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lundi 25 novembre, 2024

Maître Bouchachi l’expert en syllogisme fallacieux

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Maître Bouchachi dit aux crédules, aux revanchards et à ceux qui ont peur du verdict populaire que la solution à la crise politique actuelle ne peut émaner de la Constitution ?

Après avoir épuisé le « vice de forme » de l’article 102, l’abus d’interprétation de l’article 7 et 8 sur la « souveraineté du peuple », les « intellectomanes » et « intellectunnels » algériens nous servent les syllogismes les plus fallacieux qui devraient être enseigné aux étudiants en sciences politiques et en communication.

Premier syllogisme fallacieux :

« L’une des personnalités préférées des Algériens » pour mener les discussions avec le pouvoir a répété que « la solution à la crise politique actuelle ne peut émaner de la Constitution. La réussite de l’instauration d’une démocratie véritable nécessite le maintien de la mobilisation populaire et la préservation de son caractère pacifique ».

Qui donne légitimité, légalité et compétence ? Par quel critère on devient « la personnalité préférée » ? Qui décide la validité de « l’interlocuteur valide » ?  Avec tous ces qualificatifs, pourquoi ne pas aller au chemin le plus court et le plus efficace : dialoguer avec l’armée au lieu de faire de la narrative par la communication médiatique ? Si le dialogue n’aboutit pas qui va arbitrer politiquement et moralement ? Dans quel cadre se fera l’arbitrage ?

Qui va garantir le caractère populaire et pacifique de la mobilisation populaire ? Depuis quand le terme mobilisation est-il synonyme de démocratie lorsque la langue française et ses élites philosophiques et pédagogiques disent que la mobilisation ne peut être que militaire (mettre les troupes en mouvement vers le champ de bataille) ou partisane (embrigader les partisans) ?

Qui va faire le dosage des représentations « populaires » pour représenter le peuple dans des entités non élues, mais désignées ? Qui a autorité morale (au sens d’Auteur et d’Autoritas) et qui a Compétence (dans le sens de reconnaissance sociale de son aptitude à poser les bonnes questions et à trouver les bonnes réponses) pour désigner les « Sages » et les « Conseils » et exécuter leurs directives ?

Qui donne la garantie que les partis politiques et la société civile, d’accord entre eux pour le départ de tous les cadres, mais divergents entre eux sur le plan social, politique et idéologique ne vont pas se contester et s’affronter ? Je fais le pari qu’une fois le conseil des sages ou des « vicieux » mis en place, le plus machiavélique et le mieux introduit dans le système va placer ses cadres et verrouiller le système à son avantage partisan et idéologique. Les Laïcs francophiles, progressistes et libéraux, « Marocains » et « berbéristes », mieux outillés et mieux relayés vont naturellement noyauter, comme ils savent le faire depuis 1962, les rouages de l’État moribonds et transitoire. Les islamistes, les nationalistes et les arabophones vont fatalement être les dindons de la farce et finiront par ne plus accepter le marché de dupes.

Nous allons bientôt assister à une guerre déclarée entre islamistes et éradicateurs. Les derniers sont en train de s’organiser sérieusement pour une « constituante » laïque, les autres n’auront que le choix de rejoindre l’armée ou faire le jeu des janviéristes. Le commissariat politique de l’armée est entrain de souffler sur les contradictions populaires et idéologiques sans état d’âme. Mais la situation reste fragile et grave, car il ne s’agira pas, une fois de plus, comme en 1991-1992 de projet démocratique, mais de clivage idéologique. Bouteflika s’est appuyé sur les confréries maraboutiques, les fréristes et les laïcs, maintenant les islamistes et les nationalistes vont se trouver orphelins par indigence politique, mais ils ne vont pas lâcher le morceau, car il s’agit d’une lutte d’existence et de survie.

Le pouvoir réel, en instrumentalisant la violence étatique, les déficits de légitimité et les sensibilités religieuses et culturelles, va continuer d’arbitrer à la place des urnes et de la démocratie. Nous connaissons les conséquences de cette absurdité en termes d’effusion de sang, de sous-développement.

Ce sont les faux syllogismes des uns et la crédulité des autres qui ont transformé la Révolution française en jacobinisme sanglant, la Révolution soviétique en bureaucratie capitaliste, la Révolution algérienne en « indépendance confisquée » et en clivage idéologique non résolu à ce jour, chacun se réclamant de novembre 1954 avec des idéaux rendus « incompatibles ».

La contre révolution algérienne est de nouveau en marche vers l’inconnu.

