Gaid Salah n’avait pas parlé en son nom, mais au nom de l’ANP. Les opportunistes, les agents de l’ombre et les revanchards veulent lui faire dire ce qu’ils ont envie d’entendre et le mettre en conflit avec les chefs des forces terrestres, navales, aériennes, de la défense aérienne du territoire, et de la sécurité de l’armée.
Le pacte de fraternisation « peuple, armée » n’intéresse pas ceux qui ont un compte à régler historique avec l’ALN. Ils n’intéressent pas les opportunistes, les éradicateurs et les profiteurs du système.
Il n’intéresse pas les étrangers (USA, France) qui n’arrivent toujours pas à se mettre d’accord sur les hommes de la nouvelle étape qui leur donneront des privilèges. Ce pacte n’intéresse pas non plus les pays arabes. Il n’intéresse pas le sionisme. Nous avons déjà détaillé ces acteurs, leurs attentes et leur lutte.
Nous avons affirmé et nous continuons de l’affirmer, la bataille qui se livre actuellement est entre d’une part la Présidence avec ses alliés étrangers, ses clans sécuritaires, économiques et administratifs, et d’autre part l’ANP et le peuple algérien.
Dans la phase actuelle, l’ANP est relativement coincée. Elle veut jouer la carte de la légalité, mais elle ne trouve pas de partenaires sociaux et politiques. Elle ne veut pas d’un coup de force militaire, car le pays est fatigué. Les Étrangers tentent d’isoler l’Algérie avec toutes les implications géostratégiques. Un coup de force militaire et voilà toute la planète liguée contre l’ANP et l’Algérie.
Un problème sur lequel nous avions anticipé est celui de Gaïd Salah, il est le maillon faible. Mais l’armée soucieuse de la légalité ne peut le démettre de ses fonctions, ni nommer quelqu’un d’autre à sa place, cela ne relève pas de ses prérogatives. Il faudrait un Président (par intérim) qui puisse le faire. Le Président actuel est privé de ses capacités ou privé de sa liberté (otage). Ce n’est pas l’homme (Bouteflika ou Gaïd) qui nous intéresse, mais le processus qui le porte, qu’il porte ou qu’il fait porter à d’autres. Toutes les forces actives vont tenter de faire plier ou de déjuger celui qui fait office de MDN, c’est par cette voie qu’ils vont essayer de disqualifier l’armée. C’est ainsi qu’il faut comprendre le « vice de forme » et la négation de Bensalah, indépendamment du jugement moral que chacun est libre, ou en droit, de se faire sur son soutien à Bouteflika. Chaque étape a ses priorités, ses outils d’analyses …
J’ai l’intime conviction, sans juger de l’avenir ni prendre position organique avec l’ANP, qu’elle dispose de l’occasion historique pour revenir à sa vocation de nationale et de populaire et renouer les liens symboliques avec l’ALN. C’est une tâche périlleuse, elle exige des hommes exceptionnels. Je ne connais pas la composante humaine de la hiérarchie militaire pour me prononcer définitivement sur ce sujet. Je le souhaite !
L’argent de la rente et les appareils bureaucratiques sont en train de s’organiser en force contre révolutionnaire. Ce peuple à qui on a fait croire que l’Algérie est le plus grand pays du monde, à qui on a fait croire qu’il est le peuple le plus merveilleux de l’existence humaine, demain on lui dira qu’il est nul, inapte à gouverner, anarchiste…
Les acteurs médiatiques et les politiciens ne veulent pas d’une solution et ils brouillent les cartes. Il y a des irresponsables, des revanchards, mais aussi des traitres au sens propre du terme. Dans la réalité politique, ceux là gesticulent et ne pèsent pas en termes de poids électoral. Chacun beugle pour faire diversion et faire reculer la solution.
Le gouvernement « nommé », la « démission » de Bouteflika sont des manières d’occuper la galerie, le temps de trouver un consensus qu’ils ne pourront jamais trouver. Le régime est fini, il veut aller à un pourrissement.
Est-ce que l’ANP est capable de manœuvrer ? Est-ce que le peuple va garder la Salmiya ? Je ne sais pas. Nous sommes dans l’arène de combat. Tous les ingrédients d’un changement de régime sont là ainsi que l’explosion pour le maintenir sous une autre forme « acceptable » tant pour le peuple que pour les capitales occidentales.
Un point positif, c’est que les éradicateurs ne sont plus aussi forts qu’avant. Ils ont perdu toute crédibilité. Les Etrangers se sont trompés de partenaires et ils le savent : 20 ans après ils reviennent à la case de départ sans jamais réaliser leur grand dessein stratégique ; changer de peuple.
Un autre point positif, c’est que les Frères musulmans sont discrédités alors qu’en Tunisie, en Égypte, en Syrie et en Libye ils étaient le fer de lance de l’Empire et de sa révolution par leur opportunisme, leur ignorance de la géostratégie et leur soif de pouvoir. Leur allié principal, l’Amérique est en crise. Leur Calife Erdogan est en difficulté sur le plan international (Syrie) et en Turquie (il perd les élections d’Ankara et d’Istanbul). Qaradhawi a perdu toute crédibilité.
