des comportements et des pratiques nouvelles sur lesquels, en apparence, la religion s’est tue :
« Allah s’est tue sur certaines choses, non par oubli, mais par miséricorde pour vous »
« Le licite est évident, l’illicite est évident, entre les deux il y a le doute (la confusion). Délaissez le douteux (le confus) »
Il a signifié qu’en matière de Halal et de Haram dont la définition est la prérogative exclusive de Dieu et que se chargent de transmettre et d’expliciter les Prophètes il n’y a pas de place à l’Ijtihad innovateur qui touche à la Parole divine :
{Rien ne peut changer Ses paroles} Al An’âm 117
Nous venons de citer deux versets argumentaires dans les sourates « les bestiaux » et « les abeilles » contre l’illusion de l’Ijtihad qui s’illusionne de changer impunément la Parole d’Allah [swt]. Ces deux versets qui abordent, entre autres, les bienfaits d’Allah [swt] et le devoir de se conformer à sa Chari’a qui est juste et valide car elle vise le bonheur des hommes posent le problème de la nécessité vitale (Dharoura) et de la permission à transgresser les lois uniquement en cas de lutte pour la survie :
قُل لاَّ أَجِدُ فِي مَا أُوْحِيَ إِلَيَّ مُحَرَّماً عَلَى طَاعِمٍ يَطْعَمُهُ إِلاَّ أَن يَكُونَ مَيْتَةً أَوْ دَماً مَّسْفُوحاً أَوْ لَحْمَ خِنزِيرٍ فَإِنَّهُ رِجْسٌ أَوْ فِسْقاً أُهِلَّ لِغَيْرِ اللّهِ بِهِ فَمَنِ اضْطُرَّ غَيْرَ بَاغٍ وَلاَ عَادٍ فَإِنَّ رَبَّكَ غَفُورٌ رَّحِيمٌ
{Dis : « Je ne trouve dans ce qui m’a été révélé comme interdit frappant la nourriture mangée par un homme qu’une bête morte, du sang qu’on a fait couler ou de la viande de porc. Ce sont des choses souillées, impies, ou immolées à d’autres divinités et non à Allah. Quiconque y a été contraint, sans être outrageant ni transgressant, ton Dieu alors Est Absoluteur, Miséricordieux. »} Al An’âm 145
فَكُلُواْ مِمَّا رَزَقَكُمُ ٱللَّهُ حَلَـٰلاً طَيِّباً وَٱشْكُرُواْ نِعْمَتَ ٱللَّهِ إِن كُنْتُمْ إِيَّاهُ تَعْبُدُونَ إِنَّمَا حَرَّمَ عَلَيْكُمُ ٱلْمَيْتَةَ وَٱلْدَّمَ وَلَحْمَ ٱلْخَنْزِيرِ وَمَآ أُهِلَّ لِغَيْرِ ٱللَّهِ بِهِ فَمَنِ ٱضْطُرَّ غَيْرَ بَاغٍ وَلاَ عَادٍ فَإِنَّ ٱللَّهَ غَفُورٌ رَّحِيمٌ وَلاَ تَقُولُواْ لِمَا تَصِفُ أَلْسِنَتُكُمُ ٱلْكَذِبَ هَـٰذَا حَلاَلٌ وَهَـٰذَا حَرَامٌ لِّتَفْتَرُواْ عَلَىٰ ٱللَّهِ ٱلْكَذِبَ
{Mangez de ce qu’Allah vous a octroyé de licite, de bon, et soyez reconnaissants envers la Grâce d’Allah, si vraiment vous L’adorez. Il vous a seulement interdit la bête morte, le sang, la viande de porc, et ce qui a été immolé à d’autres qu’Allah. Quiconque a été contraint sans être outrageant ni transgressant, Allah alors Est sûrement Absoluteur, Miséricordieux. Ne dites pas, de ce que vos langues décrivent mensongèrement : « Ceci est licite et ceci est illicite », pour inventer le mensonge contre Allah.} An Nahl 114 à 116