Elle a besoin de syllogisme fallacieux, c’est-à-dire d’apparence scientifique et logique pour semer le doute, casser l’élan, demander l’impossible, aller vers de fausses solutions. Sous un argumentaire bien exposé nous introduisons des biais cognitifs, des amalgames sémantiques, le flou et la confusion. La solution facile devient problématique, la ligne droite devient tortueuse. On parle du peuple, mais on décide à sa place, on parle de démocratie, mais on revendique l’exclusive et l’exclusion, on parle d’unité nationale, mais on revendique le fédéralisme, on refuse le système, mais on l’a servi pour lui donner légitimité :

 « Garder l’attention du public distraite, loin des véritables problèmes sociaux, captivée par des sujets sans importance réelle. Garder le public occupé, occupé, occupé, sans aucun temps pour penser ; de retour à la ferme avec les autres animaux. » (“Armes silencieuses pour guerres tranquilles » de William Milton Cooper)

L’arme fatale du syllogime fallacieux c’est faire appel à l’émotionnel pour court-circuiter l’analyse rationnelle, et donc le sens critique des individus. De plus, l’utilisation du registre émotionnel permet d’ouvrir la porte d’accès à l’inconscient pour y implanter des idées, des désirs, des peurs, des pulsions, ou des comportements…

« Si on s’adresse à une personne comme si elle était âgée de 12 ans, alors, en raison de la suggestibilité, elle aura, avec une certaine probabilité, une réponse ou une réaction aussi dénuée de sens critique que celles d’une personne de 12 ans. » ( « Armes silencieuses pour guerres tranquilles » William Milton Cooper)

L’expert en syllogisme fallacieux et les relais médiatiques nous disent tout simplement :

« … la solution passe par l’instauration d’une période de transition, basée sur certains mécanismes (flou sur flou ???) qui vont, garantir le changement du système et le passage à une démocratie véritable ».

Parmi ces mécanismes, il y a la mise en place d’une « présidence collégiale avec des personnalités crédibles et intègres qui n’ont pas composé avec le système ni impliquées dans des affaires de corruption ». Cette présidence collégiale mettra en place le cadre juridique pour aller vers une véritable élection, créer une commission pour encadrer l’élection et amender la loi électorale.

Elle procédera ensuite à la désignation d’un chef du gouvernement sur la base de consultations avec la classe politique et les représentants de la société civile.

Je lui dis ce que j’ai dit en 2011 sur la situation égyptienne :

« La faiblesse de la « révolution égyptienne » réside dans l’absence de cadre d’orientation idéologique et de l’absence de l’émergence d’une direction politique qui fixe les objectifs, les rythmes et l’imposition de l’initiative historique à un système qui devait être totalement démantelé dans ses appareils, sa culture d’état, son fonctionnement bureaucratique, clientéliste et rentier et sa stratégie répressive contre un peuple paupérisé. Les appareils d’opposition traditionnels noyautés par le système Moubarak deviennent davantage un boulet pour la « révolution » qu’un allié stratégique ou tactique…

Les Frères Musulmans ont fait capoter la révolution en la confisquant au lieu d’en être partie prenante. Ils ont introduit le biais partisan et ont fait peser l’appareil de la confrérie sur une révolution sans appareil, sans direction, sans organisation, sans programme autre que le départ du président ou la chute du régime personnalisé en des hommes et non en des processus pervertis de gestion des appareils d’État.

L’absence de vision géopolitique, le jeu d’arrangement des appareils, le curseur d’analyse sociopolitique mis sur de faux clivages idéologiques, l’enfermement dans des slogans hors de toute ingénierie de sortie de crise, l’infantilisme et l’inculture politique qui conduisent des tactiques politiciennes inconséquentes, la rupture avec les classes populaires ont non seulement permis de stopper la révolution égyptienne, mais de boucher les horizons de Gaza, livrée à elle-même face à la barbarie sioniste. »

Je dis et je redis sans peur d’être blâmé :

L’expérience de la direction collégiale a été essayée pour Air Algérie sans succès, elle a été essayée après la fin du processus électoral pour l’Algérie sans succès, le seul mérite c’est le gaspillage du temps et l’échec perpétuel faute de paix perpétuelle. Emmanuel Kant, le grand philosophe allemand, nous a expliqué les fondements de la démocratie, de la république et leurs différences, mais nos intellectuels sont atteints de psittacisme, des perroquets qui répètent sans cesse la leçon du maitre.

Les titres de maitre, d’expert, et d’excellence ne m’impressionne pas, il s’agit de mon pays d’abord et de ce que Pascal appelle l’esprit de finesse et l’esprit de justesse. Dans les faux syllogismes de nos intellectuels on ne trouve même pas l’esprit de géométrie bornée, mais l’entêtement le plus cynique et le plus insensé.