Le véritable problème réside dans la difficulté du peuple algérien de se trouver un leader charismatique. Ce peuple a été nourri au culte de la personnalité et à l’attente de l’homme messianique. Ali Ghediri s’est montré à la hauteur sur le plan analytique, mais son équipe n’est pas parvenue à lui façonner une image de chef. La bataille est dans l’image.
Le gouvernement installé sera faible, illégitime et incompétent même s’il jouit d’une semblant de légalité et de « jeunisme ». Les Énarques algériens, pire que leurs modèles français, ont fait une carrière dans un système de cooptation, sans jamais faire du militantisme politique ou social dans l’université ou le monde du travail, ils n’ont jamais dirigé une entreprise, ils n’ont jamais été élus, ils n’ont jamais commandé des hommes : Ce sont des coquilles vides dans un microcosme. Ils ne peuvent apporter plus que ce qu’ils possèdent : une rente de situation.
La preuve c’est leur connerie de gestion de la crise. Deux exemples :
– Ils ont nommé un nouveau MAE alors que Lamamra était en réunion à Tunis auprès de la ligue des bédouins. C’est une honte qu’ils se sont infligés et montrant qu’ils ne sont pas des Commis de l’Etat, mais des voyous. Ils ont dégommé le ministre de l’Energie alors qu’il était en réunion à l’OPEP. Cette réunion est importante non seulement pour le prix du pétrole qui nourrit les Algériens, mais pour faire face à la décision du Qatar de créer une finance islamique des hydrocarbures. Le mot islamique ne cache pas la réalité géopolitique : Réunir l’argent de la rente internationale et en faire une spéculation, une thésaurisation ou un instrument financier aux mains des banques occidentales qui endettent les peuples et les gouvernements.
Ils ont fini de détruire ce qui reste de façade étatique. L’Algérie n’a aucune représentation légitime, ni sérieuse. Il n’ y a que les experts français qui parlent en notre nom et analysent notre situation et annoncent les grandes décisions…
Chez nous, il faut juste observer les médias et les réseaux sociaux, francophones et arabophones, dès qu’un ancien parle avec sagesse, il est descendu en flèche par les « jeunes » excités à qui on a fait croire que la solution de l’Algérie est dans « dégagez-tous » et place aux « jeunes ».
Tous les équilibres sont donc fragiles et précaires. Nous allons voir vendredi qui prendra en charge les foules et quel sera le contenu des slogans.
Nous voyons des jeunes, abrutis ou manipulés, s’en prendre à ceux qui parlent en Français ou en Arabe littéraire comme si le problème algérien était un affrontement linguistique. Qui a intérêt au règne de l’anarchie ? Qui a intérêt à l’absence de débat et d’organisation responsable ?
Les passions se déchainent progressivement. S’il n’y pas de solution sérieuse et si le peuple ne s’engage pas comme partenaire organisé, alors le risque n’est pas seulement pour les jours à venir, mais pour les années à venir : Les rancunes et les frustrations d’hier peuvent se conjuguer aux crises de demain. Il ne faut pas se leurrer, nous n’avons ni école, ni mosquée, ni économie, ni système financier, ni justice, ni syndicat, ni administration. Les crises sociales, économiques, éducatives vont fatalement se manifester après la fête !
Pour l’instant, on nous fascine avec le spectacle. Le premier est comique, celui des magistrats contre Bouteflika alors qu’ils sont les plus corrompus et les plus incompétents. Le second est tragique sur le plan humain et de la légalité judiciaire : Personne n’a le droit d’interdire à quelqu’un de quitter le territoire ou d’être arrêté et interrogé sans plainte ni enquête menée par un juge. Cela rappelle l’URSS et ne présage rien de bon pour le processus démocratique et l’Etat de droit revendiqué. Il faut mettre derrière chaque terme, un contenu, un concept et une démarche cohérente.
Le colonialisme connait notre mentalité et dispose de ses agents dans tous les secteurs. Contre ses tentacules, la seule arme est la vérité des principes indissociable de la réalité de situation (faits). Lorsque l’idée d’État disparait alors le danger peut survenir de n’importe où, l’arbitraire peut imposer sa règle. La seule force organisée est l’ANP. Ou bien on la laisse seule ou bien on la conteste. La question n’est pas d’ordre affectif, mais rationnel. Ceux qui ne veulent pas d’une situation vont exploiter l’irrationnel de la foule et tout sentiment légitime.
Bien entendu chacun est libre d’exprimer son opinion, mais le plus important est de fonder son avis sur des critères judicieux, des visions lucides et un sens élevé des responsabilités. La liberté s’apprend et se pratique avec ses corollaires : Le jugement et le devoir.
Nous voulons un État de droit qui met fin au système de quotas, de cooptation et de rente. Nous voulons la fin de la cohabitation négociée des six (6) pouvoirs (Présidence, Bureaucratie, Rente, Sécurité et Armée) sous la houlette du pouvoir réel de l’étranger.
Omar MAZRI – ALGERIE RUPTURE