Ces énoncés sur le licite et la contrainte mettent en évidence deux vérités. La première c’est qu’il ne s’agit que du vital et que ce vital se rapporte à la nourriture dans des conditions extrêmes et pour une durée limitée, le temps de sauver sa vie. La seconde-vérité est que s’il doit y avoir un fiqh en matière de survie, il ne doit pas s’appeler « fiqh ad dharoura », mais « fiqh al Idhtirar » pour rester en conformité avec l’énoncé coranique. Il y a une distinction majeure entre la nécessité ou le besoin ou la contrainte qui met en cause l’existence et met en danger la vie comme l’énonce le Coran :
أَمَّن يُجِيبُ ٱلْمُضْطَرَّ إِذَا دَعَاهُ وَيَكْشِفُ ٱلسُّوۤءَ
{Celui qui répond à l’appel de l’indigent, quand il L’invoque, et écarte le mal} An Naml 62
Nous sommes dans les mêmes deux logiques : celle de l’indigence et de la survie, et celle que c’est Allah qui répond en exauçant l’invocation ou en donnant dans le Coran ce qui préserve la vie. Toute intermédiation dans ce domaine relève de la conjecture blâmée par le Coran ou relève d’un mal encore plus sournois et plus profond qui se résume en trois tares qui se conjuguent :
- La première tare est celle du plan depuis Vatican II approuvée par la CIA et le sionisme de créer une sorte de Vatican islamique. Cette formule plait à certains savants imbus de leur suffisance et de leur mégalomanie qui les poussent à régenter le monde musulman et à décréter qui a le droit de vivre ou de mourir. Ceux-là, au lieu de fédérer la communauté musulmane sur un projet de renaissance civilisationnelle et mettre fin à leur schisme sont en train de défendre leur posture partisane et lui donner un habit sur mesure qui veut s’imposer comme madhab (doctrine et école) hégémonique, celui de la Wassatiya. Ils font dire au terme coranique de Wassat ce qui plait à leur projet. Nous y reviendrons un jour si Allah [swt] nous prête longue vie et inspiration.
- La seconde est celle de la quête de légitimité d’un pouvoir qui continue d’instrumentaliser la religion à des fins politiciennes jouant de nouveau avec le feu et la vie des gens. Il ne tire aucune leçon de la tragédie nationale et continue de manipuler les Frères Musulmans après avoir manipulé les confréries soufies de Ghozali à Bouteflika reprenant le schéma colonialiste à leur compte.
- La troisième est celle des oligarchies qui utilisent l’islam comme « survêtement » pour donner légitimité à leur savoir médiocre et à leur fortune amassée dans le marché noir et dans les produits financiers. Ces derniers sont les alliés naturels du capitalisme et des monarchies. La religion n’est pas une vocation de libération de la tyrannie et d’édification nationale, elle est le moyen judicieux pour s'insérer dans le Nouvel Ordre Mondial avec son économie de marché et son Riba.