وَمِنَ النَّاسِ مَن يُعْجِبُكَ قَوْلُهُ فِي الْحَيَاةِ الدُّنْيَا وَيُشْهِدُ اللَّهَ عَلَىٰ مَا فِي قَلْبِهِ وَهُوَ أَلَدُّ الْخِصَامِ (204) وَإِذَا تَوَلَّىٰ سَعَىٰ فِي الْأَرْضِ لِيُفْسِدَ فِيهَا وَيُهْلِكَ الْحَرْثَ وَالنَّسْلَ ۗ وَاللَّهُ لَا يُحِبُّ الْفَسَادَ  وَإِذَا قِيلَ لَهُ اتَّقِ اللَّهَ أَخَذَتْهُ الْعِزَّةُ بِالْإِثْمِ

{Parmi les hommes, il y a celui dont le discours te plait lorsqu’il parle de la vie de ce monde. Il prend Dieu à témoin de ce que contient son cœur ; mais c’est le plus acharné des querelleurs. Dès qu’il tourne le dos, il s’en va par la terre pour y semer la corruption et détruire les récoltes et le bétail ; mais Dieu n’aime pas la corruption. Lorsqu’on lui dit :  » Prends garde à Dieu ! « , la superbe s’empare de lui et le pousse au péché.} [2:204]

Quel pire péché que de parler de Constituante ou de Constitution dans les conditions actuelles ou dans le cadre d’une transition car il s’agit d’un projet de fissuration du tissu national. Par ailleurs la Constitution n’est pas, jusqu’à preuve du contraire, une des revendications populaires.

Le syllogisme final, prix Nobel de la logique politique, nous dit :

Cette présidence collégiale …  procédera ensuite à la désignation d’un chef du gouvernement sur la base de consultations avec la classe politique et les représentants de la société civile.

Parfait ! Le peuple demande le départ de tous ceux qui ont servi le régime. Notre expert n’était-il pas été un ex député ? Pourquoi lui, ne serait-il pas concerné par le « dégagez-tous » ? Les partis politiques et la société civile ne veulent pas aller aux élections, pourquoi devront-elles y aller dans deux ans, pourquoi pas 10 ans, pourquoi pas trois mois ? Pourquoi ne pas changer de peuple ? Pourquoi ne pas aller vers un État d’exception et laisser les militaires gouverner ?

On pousse l’ANP à être hors de la Constitution. Nous sommes une exception à la règle mondiale ? Partout où il y a un coup d’état militaire, dans le monde, on demande aux militaires de revenir à la constitution et de céder le pouvoir aux civils par l’organisation des élections. Mais chez nous tout le monde refuse d’aller aux élections y compris les médias « Français ».  C’est bizarre, intrigant. Soit j’ai raté quelque chose dans ma lecture sur l’Algérie, soit il y a une collusion d’intérêt et un artifice médiatique qui met les gens en euphorie. Le FLN est KO, l’ANP devrait-elle subir le même sort ? Mais en appliquant les règles de logique, je constate que nos intellectuels, nos médias et nos politiciens sont dans ce qu’on appelle l’argument circulaire ou la spirale des surenchères qui est la manifestation la plus perverse du syllogisme fallacieux. Au lieu de servir le peuple en faisant de la pédagogie, on surenchérit sur ses revendications ou on applique la stratégie du serpent qui se mord la queue : la prémisse est la conclusion et inversement.

Il me semble que dans cette confusion, la classe politique, médiatique et intellectuelle, en faillite ne veut pas de Ali Ghediri : il doit représenter une menace réelle sur le système et ses alliés. Il veut une véritable réconciliation nationale et une authentique émancipation de la France, du moins dans son discours.

Il me semble aussi qu’il y a des enjeux sur le pétrole et le gaz de schiste, les Américains veulent nous fourguer leur matériel obsolète alors que les Français veulent avoir le monopole de l’exploration et de l’exploitation. Des élections avec un président fort, une assemblée nationale souveraine et une armée légaliste ne font pas bon ménage avec le monde de la finance et des affaires internationales.

Si nous les combinons avec la « fabrique de l’opinion » par les réseaux sociaux aux mains de l’argent sale et des services (algériens et étrangers) pour imposer une solution au nom du peuple (la véritable contre révolution) alors on comprend que ça devient compliqué pour Gaid Salah et l’ANP.