Les trois tares se conjuguent, car leurs intérêts de manipuler la religion et de mettre le peuple à l’écart de la gestion des ressources nationales se croisent. Tous comme les pétrodollars des monarchies décadentes ont besoin d'un cadre légal juridique et religieux en Algérie pour se donner légitimité et faire de la République une monarchie où le pouvoir s’alterne entre les oligarchies et les rentiers faisant fi de la loi divine qui interdit la circulation de la richesse et l’alternance du pouvoir entre les riches :
مَّآ أَفَآءَ ٱللَّهُ عَلَىٰ رَسُولِهِ مِنْ أَهْلِ ٱلْقُرَىٰ فَلِلَّهِ وَلِلرَّسُولِ وَلِذِي ٱلْقُرْبَىٰ وَٱلْيَتَامَىٰ وَٱلْمَسَاكِينِ وَٱبْنِ ٱلسَّبِيلِ كَيْ لاَ يَكُونَ دُولَةً بَيْنَ ٱلأَغْنِيَآءِ مِنكُمْ وَمَآ آتَاكُمُ ٱلرَّسُولُ فَخُذُوهُ وَمَا نَهَاكُمْ عَنْهُ فَٱنتَهُواْ وَٱتَّقُواْ ٱللَّهَ إِنَّ ٱللَّهَ شَدِيدُ ٱلْعِقَابِ
{L’aubaine qu’Allah a accordée à Son Messager aux détriment des gens de la Mecque, revient à la Cause d’Allah, au Messager, aux proches, aux orphelins, aux miséreux, au passager démuni, afin que cela ne circule (ne s’alterne pas) pas exclusivement parmi les riches d’entre vous – Et ce que le Messager vous a donné, prenez-le, et ce qu’il vous a interdit, abstenez-vous-en, et prenez garde à Allah, car Allah Punit sévèrement – Et elle revient aux Mouhajirines pauvres, qui ont été chassés de leurs demeures et de leurs biens, recherchant une Munificence d’Allah et Son agrément, et font triompher la Cause d’Allah et Son Messager. Ceux-là sont les véridiques. Et elle revient également à ceux qui s’installèrent, avant eux, à Médine et dans la foi, ils aiment ceux qui ont émigré auprès d’eux, et ne trouvent, en leurs cœurs, nulle envie pour ce que les autres ont reçu, les préférant à eux-mêmes, alors qu’ils souffrent de pauvreté. Et quiconque se prémunit contre sa propre avarice, ceux-là alors sont ceux qui cultivent. Et elle revient aussi à ceux qui viennent après eux, qui disent : « Notre Dieu, Absous-nous ainsi que nos frères qui nous ont devancé dans la foi, et ne laisse pas de rancune dans nos cœurs contre ceux qui sont devenus croyants, notre Dieu, Tu es Compatissant, Miséricordieux ».} Al Hachr 7 à 10
Combien est grande la Miséricorde de notre Dieu. Comme ses lois sont justes, équitables et bénéfiques aux musulmans. Comme est honteux et vilain le comportement de ces voyous qui se prétendent intellectuels et savants qui veulent détourner à leur profit exclusif l’aubaine de l’indépendance, du pétrole, du gaz, de l’étendue du territoire, du sacrifice des martyrs, de la position géostratégique.
Ils veulent nous refaire le coup des banques pseudo islamiques qui pratiquent la Mourabaha et la cotation bancaire laissant de côté les investissements productifs et le développement économique et social. Ils ne sont pas intéressés par le partenariat islamique qui crée une société de partage, de solidarité et de conjugaison des compétences manuelles, techniques, intellectuelles et financières que permettent la Moucharakah et la Moudarabah.
La mourabaha est licite même si pour l’instant elle se pratique principalement en tant que bay'â bil qist ou bil ajal – vente à terme et à échéance – Il s'agit en termes modernes du leasing bail avec transfert progressif de la propriété. Ce système en pratique dans le monde capitaliste et connu dans le monde musulman n’est pas à la portée de nos « agents financiers » et de nos agents qui n’ont pas de culture économique ni social, mais une culture de bandits, de spoliateurs, de rentiers. Il leur manque l’esprit entrepreneurial et la culture du partenariat qui leur donnent du poids social et économique pour élever le peuple vers le haut et hisser le pays au rang qui lui est du. Ils sont trop petits pour être à l’image du Prophète qu’ils renient par leur comportement.
Ils veulent nous leurrer en faisant oublier que la logique économique de l'islam dans la moudaraba et la moucharaka n’est pas dans la banque, mais dans l'opérateur économique ou l'agent investisseur. Si on place la banque en amont et si on focalise notre souci sur les banques privées alors nous aurons trahi les versets coraniques et nous aurons désobéi au Prophète : la richesse ne doit pas rester en circulation entre les riches afin que le pouvoir et les richesses ne soient pas entre les mains des oligarchies et que le peuple se trouve en situation de révolte, poussé à verser son sang ou à verser le sang d’autrui poussé par les affamés de pouvoir et de richesse. L’esprit du Coran et de l’économie est d’empêcher à la fois la thésaurisation de la monnaie et la constitution d’oligarchie qui exclut le peuple des ressources nationales. La banque doit rester un intermédiaire public qui garantit l’échange, le dépôt, l’encaissement, le paiement et la défense de la monnaie nationale contre la dévaluation ainsi que la protection de l’économie contre l’inflation. Ce serait encore une fausse piste après celle du socialisme, du libéralisme que de faire croire que la solution miracle est de faire de la banque un agent financier avec l’arrière pensée de financiariser l’économie en l’inondant de produits financiers avec un label halal alors que c’est illicite, anti économique, anti social et anti religieux. La banque n’a pas vocation à être un agent économique, mais un facilitateur de l’activité économique et commerciale. Il faut dynamiser l’économie, l’industrie, l’agriculture et le commerce, dans un esprit de concurrence saine et d’efficacité socio-économique, et la logistique ainsi que les banques se mettent à suivre par la logique de la dynamique selon la loi de « la fonction crée l’organe ».
Faire un congrès sur la finance islamique pour donner crédit aux docteurs en finances et aux docteurs en « tmarbite » et « takloubite » c’est pire que mettre la charrue devant les bœufs. Dans le cas, d’ailleurs invraisemblable, d’une finance islamique, parler aujourd’hui de finances et de banque islamique alors qu'il n'y a ni économie, ni agent économique ni Etat de droit est une plaisanterie de mauvais gout, une préoccupation pour riches oisifs, un plan d’intégration dans le nouvel ordre mondial qui a besoin d’un islam consumériste qui pratique le crédit et les intérêts ainsi que les jeux, le sexe, la drogue et la télé reality.
Ces gouvernants despotes et incultes au lieu de partir de la philosophie de l'islam et de la coopération avec le peuple et les agents économiques nationaux pour créer des coopératives de production et de services ainsi que des mutuelles de crédit sans intérêt et des agences d'investissements publics, ils continuent de recourir à l'étranger pour importer le capitalisme dans sa forme perverse de « produits en main » et de « clé en main » naturelle ou dans sa forme "islamisée " de banques islamiques avec des capitaux saoudiens et qataris pour éviter l’intimidation et le risque de se voir l’objet d’une saisie par les banques étrangères sous le contrôle de la CIA . Nos banques islamiques vont s'occuper de financer l'immobilier et le tourisme avec la tête et les bras des Chinois, des Français, des Américains et d’autres espèces évolués. Nous autres avec nos têtes nous n’avons que les yeux pour admirer ou pour pleurer, avec nos mains que pour bruler de dépit ou caresser d’envie. Quelle honte.
Pour ne pas me prendre pour un vieux fou aigri et la tête remplie de théories et de chimères, je raconte un fait authentique : Il y a plus de 20 ans quand la Banque al Baraka s'est installée en Algérie je lui ai soumis pour le compte de l'entreprise publique que je dirigeais un projet de coopératives dans le cadre de l'emploi des jeunes. Le projet était ambitieux et je l’ai conduit dans le cadre d’une concertation internationale pour trouver des partenaires financiers et des bureaux d’ingénierie spécialisés dans le montage des coopératives. Allah [swt] est témoin et les documents faisant foi sont dans les tiroirs des ministères et des banques algériennes : Les coopérateurs communistes italiens et espagnols ainsi que le numéro un mondial canadien se sont montrés plus qu’intéressés pour y participer sans toucher un mot ou une phrase à mon projet. Allah [swt] est témoin : la Banque islamique Al Baraka n'a pas daigné lire une ligne du projet, car le titre et l’auteur du projet sont suffisamment révélateurs de son contenu en contradiction avec les intentions de cette banque et de toutes les banques islamiques.