A court terme c’est compliqué, mais à long terme la crise est salutaire. En effet, si le peuple algérien se laisse conduire vers une solution contre ses intérêts, il devra méditer sur son malheureux sort et dans 20 ou 30 ans se montrer enfin plus mature. Nous sommes, sur le plan de la visibilité des forces réelles, en train de voir les acteurs sortir de l’ombre et livrer sa bataille de survie. Celui qui sort victorieux de l’épreuve va imposer ses règles. Le peuple « imaginé » sera toujours formellement « souverain ».

J’espère que l’ANP fasse une concession en demandant la nomination d’un nouveau gouvernement et de nouveaux walis avec en plus de nouvelles têtes justiciables y compris parmi les conseillers de la présidence. Cela va clarifier les positions, resituer le clivage idéologique et le redéfinir le rapport des forces. Si la solution tarde à venir, la crise sociale et économique va fatalement noyer la crise politique et institutionnelle. Elle sera ingérable car il n’y aura plus d’interlocuteurs valides. Certaines forces politiques et sociales veulent cette issue, car elle préserve leurs intérêts et leur évite une lutte réelle contre la corruption et la trahison. Elle évite le verdict des urnes

Il y a un autre aspect positif : Le pouvoir réel en Algérie va finir par se manifester et on connaitra sa nature réelle. Jusqu’à présent, on a eu un fonctionnement de maffia avec un président coopté pour jouer le rôle de parrain en arbitrant le partage des zones d’influences et de la rente. L’ANP et le FLN ont joué un rôle d’accessoire du pouvoir, le véritable pouvoir est civil. Ce pouvoir joue sur notre incompétence et notre narcissisme ainsi que sur nos clivages.

C’est difficile d’expliquer ceci à des jeunes en euphorie ou a des gens qui ont du mal à penser avec des hypothèses et des arbres de cheminement logique. Le génie algérien c’est la culture du paradoxe. Tout le monde veut imputer le pouvoir à l’armée, les uns par revanche, les autres par facilité. Il leur faut un ennemi identifiable et un bouc émissaire. Réfléchir est un exercice difficile. La majorité des intellectuels algériens ont eu leur diplôme dans l’aisance et n’ont cherché que la reconnaissance sociale. Les intellectuels étrangers sont habitués à des schémas classiques de logiques et de règles propres à leur civilisation, devant le paradoxe algérien ou la confusion arabe, ils prennent conseil auprès des intellectuels arabes et algériens. Cela finit par devenir réellement un jeu de miroirs diaboliques : chacun se voit à travers le regard prismatique de l’autre jusqu’à perdre la perspective et le sens des réalités de sa propre existence.

Celui qui détient la solution est un menteur, celui qui peut imaginer ce qui va se passer dans les jours ou les semaines à venir est un ignorant. Le chemin vers la vérité (indissociable de la réalité) est parsemé de doutes qu’il faut lever par des hypothèses, du questionnement et la confrontation aux données historiques, idéologiques et sociales les plus stables c’est-à-dire celles qui relèvent de notre propre expérience de vie si notre propre vie est parvenue à se libérer du sensationnel, du fascinant, du sidérant, des sectarismes et des partisanismes. Sinon on devient soi-même un autre expert des faux syllogismes.

L’expérience a montré que tous les « ismes » idéologiques et religieux se retrouvent dans l’art de la manipulation et du dévoiement de la vérité. Ils savent pratiquer la mauvaise foi comme un art, une science et une technologie avec une palette d’instruments et d’outils pour hypnotiser et leurrer. Il est difficile d’invalider un faux syllogisme, car cela nous met dans la posture de « privilégié du système », mais c’est un devoir de le faire puis laisser chacun tirer ses conclusions et prendre position. Chacun, ici-bas et dans l’au-delà, est responsable de ses choix et devrait répondre de ses hypothèses de travail et de son raisonnement face à ce qui semble mensonge, car il n’est pas toujours évident de se prononcer sur le paralogisme d’un argument (la bonne foi) et le faux syllogisme (la volonté de tromper) d’un partisan qui cherche à mobiliser. Nous souffrons tous du piège de la raison par le narcissisme de notre ego, par le biais de notre pensée ou par le déficit d’information.

Contre le formalisme déclaratif adopté par les foules fascinées et mis en œuvre par les partisans, il faut oser faire confiance à notre intuition personnelle et laisser la mystique de l’Histoire s’imposer comme méta changement qui transcende nos volontés et nos désirs. L’Histoire de l’humanité fonctionne sur la base de la règle du plus utile aux hommes et non au plus bavard ou au plus médiatisé.

Omar MAZRIALGERIE RUPTURE

Rédaction

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