Il ne s’agit pas de prendre tout ce qui brille pour de l’or ni ce qui a le qualificatif d’islamique comme relevant de l’Islam. Si l’Islam était réellement en jeu dans les projets de nos gouvernants, de nos savants et de nos intellectuels, ils n’auraient pas consacré leur temps à débattre de la cotation des banques et du " véritable challenge que doivent relever les pays musulmans pour se conformer aux exigences du marché financier mondial ". Il ya tellement de priorités occultées :
– L’effusion du sang des musulmans par d’autres musulmans,
– L’analphabétisme et la précarité,
– La prédation impériale et les visées néocoloniales,
– L’autosuffisance alimentaire absente,
– Le plein emploi absent,
– La gouvernance insensée,
– La Tyrannie et la culture de l’oubli,
– L’occupation des terres musulmanes par les armées étrangères,
– Etc.
N'est-ce pas que le Prophète [saw] a mis fin au monopole des Juifs sur la monnaie, l'industrie et le marché.
N'est-ce pas que Abou Bakr a levé une armée pour imposer de force le droit du pauvre contre ceux qui ne voulaient plus s'acquiter de leur devoir de zakat envers les pauvres et les nécessiteux.
N'est-ce pas que Omar Ibn al Khattab a développé l’État moderne et mis en place des opportunités d'investissements dans la petite entreprise au profit des hommes et des femmes en leur prêtant sans intérêt de l'argent en provenance du Trésor public.
Pourquoi alors chercher en dehors du Prophète [saw] et des Khalifes bien guidés les solutions à nos problèmes ?
N'est-il pas plus opportun, plus pertinent et plus rationnel de faire le bilan sur les cinquantes ans d'existence des banques islamiques et de la décade passée sur les spéculations boursières dans les pays musulmans en termes de développement socio-économique. Qu'ont apporté ces pratiques inconséquentes et douteuses aux indigents et aux investisseurs?
En termes d'investissement, la priorité n'est-elle pas de faire des recommandations conformes à l'Islam pour que, conformément à la Zakàt, les investissements productifs et les investissements sociaux ne soient pas imposables. L'État par la fiscalité peut et doit non seulement favoriser les investissements productifs et prioritaires, réguler le marché, freiner le luxe et le superflu, mais aussi appliquer la justice sociale et le plein emploi?
Avant de conclure il me vient à l’esprit cette sentence de Malek Bennabi où il rend Louange à Allah [swt] qui a fait de notre décadence notre salut, car ainsi nous sommes parvenus à rester encore indigestes pour l’Occident qui ne parvient pas à nous dissoudre dans son moule. Ceci est vrai. La meilleure preuve est dans cette anecdote toute simple, mais significative. La presse francophone qui a fait l’écho du congrès, l’a fait avec des arrières pensées idéologiques. Il s’agit pour les uns, animés par la culture éradicatrice laïciste de présenter le fait islamique et le caractère arabe, alors que pour les autres il s’agit de présenter une ouverture de la pensée rétrograde musulmane vers la modernité et l’économie de marché. La presse arabophone et notamment As Chourouk a montré les désaccords et les attaques virulentes entre les partisans de l’alignement sur l’économie occidentale et les autres qui crient à la trahison des principes de l’Islam accusant les premiers de savants du palais.
Nous sommes dans le dernier carré de résistance qui nous reste et que décrit le Prophète Mohammed [saw] :
« Jamais ma communauté ne se réunit sur un fourvoiement »
La logique coranique et prophétique exige que ni la communauté ni les savants ne doivent diverger sur des sujets graves. Si jamais il y a divergence, ce n’est pas une miséricorde mais une malédiction. Lorsqu’il y a divergence c’est qu’il y une des deux possibilités : un qui a raison et l’autre qui a tort sinon ce sont tous les deux qui ont tort. L’égarement sera toujours contesté même si la contestation est timide et minoritaire. Que faire lorsqu’on est gens du commun face à ces divergences qui témoignent que la communauté et ses élites ne se portent pas bien? Le Prophète [saw] y répond :
« La bonne foi c’est ce qui apporte la tranquillité dans le cœur et l’absence de doute (confusion), la mauvaise foi c’est ce qui cause le trouble dans le cœur et le doute (la confusion). Délaisse ce qui te procure le doute et accroche-toi à ce qui ne te procure pas le doute, et cela même si les gens te donnent des Fatwas.
Ce hadith explique que le musulman doit trancher et se positionner, car le vrai et le faux ne peuvent cohabiter. La responsabilité de notre confusion et de notre situation chaotique est dans deux tares. La première est celle qui fait prévaloir l’opinion du savant et de ses partisans sur les références coraniques et prophétiques que le savant et l’intellectuel doivent transmettre aux gens du commun en leur montrant leur méthodologie d’approche et de raisonnement pour construire leur avis afin que le niveau des gens s’élève leur rendant facile le discernement. Cette démarche aurait permis non seulement de rendre les peuples musulmans responsables de leur destin, mais aurait permis aux savants de se consacrer à des choses plus complexes, car un peuple comprenant sa religion va les soutenir et ne pas les déranger pour des futilités. Par ailleurs cette démarche du savant qui transmet le savoir sans devenir un monopole de la connaissance ou un passage incontournable est la garantie de ne pas devenir comme les Juifs et les Chrétiens avec leur clergé séparé du peuple ou donner crédit au projet de « créer un Vatican de l’Islam pour modifier l’Islam et le rendre assimilable à l’esprit du commerce.»
Le peuple musulman ne peut rencontrer Allah [swt] en lui disant j’ai tué, j’ai mangé du haram, j’ai pratiqué le Riba, j’ai cautionné l’injustice pour le motif qu’un savant ou qu’un groupe de savants par l’Ijam’â a (le consensus) dit je prends à ma charge les conséquences d’une Fatwa. Chacun de nous est tenu d’apporter ses arguments à Allah [swt] sur ses propres actes et ses propres positions. L’Islam est une religion de justice, de responsabilité et de savoir. Il n’y a pas de place à l’insouciance ni à se reposer sur les autres. Chacun ne fait le bien ou le mal qu’à son propre avantage et à son propre désavantage. Même Satan ne sera pas tenu responsable de ce qu’il nous a inspirés comme pensées et comme actes. Il est déjà maudit depuis Adam (as). C’est nous qui sommes en cause dans notre lutte contre Satan : vaincu ou vainqueur.
Le seul cas où le Musulman doit se taire et chercher à fuir c’est lorsqu’il est contraint de prendre position pour un camp contre un autre et que chacune de ses positions l’amène à ce que un ou plusieurs musulmans dans un camp ou dans l’autre soient tués sans droit ni justice. Allah [swt] n’aime pas le désordre.
Sinon que faire ? Nous avons vu que Mohamed [saw] ne nous a pas laissés sans solutions. Le Coran nous a donné en la personne des Prophètes et des gens vertueux un modèle à suivre. Connaissons ces modèles et notre choix n’en sera que plus facile et plus évident. A titre d’illustration, Allah [swt] nous décrit Khidr l’homme vertueux qu’Allah [swt] a destiné pour être le guide d’apprentissage du Ghyab pour Moïse :
فَوَجَدَا عَبْداً مِّنْ عِبَادِنَآ آتَيْنَاهُ رَحْمَةً مِّنْ عِندِنَا وَعَلَّمْنَاهُ مِن لَّدُنَّا عِلْماً
{Ils trouvèrent un Dévoué d’entre Nos Dévoués, à qui Nous avons donné de Notre part une Miséricorde, et Nous lui avons enseigné de chez Nous une Science.} Al Kahf 65
Voici un modèle coranique que nous retrouvons chez David, Salomon, Mohamed et les autres Prophètes [saw] : ce modèle conjugue la science et la miséricorde, et tous les deux viennent d’Allah [swt] et ne viennent pas de la fabrication médiatique ou de la machination politique. Que le musulman fasse du Coran sa grille de lecture des hommes et des phénomènes. Ce n’est pas un doctorat en théologie ou en linguistique dont nous avons besoin le plus, mais de cette âme, de cet esprit et de ce cœur que Mohamed [saw] a cultivés dans ses compagnons qui n’étaient que de simples cultivateurs, de petits bergers, de petits commerçants illuminés par la foi et la vérité. Allah [swt] leur a donné la lumière, le Nour, par lequel ils discernaient. Cherchons cette lumière. Tout être portant cette lumière et parlant par cette lumière est aux yeux de l’Islam un savant même s’il n’a pas de titre universitaire ni d’insigne honorifique sous forme de bonnet sur la tête ou de vêtement sur le corps. Allah [swt] regarde le coeur et Il a décrété que ce qui est utile au gens reste sur terre et que l’écume est condamnée à disparaitre et le Prophète [saw] cherchait la protection d’Allah [swt] contre un savoir inutile et un cœur sans recueillement.
Est-ce que nos parents sont tombés martyrs ou en vécus massacrés dans les camps d’internement et nous, leurs enfants, avons sacrifié notre jeunesse à servir ce pays, pour que des oligarques viennent nous dire, alors que nous sommes en crise d’identité, de légitimité, de développement, que « La nécessité est de créer des instances de cotation des actions bancaires en Algérie »
Est-ce que notre dernier rempart contre le colonialisme et la dépersonnalisation, en l’occurrence l’Islam, va devenir le refuge des renégats qui activent à dépouiller ce qui reste du droit musulman et vassaliser l’Islam et les Musulmans au nouvel ordre mondial inéquitable et injuste ? Allons-nous comme Bani Israël être les adorateurs du veau dès que Moïse a tourné le dos :
{Et quand la colère de Moïse s’est tue, il prit les Tables. Il est dans leur transcription : Direction et Miséricorde pour ceux qui redoutent leur Dieu. Moïse choisit ses gens, soixante-dix hommes, pour Notre temps fixé. Et quand ils furent pris de tremblement, il dit : « Mon Dieu, si Tu l’avais voulu, Tu les aurais fait périr auparavant, et moi aussi ! Nous ferais-Tu périr en raison de ce que les insensés d’entre nous ont fait ? Ce n’est qu’une épreuve de Ta Part, Tu fourvoies par elle qui Tu veux et Tu guides qui Tu Veux. Tu es notre Protecteur, Absous-nous et fais-nous Miséricorde, car Tu es le Meilleur des Absoluteurs, et prescris-nous un Bien en ce monde et dans la vie Future, nous nous sommes guidés vers Toi. » Il dit : « Mon châtiment, J’en frappe qui Je veux, mais Ma Miséricorde embrasse toute chose.} Al A’âraf 154 à 156
Algériens réveillez-vous. Nous n’avons pas le droit de nous laisser déposséder de notre droit et de notre devoir à l'initiative populaire dans l'économie, la politique et le social par ces insensés qui vont vous faire goûter l’enfer dans un pays qu’Allah [swt] a voulu qu’il soit un Paradis. Il ne s’agit ni de sédition, ni de rébellion ni de violence, ni d’esprit partisan ou sectaire, et encore moins de désir de vengeance, mais de ne pas nous laisser embobiner et de désirer ardemment le changement. Notre avenir et celui de nos enfants sont en jeu ainsi que notre salut dans l’autre monde. Faisons preuve de discernement et aspirons à la réforme, celle de chacun de nous, le reste appartient à Allah [swt] :
{Et Nous avons fait hériter les gens, qui étaient opprimés, les levants de la terre et ses ponants, que Nous avions bénis. Et la Bonne Parole de ton Dieu fut réalisée pour la descendance d’Israël à cause de leur persévérance. Et Nous avons détruit ce que faisaient Pharaon et son peuple, et ce qu’ils ont édifié.} Al Aâraf 57
Omar MAZRI – Libération-opprimes.net